Hunter Killer, série B sous-marine correcte

Hunter Killer
de Donovan Marsh
Action, Thriller
Avec Billy Bob Thornton, Gerard Butler, Gary Oldman
Sorti le 12 décembre 2018

Tandis qu’il tente de retrouver un sous-marin américain en détresse perdu dans les profondeurs de l’Océan arctique, le commandant sous-marinier Joe Glass est confronté à une situation de crise pouvant mener ni plus ni moins qu’à la troisième guerre mondiale. Devant maintenant secourir le président russe, victime d’un putsch militaire au sein de son propre camp, Joe Glass doit également essayer par tous les moyens d’éviter l’affrontement afin de ne pas déclencher de confit international.

Depuis déjà près d’une décennie, le nom de Gerard Butler est associé dans l’esprit du cinéphile à des films en général peu reluisants, des séries B d’action totalement décérébrées et parfois idéologiquement douteuses (Que justice soit faite, La Chute de la Maison Blanche et sa suite) qui, mystère de la distribution, continuent à sortir en salles alors qu’elles semblent de plus en plus destinées à venir grossir les rangs des DTV ornant désormais bon nombre de plateformes VOD, légales ou illégales.

Dans cette configuration, et armé du souvenir amer d’un récent Geostorm de sinistre mémoire, c’est avec une certaine circonspection que l’on s’en allait voir le dernier méfait en date du monsieur, un film de sous-marin sur fond de relents aigres de guerre froide, dont l’affiche est à l’avenant. Si l’on se trouve bel et bien devant une série B d’action rejouant quelques poncifs du genre et ayant une certaine tendance à l’exagération, tant dans le chef de la mise en scène que des prestations outrées des acteurs, force est de constater que ce Hunter Killer est bien plus regardable et recommandable qu’il n’y paraissait de prime abord.

Si le film ressert allègrement des plats réchauffés déjà cuisinés par des prédécesseurs plus illustres, tels qu’À la poursuite d’Octobre rouge de John McTiernan ou encore USS Alabama de Tony Scott, il le fait avec une décomplexion et un manque de prétention tels qu’il acquiert presque d’emblée une sympathie bienveillante, à mille lieues de la circonspection méfiante dont on se parait préalablement.

Le film déroule ses face-à-face musclés et ses morceaux de bravoure en laissant à Butler et à quelques autres de ses collègues acteurs en mal de cabotinage le soin de donner quelques performances plutôt jouissives tout en sourcils arqués et mâchoires serrées. Pourtant, il y a stricto sensu assez peu de scènes d’action à proprement parler, puisque l’essentiel de l’enjeu du film se situe plutôt dans des affrontements plus psychologiques et stratégiques entre les différents camps engagés dans cette espèce de partie d’échecs sous l’eau et à grande échelle.

Déléguant l’action pure à une sous-intrigue guidée par une troupe de militaires-mercenaires (emmenée par l’acteur Toby Stephens, cabotin suprême au visage cartoonesque), une grande partie du scénario s’attarde sur une question assez inédite dans un divertissement de consommation courante : comment éviter le conflit afin de limiter au maximum les pertes humaines. Qu’un film a priori décérébré parvienne à délivrer au final un message sinon pacifiste, au moins modéré, derrière un habillage tout à fait « mainstream », est une espèce de petite prouesse tout à fait notable.