FATP 2015 : Innisfree, filmer la mémoire dans les ruines irlandaises

Innisfree

de José Luis Guérin

Documentaire

Présenté dans le cadre du festival Filmer à tout prix 2015

Le festival Filmer à Tout Prix met à l’honneur le cinéaste espagnol José Luis Guérin en lui consacrant un cycle de films cette année.

Premier film de ce cycle, Innisfree. Ce film est un long voyage entrepris dans le décor majestueux de l’Irlande, là où John Ford a tourné The Quiet Man.

Dans ce premier film dévoilé, José Luis Guérin s’extirpe de l’anecdotique pour entrer dans la matière, revisite l’univers de Ford et interroge la société irlandaise.

Hommage évidemment rendu à John Ford et son film The Quiet Man, mais également hommage à toute la ville d’Innisfree et ses habitants. José Luis Guérin se lance dans la même quête que John Wayne, tentant de saisir cette région qui s’apparente à un havre de paix. Dans ce documentaire élaboré, le registre des citations est immense : José Luis Guérin s’amuse à troubler les frontières entre fiction et documentaire, entre archives et mise en scène. On redécouvre le film de Ford avec plaisir et on s’émerveille de la grande créativité du cinéaste espagnol : avec malice, il raccorde The Quiet Man à son documentaire, entremêlant soigneusement les images du film à la réalité du lieu. Loin d’être une expérience formelle hermétique, le passage de l’un à l’autre se fait dans une très grande fluidité, brouillant les frontières entre documentaire et fiction, passé et présent.

Mais José Luis Guérin ne s’arrête pas là, il s’intéresse également au lieu en lui-même et recueille la parole de ses habitants dans des mises en scène très stylisées. Dans les ruines des anciens décors du film de John Ford, Guérin filme la mémoire du lieu, mais aussi celle de ses personnages et de ses démons. L’IRA, les religions, le chômage, l’enseignement sont autant de thématiques abordées de front par le cinéaste. La grande force d’Innisfree réside dans sa capacité à ne pas se cantonner à une intention initiale théorique, à se laisser l’espace nécessaire pour aborder cette ville, non pas comme elle fût en 1951, mais comme elle est aujourd’hui.

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