Hampstead, les amants de Marx

Hampstead

de Joel Hopkins

Comédie romantique

Avec Diane Keaton, Brendan Gleeson, Lesley Manville

Sorti le 13 septembre 2017

A Hampstead, quartier très bourgeois du nord de Londres, l’américaine Emily Walters (Diane Keaton), veuve depuis quelques mois, ne parvient pas à s’intéresser aux choses que gérait son mari à l’époque, comme son appartement, ses finances et même son fils. Malgré les encouragements de son amie Fiona (Lesley Manville), elle se complait dans une procrastination maladive. Un soir, elle voit par hasard depuis le grenier Donald (Brendan Gleeson), un homme vivant dans une cabane. Sa vie va changer à partir de ce jour.

Les Anglais sont des spécialistes dans le mélange de la comédie, du social et de la romance. Hampstead réunit tous ces éléments. L’auteur y aborde la vie d’une bourgeoise et son ennuyeuse condition, l’existence libre mais précaire d’un SDF érudit et leur histoire d’amour, fruit d’un heureux hasard. Des thèmes simples qui augurent d’une bonne comédie avec un humour tout britannique et des personnages hauts en couleur. Mais voilà, ici la simplicité tourne très vite au manichéisme et au cliché sociétal.

Car la subtilité n’est certainement pas au rendez-vous et le film enchaîne sans vergogne les situations les plus convenues que l’on puisse faire. La petite bourgeoise dont la vie est ennuyeuse depuis la mort de son mari infidèle, dont les amies sont aussi des petites bourgeoises mais superficielles et vénales. On a du mal à croire d’ailleurs en cette amitié tellement le personnage de Emily ne cadre pas avec son décor. Sa rencontre avec Donald est assez originale, mais on devine dès le premier quart d’heure du film tous les évènements qui vont s’enchaîner dans un scénario sans surprise.

Quand un scénario est un peu faible, on peut parfois se délecter de personnages secondaires drôles ou atypiques, misant sur un humour tellement « so british » que l’on en oublie la pauvreté du récit. Mais là aussi le film passe à côté. Les seconds rôles – s’ils ne sont pas ennuyants ou fades – sont quoi qu’il arrive transparents voire inexistants. La « meilleure amie » est horripilante et le fils d’Emily est tellement fade et conventionnel qu’il en rend la statue de Karl Marx dans le cimetière plus intéressante.

Car le film se veut politique, une nouvelle lutte des classes. Loin d’atteindre la qualité des quelques pépites anglaises que sont The Full Monty de Peter Cattaneo ou plus récemment Pride de Matthew Warchus, on navigue ici dans le cliché permanent de la bourgeoise repentie et du libertaire autodidacte qui a lu tout Marx et Engles. Mais la moralisation du récit rend plus compte d’une œuvre conservatrice que d’un brûlot libertaire. Jusqu’à la fin, le film reste une ode à l’individualisme synonyme pour l’auteur de « vraie » liberté.

Sans grand intérêt malgré les efforts du réalisateur pour nous faire sourire de temps en temps, Hampstead est une déception pour tout amateur de bonne comédie anglaise. Pourtant, la romance peu commune et le côté « pittoresque » du film pourrait convenir à celles et ceux qui aiment les comédies pour midinette où l’on rit un peu, où l’on se fâche parfois, où l’on pleure souvent, mais où les personnages finissent toujours par trouver l’amour. Pour les autres, il sera préférable de revoir les films de Ken Loach ou les magnifiques comédies déjà citées.

A propos Bruno Pons 45 Articles
Journaliste du Suricate Magazine