From Coasts to… Coasts

Après 4 EP lâchés entre 2013 et 2014, Coasts avait choisi de sortir un premier album studio éponyme au beau milieu de l’été 2015. Warner propose à présent une édition « deluxe » de cet album agrémentée de 6 morceaux supplémentaires.

Le nom du groupe, le design de la pochette, tout semblait indiquer la Californie, ses palmiers, son soleil et son sable chaud… S’il est bien question de côtes dans l’histoire, elles sont en réalité anglaises. Oui, il y pleut et leur sable est humide; oui, ça fait tout de suite moins rêver; mais qu’à cela ne tienne : cap sur Bristol! Chris Caines (voix) et Liam Willford (guitare), les deux principales forces créatives du groupe, proposent une musique entraînante et « feelgood » comme on dit dans le jargon.

Sur certaines compos comme Oceans, Your Soul ou Stone, Coasts rappelle clairement leurs aînés de Foals. Le pluriel, les voyelles et la maison de disques mises à part, ils ont également en partage l’accent mis sur le côté rythmique de leur musique (beats uptempo entêtants, petits motifs de guitare répétés à l’infini) et donc une faculté imparable à faire bouger les foules. Différences notoires toutefois : les absences conjuguées d’une voix aussi marquante que celle de Yannis Philippakis et d’une deuxième guitare qui aurait apporté plus de relief, permettant par la même occasion de s’éloigner davantage des canons pop conformistes. Enfin, soyons justes : sans cette dose de conformisme, chacun de leurs singles n’aurait sans doute pas bénéficié d’autant de soutien de la part des animateurs de la Radio 1 (BBC) comme Zane Lowe, Huw Stephens, Greg James et Fearne Cotton.

Le quiet/loud, couplets calmes et refrains explosifs emmenés par les claviers, reste bien sûr efficace mais la ficelle devient à la longue un peu grosse à mesure que les morceaux s’enchaînent et que le recours y est presque systématique. Toutefois, au rang des morceaux les plus intéressants, on peut encore citer Modern Love, qui suit le même schéma mais avec une petite couleur house supplémentaire apportée par les claviers et la charleston, ou Wallow, premier des six inédits qui apporte plus de punch et de variations (longue intro, crescendo intéressant) à une formule devenue trop prévisible.

Bref, comme bon nombre d’éditions « deluxe », celle-ci s’adresse en priorité à ceux qui connaissent et apprécient déjà le groupe. Car, pour tous les autres, enchaîner ces 16 morceaux pendant une heure demandera sans doute de la patience, voire de l’abnégation. Et c’est d’autant plus vrai que tant la musique que les paroles sont intrinsèquement répétitives. D’accord, les refrains sont par essence créés pour être répétés, et sont ici très réussis, très « catchy » ; mais lorsqu’ils se répètent autant (six fois pendant Tonight), dont plusieurs fois d’affilée à la fin de chaque composition, ça devient un peu lourd. Wash Away avec ses six «Would you be the one ?» et ses 28 «Wash away» en 4 minutes 23 fait office de référence en la matière.

Onze ou douze morceaux auraient en effet largement fait l’affaire (l’édition « standard » en comptait 10), mais attention si «coupe» il devait y avoir, ce ne serait pas dans les 6 morceaux inédits. As Long As I Need You et See How sont des ballades rythmées plutôt jolies qui apportent plus d’équilibre et de variations à une formule éculée après 10 morceaux. Intelligemment intercalées sur un second album, et avec la maturité accumulée entre-temps, cela pourrait très bien donner.

Ce jeune groupe semble avoir déjà pas mal d’expérience en live, depuis ses débuts dans son Royaume-Uni natal, en passant par l’Europe et jusqu’aux Etats-Unis l’an dernier avec un passage par le festival de Coachella. La possibilité vous est donnée de vous faire votre propre idée le 14 mars à l’AB.

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