El Presidente, une confusion d’intrigues

El Presidente

de Santiago Mitre

Drame, Thriller

Avec Ricardo Darín, Dolores Fonzi, Erica Rivas, Gerardo Romano

Sorti le 17 janvier 2018

Le président argentin Hernán Blanco (Ricardo Darín) n’est au pouvoir que depuis six mois et ne bénéficie pas d’une bonne réputation. Homme du commun, issu de la classe ouvrière, il s’est construit une carrière en venant de très bas, et l’on apprend qu’il est considéré comme un faible. Pourtant, malgré la simplicité apparente de sa personne, il se retrouve impliqué dans une affaire de corruption alors qu’il assiste à un sommet qui rassemble les chefs d’Etats latino-américains. La réunion a lieu dans un hotel isolé au milieu de la cordillère des Andes, à Santiago du Chili. Elle a pour but la conception d’une alliance pétrolière transnationale. Alors que la tension monte entre les différents présidents, et surtout vis-à-vis d’un chef brésilien trop influent et imposant que certains voudraient saboter, Hernán doit résoudre un problème personnel qui pourrait affecter sa vie privée et publique. En effet, son gendre le menace par courrier de le dénoncer sur une affaire secrète. D’autre part, Marina Blanco (Dolores Fonzi), fille de Hernán, souffre d’attaques psychotiques et nie avoir un lien avec les activités de son mari, de qui elle est séparée. Le président argentin ne peut se permettre un trouble familial dans un moment aussi important pour sa carrière. Suite à une crise folle de Marina qui la mène aux urgences et la laisse plongée dans le mutisme, Hernán entreprend de la soumettre aux soins d’un psychiatre. Seulement, une séance hypnotique fait bientôt surgir des doutes et des angoisses. L’abîme de l’inconscient de Marina cache de sombres vérités, entre souvenirs d’enfance et confusion, qui effrayent son père d’une manière étrange.

El Presidente commence comme un film de conspiration et, sans que l’on ait le temps de s’intéresser aux différents personnages, entre par la suite dans un tourbillon psychédélique. Deux intrigues sont juxtaposées et nous emmènent dans un labyrinthe de questionnements qui restent en suspens et qui ne seront pas nécessairement résolus. Dans le même ordre d’idées, les nombreux plans qui mettent en évidence les routes sinueuses à travers les montagnes enneigées font échos aux méandres dans lesquels se perd l’esprit du spectateur. Aussi, par l’instabilité de la caméra, par moments, il est difficile d’avoir une emprise sur certaines images, ce qui crée une sensation de gêne et renforce le sentiment sinistre qui accompagne tout le film. Santiago Mitre semble vouloir faire du terrain montagneux où l’histoire se déroule le scénario d’un rite de passage politique par lequel un homme commun embrasse le mal, si déjà il ne l’a pas fait avant de mettre le pied sur les sommets des Andes. Ainsi, la réponse « Le mal existe » donnée par le président Hernán Blanco, dans une interview réalisée par une journaliste (Elena Anaya), résonne avec une ambiguité dérangeante.

Malgré de très beaux plans, des images soignées et un jeu d’acteurs agréable, le film semble se noyer dans ses propres intrigues. Les idées sont intéressantes mais certains passages sont bâclés et le développement s’en trouve très affaibli. Au point qu’à la fin du film, il est aisé de rester sur sa faim. Il se pourrait qu’une deuxième vision de celui-ci apporte une autre perspective et une  appréciation nouvelle.

A propos Donata Vilardi 25 Articles
Journaliste du Suricate Magazine