Dodgers de Bill Beverly

dodgers

auteur : Bill Beverly
édition : Seuil Policiers
sortie : mai 2016
genre : thriller

L’auteur originaire du Michigan nous livre un parcours initiatique qui mêle thriller et drame psychologique. Incontournable pour votre été.

East a 15 ans et a grandi trop vite. Chef d’une bande de guetteurs dans un ghetto de Los Angeles, il protège et surveille sa taule, une maison où les junkies consomment et achètent de la dope. Le jeune afro-américain, chétif et toujours aux aguets, ne connaît que les quelques ruelles de son quartier qu’il arpente depuis des années. Rien d’autre.

Jusqu’au jour où tout bascule. La police débarque, East doit abandonner sa taule. Pour se racheter auprès de son gang, il se voit confier une mission : se rendre dans le Wisconsin pour abattre un juge qui menace dangereusement le chef de la bande. La mission est corsée, mais East ne sera pas seul.

Bill Bervely nous embarque alors dans une voiture avec ces quatre jeunes délinquants. Au programme: un voyage à travers les Etats-Unis. L’histoire vire alors au huis-clos, une réussite approximative. Le style devient inégal et les métaphores parfois hasardeuses. La traduction y a probablement sa part de responsabilité.

Malgré cela, les scènes d’action et l’intrigue se déroulent comme un fil. Un fil sans nœud. Les pages se tournent facilement. Surprise même lorsque l’on se prend à s’attacher aux quatre larrons à la mission criminelle. En plus du versant meurtrier, l’évolution psychologique des personnages interpelle. Surtout celle d’East qui se doit de quitter son maigre confort de Los Angeles pour ce monde, hostile, qui s’ouvre enfin à lui.

Ce voyage n’est pas un road trip, le terme est trop réducteur. C’est un parcours initiatique au cours duquel East se révèle à lui-même. Tout ne se passe pas comme il l’avait prévu. Pour la première fois, il n’a plus toutes les cartes en main et il lui faudra faire avec. Ce n’est pas révéler la trame du roman que de dire que la mission, pourtant parfaitement planifiée, tourne au calvaire. Et, une fois ce huis-clos du monospace terminé, le rythme cadencé de l’auteur reprend enfin ses droits.

Malgré les passages descriptifs décevants, Bill Beverly parvient donc à installer l’ambiance, sombre. On a l’impression d’en être. Et, c’est finalement le rôle d’un thriller. Des réserves peuvent être émises sur la prise de risques de l’auteur. L’idée du road trip ne sort pas de l’ordinaire. Mais on la qualifiera d’efficace.

Dodgers est un livre inégal donc, où la première partie interpelle. La deuxième, elle, déçoit. Heureusement, la dernière section est une franche réussite et parvient à tenir le lecteur en haleine. Un road trip made in XXIe siècle avec tout ce qu’il a de contemporain : la haine raciale toujours présente aux Etats-Unis et une jeunesse défavorisée. A l’heure où Donald Trump menace les Etats-Unis, le roman dévoile aussi une remise en question, parfois, de la société américaine.

A propos Rodrigue Jamin 3 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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