Geluck pète les plombs et Le Chat pète le feu

Scénario et Dessin : Philippe Geluck
Éditions : Casterman
Sortie : 31 octobre 2018
Genre : Humour

Il est de retour ! Comme chaque année, notre saltimbanque préféré, Philippe Geluck, revient avec cette fois deux ouvrages. L’un est un « best of » du Chat (le sixième en l’occurrence) et le second est le nouveau recueil de dessins et textes impertinents de l’auteur.

Geluck avait commencé il y a quelques années à faire ce genre de recueil avec Geluck se lâche. Il y avait concentré tout ce qu’il avait dessiné au fil du temps mais qui ne convenait pas à son personnage du Chat ni au ton de celui-ci. Lassé de cette étiquette d’humoriste pour bobos qui lui collait à la peau, l’auteur avait souhaité provoquer un peu et susciter la réflexion avec quelque chose de volontairement différent graphiquement et dérangeant (voire violent). Comme attendu, les réactions vis-à-vis de ce genre d’œuvre furent contrastées. Mais globalement, Geluck était arrivé à ce qu’il voulait et il en remit donc une couche avec Geluck enfonce le clou.

Ici, il termine le triptique avec ce troisième tome intitulé Geluck pète les plombs et ce sous-titre : cette fois, il va trop loin.

Et il est vrai qu’ici, l’auteur semble avoir vraiment voulu en finir avec la censure et les tabous de notre société bien pensante. Il s’attaque à l’Eglise, aux problèmes écologiques, à la pédophilie, aux violences faites aux femmes mais aussi à celles faites aux êtres humains en général. Il dénonce ainsi ce que la société fait du problème migratoire ou des handicapés. Il n’oublie pas aussi d’entarter Trump et Fillon au passage. Geluck n’épargne rien ni personne dans ce recueil. Et bien qu’au départ, on puisse être choqué par certains propos ou dessins, force est de reconnaître que pour réveiller les consciences dans une société blasée par la violence et l’indifférence comme la nôtre, il faut choquer pour obtenir une réaction. Certes, ce livre n’est pas à mettre dans les mains des enfants, mais il est très représentatif du mal-être de notre société.

Geluck aurait pu continuer à produire des dizaines d’albums du Chat en essayant de conserver son public déjà nombreux. Après tout, pourquoi changer une formule qui a fait ses preuves et qui lui assurait de confortables rentrées d’argent ? Or, il a pris le risque de ne pas être apprécié pour ses positions et sa manière de faire. Certes, Le Chat lui permettait de faire passer parfois des messages, mais il vient un temps où il faut affronter la réalité et ne plus se cacher derrière son personnage quand on a quelque chose à dire. Et c’est en cela que ces trois ouvrages sont pertinents. A 64 ans, l’homme n’a plus envie de ne faire que des choses pour plaire, il vide son sac et tant pis si certains se sentent insultés. Au vu de la situation de notre monde, n’est-ce pas le silence la pire des insultes ?

A propos Christophe Pauly 485 Articles
Journaliste et photographe du Suricate Magazine