La faim du loup de Stephen Marche

La faim du loup

auteur : Stephen Marche
édition : Actes Sud
collection : Exofictions
sortie : mars 2016
genre : thriller fantastique

Le corps sans vie de Ben Wylie, huitième personne la plus fortunée du monde, est retrouvé nu et recroquevillé dans une forêt canadienne.  Ce décès pour le moins étrange pique la curiosité du journaliste Jamie Cabot, qui perçoit à travers cet événement morbide une fabuleuse opportunité de devenir célèbre.  Grâce aux journaux intimes, aux archives et aux coupures de presse relatives aux Wylie, le journaliste remontera leur histoire sur plusieurs générations pour faire la lumière sur la genèse de cet empire familial, son évolution au fil des années et les secrets de cette dynastie hors du commun.  Les découvertes seront parfois terriblement inattendues…

La faim du loup débute comme un polar avec l’enquête menée par Jamie Cabot pour élucider la mort de Ben Wylie.  On s’oriente ensuite vers un récit à la Charles Dickens en faisant la connaissance de Dale Wylie, le grand-père de Ben, et de son frère Max.  Issus d’une famille très modeste, ils subviennent très jeunes aux besoins de la famille grâce à des petits boulots.  La vie est dure et loin d’être joyeuse.  Et à l’époque, pas de Françoise Dolto ; les parents réglaient leurs comptes avec leurs pitchounets à coups de ceinture.  Puis l’histoire prend une tournure de roman d’affaires avec la mise à nu des rouages complexes de l’entreprise familiale où l’on parle argent et combines.  Et pour couronner le tout, un aspect fantastique vient s’ajouter à la mêlée.  Voilà le problème.  L’idée d’allier plusieurs genres est audacieuse mais encore faut-il que les divers aspects s’incorporent de façon homogène.  La tentative n’est malheureusement pas concluante.  Même si le récit se laisse lire, le lecteur peut achopper sur des éléments alourdissants, l’aspect fantastique étant le plus dérangeant car il est trop peu exploité pour en faire un roman de genre.  Ceci a pour conséquence que le public soit d’une part frustré et d’autre part qu’il se pose inlassablement la même question : pourquoi ?

Le fait que le narrateur soit le journaliste, à savoir une personne extérieure à la famille Wylie, la linéarité de la trame s’en trouve rafraîchie.  Cependant il aurait été intéressant que l’histoire personnelle du narrateur et celle des Wylie se recoupent davantage.  Ce n’est pas le cas.  Il en résulte des longueurs inutiles qui n’apportent rien à l’intrigue.  Le lecteur pourrait à nouveau se poser cette lancinante interrogation : mais pourquoi ??

Toutefois de ce côté fantastique, dont le fond ne vous sera pas révélé ici pour faire durer le suspense (quel sadisme !), on en retirera une réflexion intelligente et imagée sur le capitalisme.  Les mauvaises langues se demanderont s’il était vraiment indispensable d’ajouter cet aspect pour faire gamberger les petites cervelles des lecteurs sur ce fichu concept…  A vous de juger.

Il ressort que La faim du loup peut donc décevoir à plusieurs niveaux.  Cependant si l’on met de côté ses attentes, il en résulte un roman bien écrit, dévoilant la complexité humaine et mettant en garde contre la dangerosité de la bête qui sommeille en chacun de nous.  Enfin, surtout en chaque milliardaire.

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