Er ist wieder da, « hell » be back

er ist wieder da poster

Er ist wieder da

de David Wnendt

Comédie

Avec Oliver Masucci, Fabian Busch, Christoph Maria Herbst

Sorti le 13 janvier 2016

En août 2011, Adolf Hitler se réveille au beau milieu d’un parc berlinois. Errant dans les rues de la capitale allemande, il attire alors le regard des badauds pensant qu’il s’agit là d’un comédien de rue. Très vite relayée sur Youtube, son image va faire le tour de l’Allemagne faisant d’Hitler une star de show tv.

Adaptation du roman éponyme de Timur Vermes, Er ist wieder da est une comédie satirique travaillée autour du personnage égocentrique d’Hitler. Dans ce film, tout comme dans le roman, le führer est présenté comme un être naïf et amnésique dont les frasques verbales retentissent comme des traits d’humour noir devant une société en constante mutation.

Mettre en confrontation les idées d’Adolf Hitler avec celles de l’époque contemporaine était en soi intéressant. Au travers d’une satire humoristique, Timur Vermes a voulu démontrer toute la malléabilité d’un peuple, la puissance de la tribune publique et l’ambiguité de l’intention. De fait, en axant son récit autour d’un personnage charismatique mis sous les feux des projecteurs, l’écrivain et scénariste montre que l’ascension des idées immodérées et populistes peut être aussi rapide que soudaine. En cela, Er ist wieder da est une réussite.

Toutefois, la manière de présenter cette fiction est plus contestable, car indécise. Pour mieux comprendre, il faut diviser le long métrage en trois parties inégales. La première, assez longue, nous présente l’arrivée du fondateur du nazisme et ses déboires face au monde moderne. Usant de tous les codes du film à sketchs à la Larry Charles, cette partie est déjantée, quelques fois drôle mais mal écrite. Timur Vermes se contentant d’enfoncer des portes ouvertes pour mettre à mal les clichés.

La deuxième partie, quant à elle, nous embarque dans les dérives ubuesques de la télé-réalité où un homme – Adolf Hitler en l’occurrence – est propulsé au devant de la scène pour faire de l’audience malgré un discours haineux. Cette partie du récit est probablement la plus aboutie, car elle est la mieux travaillée et la plus réaliste. Et pour cause, le discours à la fois auto-panégyrique, machiavélique et démagogique d’Adolf Hitler, sous couvert d’une étiquette de saltimbanque télévisuel, est déblatéré par petites doses pour mieux manipuler les masses.

Mais alors que le spectateur semble conquis, le film se perd dans une troisième partie pour le moins navrante où la fiction prend totalement le pas sur le faux documentaire. Là où le récit avait enfin réussi à gagner en profondeur et à installer Hitler dans un rôle pamphlétaire, il retombe dans une histoire mièvre où s’entremêlent luttes de pouvoir et prises de conscience pour le moins douteuses.

À vouloir trop en faire, à vouloir trop en dire, Timur Vermes et le réalisateur David Wnendt livrent au final une soupe indigeste composée de saynètes à la tonalité inconstante.

En résumé, Er ist wieder da rate deux de ses trois tableaux : celui du rire et celui de la morale. Reste une toile centrale pleine de bonnes idées critiques, mais trop banale et superficielle. Parti d’une image audacieuse, le film se perd dans une mazarinade racoleuse.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.