ESPERANZAH 2017 : un festival engagé et convivial

4, 5 et 6 août…. Et hop, le festival Esperanzah nous emmène à nouveau, vers 3 jours de fête : programmation dense, variée et interpelante parfois.

Cette année encore, les organisateurs allient avec finesse une affiche musicale au top et tous les à-côtés qui font la véritable identité de ce festival alternatif et familial : l’engagement éthique.

Pour cette édition 2017, les festivaliers ont droit à trois véritables scènes puisque la scène Alpha s’ajoute derrière l’église et permet, plus encore, des découvertes intéressantes.

La thématique de cette année, Des ponts contre leurs murs, donne réponse à l’évolution ambiante où sont érigés ci et là des barrières et des murs pour empêcher les migrations.

Véritable marmite bouillonnante, tout au long du WE, le festival accueille des artistes confirmés mais fait également place à des débats, la projection de films ou encore des artistes de rue.

Les saveurs du monde ont déménagé pour prendre place dans la cour de l’entre-deux : l’occasion pour un plus grand nombre sans doute de goûter un peu de ces merveilles qui nous font tant saliver.

Le village des enfants permet à ces derniers de passer d’agréables moments originaux.

Enfin, il est offert à chacun la possibilité de flâner dans le souk aux vêtements et bijoux et d’y dénicher la fripe tant recherchée.

Esperanzah, un festival coloré à taille humaine où l’ambiance bon enfant prime, un festival où le tout autre chose est possible. Les années passent et on ne se lasse pas !

Impossible ici de faire le tour exhaustif de tout ce qui est musicalement proposé, voici donc un petit aperçu de ce qui nous a marqué.

IMANI la princesse comoréenne : véritable coup de cœur de la journée du vendredi. C’est avant tout une voix : grave et à la couleur très particulière, on la situe entre Tracey Chapman et Billie Holliday. Elle dégage beaucoup de charisme, sa gestuelle est empreinte de grâce.

 

 

Navigant entre la pop, la soul et le folk, elle communique à merveille avec son public. Qui tombe littéralement sous son charme. Sa prestation oscille entre l’émotion et l’énergie, entrecoupée de compositions personnelles et de superbes reprises. Une belle réussite.

 

 

GREGORY PORTER ce géant baryton, célèbre par son couvre-chef qui ne le quitte jamais sur scène, une voix grave veloutée et tout en profondeur : il nous présente un set puissant sans temps mort mais tout en nuances subtiles et dans l’émotion. Sa voix fait encore écho dans les murs de l’abbaye.

 

 

LEYLA MCCALLA, violoniste originaire d’Haïti et vivant aux USA : elle nous propose un répertoire folk cajun et de musique traditionnelle haïtienne, le tout sublimé par son violoncelle. Celui-ci apporte une touche magique à sa prestation. Elle nous emmène avec talents dans son univers multiculturel. Grande défenderesse des droits de l’Homme, Esperanzah est vraiment le lieu où elle devait faire escale.

 

 

Nous avons également apprécié la prestation du Jamaïcain PROTOJE, l’artiste phare de reggae actuel  ainsi que PUERTO CANDELARIA digne représentant de la nouvelle vague de la scène colombienne. Deux agréables moments.

IAM, retour du groupe culte du Rap français qui vient fêter les 20 ans de l’album mythique L’école du micro d’argent : il nous présente une prestation sobre, énergique et posée et prouve que faire du rap arrivé à la cinquantaine reste d’actualité.

 

 

Un show un peu linéaire musicalement mais des textes toujours aussi percutants, bien dans l’esprit du festival.

 

 

BCUC : la découverte du festival avec ce style nouveau en vogue en Afrique du sud « l’africangungungu ». Une musique tribale répétitive à laquelle viennent se greffer différents courants musicaux, rap, soul, fun…, il s’agit de 60 minutes communicatives. Le chanteur, véritablement en transe nous emmène dans son trip quasi mystique ; monté sur des piles Duracell, il déploie une énergie hors du commun !

 

 

Elle fait partie de notre coup de cœur du samedi : ELIDA ALMEIDA, la pétillante chanteuse du Cap Vert aux formes généreuses a enchanté la scène Alpha par son charme et son talent.

 

 

Elle nous offre une prestation colorée, festive, dansante et joyeuse qui a donné la pêche aux festivaliers présents. Digne héritière d’une chanteuse telle que Lura, on en redemande !

 

 

Le samedi nous fait également découvrir le groupe libanais MASHROU’LEILA, un groupe qui dans le monde arabe sort des balises traditionnelles en parlant des libertés religieuses, sexuelles et autres. Le groupe nous a livré une musique pop rock agréable mais sans grande surprise.

La journée du dimanche, on épinglera trois concerts. LUCKY CHOPS, le brass band new yorkais se produit sur la scène Futuro. Des cuivres déjantés, un batteur fou et vous avez le cocktail parfait pour mettre les festivaliers en transe.

 

 

Un vent chaud venu d’Afrique souffle sur Esperanzah avec la venue de la berbère HINDI ZAHRA et la malienne, FATOUMATA DIAWARA. Nous sommes littéralement sous le charme…

 

 

Talents et beauté sont au rendez-vous mais aussi la générosité et les sourires qui rayonnent sur l’ensemble du festival. Un moment solaire que l’on savoure en apesanteur. On danse on chante sur les rythmes africains, l’émotion n’est jamais très loin. Entre les morceaux, Fatoumata nous parle de la diversité et des rapprochements des peuples en faisant référence aux événements actuels. Merci Mesdames, et respect !

 

 

OZARK HENRY, on ne présente plus : c’est la première fois qu’il foule les pavés de l’Abbaye de Floreffe. Il n’hésite pas à se balader à travers le site et de s’imprégner de l’esprit Esperanzah. Souriant et accessible, il est visiblement heureux d’être là.

 

 

La belle LAURA GROESENEKEN l’accompagne de sa superbe voix. Il nous offre une partie de son nouvel album entrecoupé de ses nombreux tubes.

 

 

Il se renouvelle sans cesse et propose toujours de nouveaux arrangements. Sa reprise Heroes de Bowie raisonne encore dans la plaine côté Jardin. Il nous a livré une prestation majeure dans ce festival.

 

 

Esperanzah reste décidément un festival à part, hors des sentiers battus, pour le plus grand bonheur de ses festivaliers. Engagé et convivial, il a atteint l’âge de la maturité. Plus que jamais, l’humain reste au centre des préoccupations, la diversité culturelle est sa force sans aucun doute. Vive Esperanzah !

 

Texte : Nathalie Loutz

Photos : Bernard Rie