Killing, un film pour les amateurs du genre

Killing
de Shinya Tsukamoto
Drame
Avec Shinya Tsukamoto, Yû Aoi, Sosuke Ikematsu
Sorti le 11 avril 2019

Un film brouillon qui tombe dans l’exagération et retourne l’estomac en cherchant à montrer le pire de l’être humain, pour un public restreint d’amateurs.

Au milieu du XIXe siècle, un rônin, ou samouraï sans maitre, s’entraîne tous les jours dans un petit village avec un jeune paysan, sous le regard attentif de la sœur de ce dernier, afin de préserver ses talents de guerrier. Un jour, on lui propose de rejoindre un groupe de mercenaires pour accomplir une mission dans la capitale, mais son départ est sans cesse retardé par un imprévu…

Killing, du Japonais Shinya Tsukamoto, a été présenté en Compétition à la Mostra de Venise en septembre dernier. Ce dernier est notamment connu pour avoir réalisé Tetsuo : The Iron Man et Fires On The Plain. Il n’est autre que le chef de file du mouvement cyberpunk japonais, un auteur culte donc, auprès des amateurs de films de genre. Killing est un film de samouraïs qui sort du cadre ordinaire, écrit, produit et réalisé par Tsukamoto et dans lequel il prend aussi la casquette d’acteur.

Ce long-métrage n’hésite pas à montrer toute une série d’effusions de sang irréalistes et de scènes de combat trop rapides pour être suivies. Il donne à voir les instincts et les angoisses primitives de l’humain de manière violente. Un choix défendable, si ces scènes volontairement choquantes et perturbantes ne finissaient par tomber dans l’exagération, avec des jets d’hémoglobine qui jaillissent presque gratuitement sans que l’on puisse en comprendre l’intérêt pour l’histoire. Cette œuvre s’inscrit dans une veine du cinéma bien particulière et s’adresse donc à un public clairement averti et avide de sensations fortes.

L’histoire pourrait faire penser que la narration fait suivre les réflexions d’un samouraï sur son refus de donner la mort et d’agir par vengeance, mais au fur et à mesure, il s’agit en fait davantage d’une sorte de malédiction étrange qui le frappe, puisqu’à chaque fois que le rônin tend son sabre, sa main se met à trembler. Ce rônin finit même par crier à qui veut l’entendre qu’il veut tuer et qu’il vit cette incapacité comme un handicap. Pour la remise en cause de l’usage de la violence et de la vengeance, il faudra donc repasser…

Ce film, à défaut d’avoir une histoire vraisemblable et porteuse de sens, montre à voir des acteurs passionnés qui donnent de leur personne avec sincérité. Le jeu de l’actrice Yû Aoi, dans le rôle d’une jeune paysanne attachée d’une manière perverse et passionnelle au jeune rônin, est particulièrement remarquable. L’image et les différents plans sont également travaillés, difficile d’ignorer que Shinya a une expérience indéniable de cinéaste. Cela dit, un film tourné en trois semaines ne peut qu’être brouillon.

Killing est quelque peu surréaliste et difficile à suivre, mais plaira peut-être à un public restreint, amateur d’émotions exacerbées, de scènes violentes et du travail du cinéaste. Ce film d’1h20 est sorti au cinéma Nova à Bruxelles durant le mois d’avril dans le cadre d’une rétrospective sur l’œuvre de Tsukamoto, du 11 avril au 5 mai.

A propos Cynthia Prévot 17 Articles
Journaliste du Suricate Magazine