Hé Mademoiselle, le court-métrage musical contre le harcèlement de rue

Sifflements, regards oppressants ou remarques déplacées, … Des étudiants de l’ESMA (Ecole Supérieure des Métiers Artistiques de Paris) ont voulu dénoncer à leur manière le harcèlement de rue.

Sous la forme d’un film d’animation et d’une comédie musicale, Hé Mademoiselle relate en chanson le quotidien d’une jeune femme qui se balade en rue. En jupette jaune et de bonne humeur, son parcours est rapidement terni par des hommes plutôt lourdingues et mal attentionnés. Exaspérée, elle se débarrasse tant bien que mal de ces prétendants en rut.

Même si le film adopte un ton humoristique, les étudiants français pointent du doigt ce phénomène sociétal quasi ingérable. Depuis plusieurs années, les campagnes et les vidéos se multiplient pour dénoncer le harcèlement de rue et essayer de changer ces comportements dignes d’un homme de cromagnon (et encore, peut-être avait-il plus de respect pour la gente féminine). Autrefois tabou, les femmes osent de plus en plus prendre la parole pour exprimer leur ras-le-bol. C’est le cas chez nous en Belgique avec Sofie Peeters qui a bouleversé le public belge (mais pas que) avec son mémoire de fin d’étude « Femme de la rue » réalisé il y a maintenant quatre ans. Beaucoup moins comique que Hé Mademoiselle, elle montre dans son documentaire toutes les agressions verbales et sexistes qu’elle subit au quotidien dans le quartier bruxellois Anneessens. « Sale pute », « chienne », « je te baise » et autres allocutions délicates nous transpercent l’oreille avec violence. Les autorités réagissent suite au film de la jeune femme : 250 euros d’amende à toute personne qui aura importuné une femme dans la rue. Une faible réaction puisque l’on se voit mal débarquer au poste de police et annoncer : « ce monsieur m’a insultée » ou s’adresser à notre agresseur : « venez avec moi au poste de police et répétez exactement ce que vous venez de me dire ». Bonjour la crédibilité.

C’est parce qu’il est très compliqué de légitimer des violences verbales. Les violences physiques sont elles, visibles à l’œil nu alors que les agressions psychologiques, quel que soit leur degré, ne laissent aucune trace sur le corps. Mais « juste » dans la tête. Et si ce n’est que dans la tête, tout va bien… Le fond du problème reste et restera une question d’éducation.

Le court-métrage « Hé Mademoiselle » récolte beaucoup d’avis positifs (déjà plus de 100.000 vues en quelques jours) mais également des commentaires haineux de la part de plusieurs hommes. Ils considèrent ce film comme stigmatisant. Evidemment, le but est de caricaturer pour mieux dénoncer mais cela reste parfois difficile à comprendre.

En bref, il y a encore beaucoup de boulot.

A propos Uyen Vu 53 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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