Difret de Zeresenay Mehari

difret affiche

Difret

de Zeresenay Mehari

Drame

Avec Meron Getnet, Tizita Hagere, Haregewine Assefa

Sorti le 24 juin 2015

Sans originalité mais sans démériter, Difret met en scène le combat de l’avocate Meaza Ashefani pour défendre une jeune fille victime de la tradition de l’enlèvement prénuptial, une affaire qui fera jurisprudence en Ethiopie dans les années 90.

En revenant de l’école, Hirut, 14 ans, se fait enlever, séquestrer et violer. Elle réussit à prendre la fuite, mais poursuivie, tue un de ses assaillants. En prison, elle échappe à une mort immédiate, mais son cas est délicat : elle a tué l’homme qui devait devenir son époux et son acte remet en question l’enlèvement prénuptial. Il faudra toute sa détermination à Meaza Ashefani, une avocate dans une association de défense des femmes, pour faire valoir les droits de Hirut contre une tradition jusqu’ici indiscutée.

Écrit et réalisé par Zeresenay Berhane Mehari, Difret est une belle réussite. Le film nous épargne le pathos des grandes causes d’un côté, et la complaisance teintée de voyeurisme des faits graves de l’autre. Conventionnelle, la réalisation laisse toute la place à cette histoire vraie et à ses protagonistes : Aberash Bekele nommée Hirut dans le film et jouée par Tizita Hagere, et à Meaza Ashefani, la directrice de l’Ethiopian Women Lawyers Association (EWLA) incarnée avec conviction par Meron Getnet.

Le film aurait pu facilement sombrer dans le manichéisme et condamner les opposants de Hirut, mais il s’en abstient et gagne ainsi en qualité. La réalisatrice parle du défi de « les montrer comme des êtres humains à part entière et pas seulement de les définir à partir de ce seul acte. C’était en fait la partie la plus dure – de montrer que l’adversaire c’est la tradition et pas nécessairement les hommes ». Le long-métrage reste donc centré sur l’humain, ses fausses croyances et ses actes condamnables, mais surtout sur sa détermination à se battre pour son intégrité et son droit à la justice. Difret n’est pas militant au sens premier du terme, mais le comme dit Mehari en citant un de ses professeurs : « On ne peut jamais enlever le politique de l’art ».

Puisque ce n’est pas tous les jours qu’un bon film éthiopien récompensé au festival de Sundance et à la Berlinale arrive sur nos écrans, on vous le dit, ça vaut le coup de jeter un œil.

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