La forêt sombre de Liu Cixin

auteur: Liu Cixin
édition: Actes Sud
collection: Exofictions
sortie: octobre 2017
genre: science-fiction

Dans le premier épisode de cette trilogie, Ye Wenjie, dégoûtée de l’humanité, utilise le soleil pour augmenter la puissance du rayon censé envoyer un message dans l’Univers. La planète Trsolaris reçoit le message et y répond. Les trisolariens cherchent justement une échappatoire pour fuir leur planète constamment malmenée par ses 3 soleils dont la course erratique et imprévisible les plonge en alternance dans des phases de sommeil ou dans des périodes de calme durant laquelle leur civilisation peut se développer.

Après réception du message, Ye Wenjie répond une nouvelle fois aux trisolariens révélant en même temps la position de la Terre. Voulant détruire l’espèce humaine pour pouvoir jouir des ressources terriennes seuls, ils sont en route. Ils mettront 400 ans avant d’atteindre le système solaire.

Dans ce second épisode, le récit débute quelques années plus tard: l’humanité essaie tant bien que mal de s’organiser et de trouver des solutions malgré la vague de pessimisme qui envahit les terriens durant cette période qui sera connue plus tard sous le nom de Crise trisolarienne. Ces extraterrestres ont en effet envoyé sur Terre des intellectrons qui verrouillent toute forme de progrès technologique afin que l’humanité ne puisse se défendre lorsqu’ils arriveront. Ils sont, de plus, en communication directe avec les membres de l’OTT (Organisation Terre-Trisolaris), dont les membres sont des espions humains à la solde des trisolariens. Tous tentent par tous les moyens de se préparer en vue de l’Ultime Bataille qui aura lien dans 400 ans. Mais le défaitisme et l’évasionnisme sont deux mouvements qui prennent de l’ampleur et menacent la cohésion des humains, ce qui leur permettrait de canaliser leur énergie dans un même but. Tout ce qui peut contrer les trisolariens ce sont les pensées humaines auxquelles ils n’ont pas accès: leur mode de communication étant basée sur la télépathie, ils ne comprennent pas pourquoi les pensées humaines ne sont pas explicites.

C’est dans ce climat d’instabilité et fortes de ce constat, que les instances de défenses planétaires prennent la décision de nommer quatre Comateurs: quatre hommes qui devront trouver une solution pour sauver la planète sans que l’on puisse deviner leur plan. Ils ont donc tous les pouvoirs et peuvent engager des projets colossaux dans n’importe quel domaine avec crédit illimité. Le Dr Luo Ji est l’un d’eux et s’il ne veut pas sauver le monde, c’est pourtant lui que les trisolariens tentent de tuer à tout prix. Pour chaque autre Colmateur, ils envoient un Fissureur censé déjouer leur plan de sauvetage en devinant leur stratégie secrète.

Après s’être finalement occupé de trouver un plan, le Dr Luo Ji se fait hiberner dans l’attente des résulats de sa malédiction lancée sur une étoile. Il est réveillé 185 ans plus tard. Durant cette nouvelle ère, le défaitisme n’existe plus parce que les humains sont persuadés de leur réussite face aux trisolariens durant l’Ultime Bataille. En effet, les voyages spatiaux sont devenus monnaie courante et l’armement s’est beaucoup développé. La Flotte spatiale se compose de 2000 vaisseaux, soit le double de celle des trisolariens et forme même des nations indépendantes.

La première sonde trisolarienne est sur le point d’entrer dans le système solaire et si ses intentions ne sont tout d’abord pas perçues comme malveillantes, la suite prouvera tout à fait le contraire, lorsque la “goutelette’ détruira pratiquement l’entièreté de la Flotte spatiale en l’espace de quelques minutes. Les quelques vaisseaux survivants s’embarquent pour un voyage sans retour dans les confins de l’univers persuadés que l’humanité n’a désormais plus aucune chance de survie si elle reste attachée à la Terre. Devant cette catastrophe, le Dr Luo Ji, le dernier Colmateur non-fissuré, trouvera-t-il le moyen de sauver l’humanité dont il est le dernier espoir?

Avec La forêt sombre, Liu Cixin nous livre une suite aussi riche que dense au Problème à trois corps. Celui-ci jetait les bases complexes d’une épopée de science-fiction assez fabuleuse. Et dans cette suite, toute l’imagination de l’auteure se déploie de façon exponentielle. Il est vrai que les histoires comme celles-ci pullulent (Star Wars, Star Treck, Seul sur Mars, 2312, etc.), tant les hommes, à l’orée des développements technologiques les plus avancés de l’Histoire, a de plus en plus les yeux tournés vers les étoiles. Pourquoi? Parce que plus la technologie évolue, plus elle pollue aussi la planète, notre nombre démographique associé à notre niveau de vie et aux besoins énergétiques qu’il nécessite et la pollution qu’il génère, tout cela fait que nous recherchons des possibilités pour que l’humanité puisse perdurer. Et puisque notre planète s’essouffle, pourquoi ne pas chercher une solution ailleurs?

C’est ce postulat, mais aussi en prenant en compte la réaction que pourrait susciter une rencontre entre deux civilisations issus de deux mondes radicalement différents séparés par plusieurs années-lumières et qui n’ont pas toujours des intentions bienveillantes. Ici, l’auteure sonde presque toutes les possibilités et explore les conséquences que pourraient avoir de tels événements sur la conscience humaine, son développement et sa survie.

Même si La forêt sombre traite de beaucoup de paramètres en même temps, le récit n’est pas décousu et chaque détail est en interdépendance avec un autre. Même le bond de deux siècles n’est pas dérangeant, les évènements évoluant de manière tellement plausible qu’ils nous prennent par la main et nous emmènent dans les confins de l’univers infini. Le style est riche et précis, chaque mot étant pesé, pensé. C’est un travail d’écriture et d’imagination incroyablement foisonnant qui nous est donné à lire. On n’aurait pu rêver de lire une meilleure suite au Problème à trois corps mais du coup, on a un peu la pression pour le dernier épisode que l’on attend avec impatience mais qui a intérêt à être au moins aussi bon!

A propos Daphné Troniseck 254 Articles
Journaliste du Suricate Magazine