Du fil à l’aiguille, un spectacle qui pique l’industrie textile

Création collective de et par La Cie Don’t Paniek, avec Caroline Tellier, Malkiel Golomb, Charlotte Fischer et Jean-Christophe Fernandez. Du 12 décembre au 31 décembre 2018 au Théâtre des Riches Claires.

Qu’y a-t-il derrière nos vêtements ? Quel rôle jouons-nous dans le cycle du prêt-à-porter ? Du fil à l’aiguille questionne les dérives de l’industrie textile à travers le regard de quatre consom’acteurs.

Dans un décor rempli de cintres et de vêtements, les comédiens de la Compagnie Don’t Paniek jouent avec ces derniers pour incarner différents rôles : un patron d’entreprise, une ouvrière bangladaise, une working girl branchée du quartier du Châtelain ou encore un agriculteur de coton d’origine indienne. Tous sont interviewés par un journaliste « imaginaire » et partagent leur quotidien et leur relation avec le vêtement. Chacune de leurs réponses se font écho, creusant davantage le fossé social qui les sépare.

En passant par la conception d’une pub de Levi’s, une réunion de shopaholics désillusionnés ou encore une youtubeuse lifestyle et beauté, les comédiens usent de leur imagination – toujours par le biais de l’humour – pour titiller les spectateurs sur leur mode de consommation et les informer du désastre écologique et humain derrière l’industrie de la mode.

Le point fort du spectacle réside dans sa dernière partie : le public remplace le journaliste « imaginaire » et se livre dans un question-réponse avec les quatre figures du textile (le patron, l’ouvrière, la working girl et l’agriculteur). Les comédiens font alors preuve d’une bonne capacité d’improvisation, montrent leurs connaissances sur le sujet et rebondissent facilement sur les questions qui dérangent.

Du fil à l’aiguille pourrait faire effet d’électrochoc. Mais le spectacle s’adresse surtout aux citoyens totalement ignorants des dérives de cette industrie. Pour les personnes un minimum éveillées, la pièce n’apporte malheureusement que des bribes d’informations supplémentaires (qui restent certes très intéressantes). Le ton souvent moralisateur envers les citoyens lambda rend le récit parfois lourd et trop culpabilisant. Choisir de les attaquer en première ligne, sans jamais pointer du doigt le système dans son entièreté reste une solution naïve. Les citoyens peuvent changer les choses, à leur échelle mais dans un système capitaliste qui prône la surconsommation, il reste difficile de changer complètement les rouages de notre monde.

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Journaliste du Suricate Magazine