Duelles, un thriller sauvé par son héroïne

Duelles
d’Olivier Masset-Depasse
Drame, Thriller
Avec Veerle Baetens, Anne Coesens, Mehdi Nebbou, Arieh Worthalter
Sorti le 24 avril 2019

Duelles est un thriller belge d’ambiance, à l’esthétique remarquable et aux actrices parfaites dans leur rôle de desperate housewives. Mais c’est sans conteste la justesse de Veerle Baetens qui nous tient en haleine car le dénouement de l’intrigue est malheureusement décevant.

Nous sommes au tout début des années 1960. Alice et Céline vivent avec leur famille dans des maisons mitoyennes dans un quartier belge bourgeois. Les deux femmes sont très proches, tout comme leurs enfants, Théo et Maxime. Leur vie de femmes au foyer les rend heureuses, tout semble aller pour le mieux. Jusqu’au jour où un événement tragique bouleverse irrémédiablement leur univers parfait. Leur amitié se détériore rapidement, déchirée par la rancune et la peur, pour devenir une véritable psychose.

Dès la scène d’ouverture, la tension est bien présente et ce grâce notamment à une dualité dans tous les éléments. Des maisons identiques collées, comme si l’une était le reflet de l’autre, aux garçons du même âge, en passant par les maris aimants ou la jolie voiture dans l’allée, tout est double. Dans Duelles, Olivier Masset-Depasse entraîne ses héroïnes dans un huis clos malsain, passant d’amitié profonde à animosité intense. Lorsque l’élément déclencheur du drame se produit, la machine est lancée et le lien entre les deux femmes devient diabolique. Alice nous fait prendre conscience que quelque chose cloche chez son amie et elle tente sans succès de le dire à son mari. Sachant son épouse fragilisée par un passé douloureux, il met sa paranoïa sous le compte de son instabilité émotionnelle, à tel point qu’on se met à le croire également. Pourtant, au fur et à mesure, les indices s’accumulent quant à la culpabilité de celle qui vit dans la maison d’à côté…

Un duel féminin inégal

Les hommes ont une place secondaire dans cette histoire, celle d’époux conventionnels. Cependant, Damien, le mari de Céline, se laissera aller au désespoir et s’éloignera de sa femme jusqu’à un point de non-retour. Quant à Simon, le mari d’Alice, il essaiera de garder l’image du bon père de famille et tentera de faire entendre raison à sa femme. Le duel a lieu entre les deux amies uniquement, ces femmes idéales de l’extérieur mais rongées par des instincts de survie et de destruction. Veerle Baetens, qui incarne Alice, est à couper le souffle, tant dans l’allure que dans le jeu. Sa blondeur et sa beauté lisse rappellent les héroïnes d’Alfred Hitchckok, tout comme la tension inscrite sur son visage en permanence. Son personnage pourrait être muet, tant sa gestuelle et son regard traduisent son ressenti. De l’autre côté, Céline, la brune, la méchante, est jouée par Anne Coesens, actrice formidable elle aussi. Malheureusement, son charisme ne tient pas tête à sa rivale, qui porte tout le film du début jusqu’à la fin.

Un dénouement tiré par les cheveux

Duelles est un film très réussi pour son univers des années 60, ses décors impeccables et son casting de choix. Cependant, bien que le réalisateur réussisse à entretenir l’anxiété du spectateur dans la première moitié du film, la seconde partie est précipitée dans une chute qui manque de subtilité. On sait que l’histoire ne se terminera pas bien, mais en revanche, on ne s’attend pas à tant de rebondissements en cascade, trop énormes pour y croire.

A propos Déborah Neusy 27 Articles
Journaliste du Suricate Magazine