Jazz Middelheim 2015 : la plaine des grands du Jazz

Du 13 au 16 août, s’est tenu dans le magnifique cadre du Park Den Brandt à Anvers la 33ème édition du Jazz Middelheim.

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Celui-ci, qui est le jumeau du Gent Jazz Festival, est tout aussi accueillant, rigoureux au niveau timing mais surtout, a proposé à nouveau une programmation digne des meilleurs festivals européens.

Comme à son habitude, le festival avait invité un artiste en résidence : Jason Moran qui accompagna, notamment, de 2007 à 2012, Charles Lloyd et qui est un des plus intéressants pianistes de la scène actuelle.

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Jason Moran nous montra trois facettes différentes de sa personnalité et de son jeu:

La première, lors de la soirée du vendredi 14, était expérimentale et acoustique avec un trompettiste et une guitariste.

La seconde, le 15, était un projet dansant, souvent électrique (piano et Fender Rhodes), sur la musique de Fats Waller et sur laquelle se mêlaient styles soul, afro-cubain et même hip-hop.

La troisième enfin, le 16, où il présentait plutôt une musique classique entouré de son épouse, chanteuse d’opéra soprano, et de Bill Frisell à la guitare d’accompagnement.

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Présent les 14, 15, 16, les échos du jeudi 13 étaient élogieux à l’égard du projets d’Eric Legnini et son hommage à Ray Charles, du LABtrio  « NY Project », du BJO sur la musique de Darcy James Argue et sur Taxiwars.

Legnini

Ces trois jours, je m’en suis tenu à la scène principale sauf le 14 où, sur la « Club Stage », Jeroen Van Herzeele (sax ténor) faisait des prouesses avec différentes formations. Ce jour -là était précisément celui destiné au sax ténor avec trois géants de l’instrument.

D’abord avec Archie Shepp et son Attica Blues Orchestra, un formidable big band de 14 musiciens et 2 chanteuses dont Cécile Mc Lorin Salvant.

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Archie Shepp était en toute grande forme tant au niveau du sax que du chant et laissa à de nombreuses reprises des interventions de solistes.

Ensuite, avec deux des plus grands sax-ténors actuels, Joe Lovano et Chris Potter. Le duo était venu célébrer le 50ème anniversaire de l’album mythique A love supreme de John Coltrane.

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Les deux comparses et leur incroyable rythmique ne se sont pas livrés à une bataille mais bien à un dialogue, un partage, jouant sans cesse en impro individuelle une fois le thème entamé (et terminé) ensemble. Du tout grand art!

Le samedi 15 était axé sur le chant avec tout d’abord la splendide voix de Robin Mc Kelle and the Flytones. Celle-ci présenta son dernier album Heart of Memphis; un mélange de rock, blues, soul et même country.

Elle est parvenue à mettre le feu et faire danser le public dès 16h; elle-même sautillant, courant, faisant son fitness sur scène. Superbe concert rempli d’énergie avec une présence scénique incomparable et un sourire omniprésent.

Ensuite, Cécile Mc Lorin Salvant et son trio acoustique batterie/contrebasse/guitare fit aussi vibrer le chapiteau avec sa voix unique qui fait d’elle, peut-être, la plus grande chanteuse de jazz actuelle.

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Découverte au Gent Jazz Festival en 2013, Cécile a plus d’une corde a son arc : son sens de la communication, son humour, sa gestuelle mais surtout cette voix dont elle peut en tirer tous les timbres. Sans parler de son atout de parler français pour se permettre de reprendre la chanson de Barbara : Le mal de vivre.
Enfin, la soirée se terminait avec le très attendu et phénomène Dr John qui rendit un fabuleux hommage à Louis Armstrong avec son Spirit of Satch.

Dr

Le Néo-Orléanais avait choisi Sarah Morrow (tromboniste) pour diriger l’orchestre avec une section cuivres belgo-hollandaise.

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C’est du tout tout bon rythm’n blues que Dr John, accompagné de temps en temps par Cécile (décidément) a proposé au chapiteau comble.

Le dimanche 16, Steve Kuhn, le pianiste du premier quartet de Coltrane, accompagné par le bassiste Steve Swallow et le batteur Joey Baron, présentait son dernier album Wisteria. Ce magnifique pianiste aux compositions remarquables laissa beaucoup d’espace à ses musiciens pour des solos d’une rare qualité.

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Ensuite le trio français Romano (batterie), Texier (contrebasse), Sclavis (clarinette basse) prenait le relais. Ce trio fidèle depuis des années proposa son répertoire habituel avec le talent qu’on lui connaît.

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Enfin, cette journée trio se terminait par celui de Bill Frisell qui présenta son projet Guitar in The Space Age; un mélange de soul, folk, jazz et rock.

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Cette dernière édition de Jazz Middelheim fut à nouveau une réussite tant au niveau organisationnel que qualitatif.

Une dernière petite chose à mentionner : la beauté de l’éclairage et du décor de la scène.

A propos Pierre Gérard 65 Articles
Chroniqueur pour la partie du Suricate Magazine consacrée au Jazz

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