Halloween, la nuit des (vieux) masques

Halloween
de David Gordon Green
Epouvante-horreur, Thriller
Avec Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak
Sorti le 24 octobre 2018

Laurie Strode (Jamie Lee Curtis) est de retour pour un affrontement final avec Michael Myers, le personnage masqué qui la hante depuis qu’elle a échappé de justesse à sa folie meurtrière le soir d’Halloween 40 ans plus tôt.

Halloween, le film de John Carpenter, est au cinéma de genre ce que l’ENA est à la république française : une institution. Le film commence d’ailleurs dans une institution mais psychiatrique celle-là. On y retrouve deux journalistes britanniques qui cherchent à rentrer en contact avec Michael Myers (attention spoiler ! Le tueur du Halloween de Carpenter). On sait dès lors que le récit sera certainement la suite du premier opus et laissera de côté les 6 (ou 7) autres « sequels » de Halloween (ce qui n’est pas forcément dommage).

Évitant en effet toute séquelle des différents nanars qui ont suivi l’original, Halloween rassurera les « aficionados » du « slasher » en bonne et due forme grâce au grand nombre de citations inhérentes au film ; on y retrouve un soupçon de Psychose, une touche de Vendredi 13 ou une petite pincée de Scream. D’ailleurs, les amateurs du genre seront ravis, car certaines scènes atteignent des sommets de jouissance cinématographique. Notamment un magnifique plan séquence entre Lars Van Triers et Brian De palma qui nous plonge dans l’action avec ce petit frisson qui nous titille à l’arrière de la nuque.

Mais il faut avouer que quelques détails de scénario et de mise en scène gâchent un peu le plaisir. Partant du postulat où l’on se retrouve dans un contexte actuel, l’univers reste un peu trop teinté d’une ambiance « année 70 », sans pour autant en assumer totalement la forme. Scénaristiquement, l’auteur passe systématiquement à coté de détails de la société actuelle qui pourraient renforcer l’histoire, exercice que Wes Craven avait parfaitement réussi dans Scream 4. Il avait très bien intégré les éléments actuels que sont internet et les réseaux sociaux. Voulant certainement satisfaire à tout prix le fan absolu de John Carpenter, l’intrigue fini par partir (un peu trop) dans tous les sens et cela ne laisse pas beaucoup de place à l’originalité et la surprise. La qualité de la mise en scène nous fait accepter l’univers, les évènements s’enchaînent comme du papier à musique mais on est plus proche de Salieri que de Mozart (les amateurs de Milos Forman auront apprécié la métaphore).

L’ensemble est donc quelque peu frustrant car, le frisson, la surprise (sauf dans quelques rares scènes délectables) nous font rarement sursauter ou nous cacher les yeux. Un peu comme dans un film dont on connaitrait déjà la fin (les fans de Titanic nous pardonneront). Et comme comble de l’originalité, et là, nous nous permettons de « spoiler » un peu l’histoire : Michaël Myers est de nouveau le tueur ! Un film à conseiller donc aux esthètes du genre qui auront le plaisir de revoir Jamie Lee Curtis en Laurie Strode plus « bad ass » que jamais.

A propos Bruno Pons 45 Articles
Journaliste du Suricate Magazine