Escape Game, un film à énigmes sans mystère

Escape Game
d’Adam Robitel
Thriller
Avec Taylor Russell, Deborah Ann Woll, Logan Miller
Sorti le 6 février 2019

Si le cinéma d’horreur hollywoodien a appris une leçon depuis le début des années 2000, c’est qu’un bon concept vous amènera loin. Des Saw aux nombreux épisodes de Destination Finale, les propositions ludiques et (relativement) originales sont celles qui survivent le plus longtemps, même si c’est souvent aux dépens de la qualité des films.

Dernier ersatz de Cube en date, Escape Game entend bien marcher dans les pas de ces franchises. Comme son titre l’indique, le long-métrage surfe sur la vague de ce jeu d’énigmes qui s’est popularisé ces dernières années (pour ceux et celles qui ne le savent pas, un escape room est une pièce ou une série de pièces à thème desquelles il faut s’échapper dans un temps imparti, en résolvant une suite d’énigmes qui nécessitent fouille et réflexion). Bien sûr, l’escape room au centre du film est… quelque peu différent de la norme, comme l’apprennent à leurs dépens ses six malheureux participants. Invités à tester une expérience immersive, ces inconnus aux personnalités très diverses réalisent un peu trop tard qu’il ne s’agit pas d’une série d’épreuves hyper-réalistes, mais d’un jeu mortel auquel ils n’ont d’autres choix que de participer.

D’emblée, une déception s’impose pour les amateurs de combinaisons secrètes : le film ne nous invite pas vraiment à résoudre ses puzzles, la plupart d’entre eux étant résolus par l’intellectuelle du groupe. En réalité, le jeu consiste plus à deviner quel sera le prochain personnage à passer l’arme à gauche. Le financier aux dents longues ? L’ex-militaire ? Le geek ? Escape Game tue sans remords ses protagonistes, et dans la tradition de bien des slashers, leur sort ne nous affecte guère, ce qui doit autant à leur maigre caractérisation qu’au jeu peu convaincant de leurs interprètes respectifs. Même les plus aguerris, tel que Deborah Ann Woll, ne brillent guère.

Celles et ceux qui viennent vers le genre pour obtenir leur dose de morts sanglantes n’y trouveront pas non plus leur compte  : classé « PG-13 » aux États-Unis, Escape Game tue proprement, sans faire de tâches.

Si plaisir il y a, c’est dans cette succession plutôt inventive de pièces meurtrières qu’il pourra être trouvé. De cette salle qui se transforme en four, à une autre qui prend la forme d’une forêt enneigée (!), il y a un réel plaisir à découvrir ces lieux retors et créatifs — comme ce bar suspendu dans les airs, qui témoigne du talent et de l’inventivité des décorateurs. Le concept de l’escape room offre quelques belles possibilités, et le réalisateur Adam Robitel (Insidious  : La Dernière Clé) sait, à un certain degré, en tirer profit.

L’existence même de ce « jeu » est évidemment complètement improbable, et l’esprit s’égare fréquemment dans des interrogations comme « Qu’arrive-t-il aux ouvriers qui ont réalisé ces salles assassines ? » ou « Comment les concepteurs connaissent-ils des informations que littéralement personne d’autre à part les personnages sont en mesure de connaître ? ». Soyons clairs, ces questions (et bien d’autres) n’avaient pas besoin de réponse. Lorsqu’une œuvre joue autant sur la plausibilité, bien des incohérences peuvent lui être accordées à condition qu’elle nous divertisse et ne nous ennuie pas. Malheureusement, le dernier acte manque cruellement à ce devoir, en rallongeant péniblement le long-métrage avec des explications invraisemblables. Le but ? Mettre en place les pièces pour une suite. Et si l’expérience de Escape Game n’est pas déplaisante, force est d’admettre que les promesses du film ne sont pas suffisantes pour nous donner envie de retenter l’aventure.

A propos Adrien Corbeel 46 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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