Gérald Messadié revisite les origines du Christ dans Jésus dit Barabbas

auteur : Gérald Messadié
éditions : JC Lattès
date de sortie : octobre 2014
genre : Historique, religion

Selon la tradition chrétienne, Jésus de Nazareth dit le Christ est jugé, condamné et crucifié à Jérusalem aux environs de l’an 30 de notre ère. Les Evangiles nous racontent que Ponce Pilate, gouverneur romain en Palestine, aurait donné le choix aux Juifs de choisir entre la libération de Jésus le Nazaréen (appelé Messie) et Jésus Barabbas (meneur d’une révolte contre l’autorité romaine). La population aurait ensuite choisi le dénommé Barabbas livrant ainsi le Christ aux tortures et à la croix.

Différentes personnes, dont Gérald Messadié, l’auteur de ce livre, soutiennent que ces deux Jésus n’en sont en fait qu’un seul. L’erreur viendrait d’une confusion ou d’une erreur de traduction du nom Barabbas car étymologiquement il signifie « fils du père » (en araméen, bar = fils; Abba = père). Ajouter Bar Abbas derrière un prénom n’aurait aucun sens pour tout un chacun car nous sommes tous « fils de ». Il faudrait donc y voir, ici, la signification « fils du Père » – entendez par là « fils de Dieu ». De nombreux disciples et fidèles de Jésus l’auraient appelé Jésus Barabbas.

Pour appuyer son idée, Gérald Messadié débute son livre avec l’échauffourée qui eut lieu au Temple de Jérusalem et au terme de laquelle Jésus, dit Barabbas, fut arrêté. Elle constituait un trouble à l’ordre public dont Pilate était le garant. Cette première partie se termine par les jours qui suivent la mise au tombeau de Jésus.

La deuxième partie évoque l’enfance, la jeunesse et l’appel de Jésus. On y narre son départ du foyer familial et la manière dont il s’est formé au métier de rabbin. Dans la troisième et dernière partie, l’auteur raconte les trois années du ministère de Jésus pendant lesquelles il s’est entouré de ses apôtres et autres disciples.

Mais ne nous y trompons pas ! Il s’agit ici d’un roman sur fond historique et religieux. L’auteur a pris la liberté d’imaginer certaines zones d’ombre de la vie de Jésus comme toutes celles qui concernent son enfance et ses études. Il se base, aussi et surtout, sur ce qui est connu comme les textes bibliques, ainsi que sur les recherches qu’il a effectuées afin d’appuyer, certifier ce qui lui semblait incohérent dans l’histoire de ce personnage.

Ce qui nous a plu dans ce livre, c’est que Gérald Messadié nous livre, à la fin de chacun de ses chapitres, son point de vue et nous explique pourquoi il a changé tel ou tel point de l’histoire. Il se base abondamment sur les évangiles de Marc, Mathieu, Luc et Jean qu’il cite afin de les comparer aux évangiles apocryphes qui donnent d’autres versions des faits. Il appuie ses thèses également grâce aux notes d’exégètes et d’historiens sur la vie quotidienne, l’occupation romaine, les lois relatives au Judaïsme, la géographie, le climat ou encore la société du premier siècle de notre ère en Palestine. Mais il se justifie principalement grâce à la linguistique car selon lui, les auteurs des Evangiles (rappelons qu’il ne s’agit pas des quatre évangélistes eux-mêmes) ont fait bon nombre d’erreurs de traductions par méconnaissance des langues (hébreu et araméen notamment) ainsi que des us et coutumes dans les lieux évoqués.

Dans sa postface, l’essayiste, érudit et romancier qu’est Gérald Messadié nous rappelle que si son récit diffère de ceux des Evangiles, ce n’est pas pour des raisons idéologiques mais historiques et linguistiques. Il est possible et même vraisemblable que des découvertes et des travaux à venir introduisent d’autres changements. Demeure un point essentiel : les changements historiques n’affectent guère l’enseignement de Jésus lui-même tel qu’il est dispensé par les Evangiles et qu’ils n’ont pu inventer à l’instar du reste. Ce qu’ils invitent  à reconsidérer c’est la valeur documentaire et donc leur impact sur les dogmes.

Lisons donc ce roman avec un éclairage nouveau sur ce personnage emblématique qu’est Jésus et il en revient à chacun de prendre du recul sur ce qui est dit en fonction de ses propres convictions, de sa propre foi.

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