Dérangés de Violaine Leroy

Dérangés

scénario & dessin : Violaine Leroy
éditions : La Pastèque
sortie : janvier 2016
genre : roman graphique, surréalisme, drame

Avec ce roman graphique dense et impressionnant, Violaine Leroy propose à son lecteur une plongée en apnée dans l’esprit de ses trois personnages principaux et s’intéresse à l’impact des objets et des œuvres d’art sur la vie des gens.

Dérangés suit donc trois personnages troublés dans leur vie de tous les jours par un élément perturbant. Dans le premier chapitre, c’est un gardien de musée qui se trouve chamboulé dans son quotidien lorsque les objets de son appartement, qu’il prend toujours le temps de ranger méticuleusement, sont « dérangés » et semblent prendre vie de manière à prendre à chaque fois des positions et des formes différentes à son retour du travail.

Le deuxième chapitre introduit deux autres personnages : Judith, une insomniaque victime d’hallucinations et déambulant dans sa vie comme dans un rêve ; et Nenad, un maçon à la retraite obsédé par l’art contemporain et les installations. Le dernier chapitre réunit ces trois personnages et donne à la fois une explication et une profondeur existentielle à ce qui apparaissait jusqu’alors comme une fable surréaliste et formaliste.

Car Dérangés, s’il parle de la pratique de l’art et de son impact sur les personnes, est aussi une œuvre d’art à part entière, dans laquelle la recherche esthétique et les essais visuels l’emportent parfois sur la narration – du moins dans la première partie. En cela, l’œuvre de Violaine Leroy peut paraître difficile d’accès de prime abord, et n’embarquera que ceux qui acceptent de se laisser porter par le trait de l’artiste et ses digressions oniriques. Mais même les plus réfractaires à ce type d’univers devraient être récompensés lors de la seconde partie du récit et surtout dans sa résolution.

Avec son noir et blanc nuancé et son travail sur la forme et les formes, Dérangés est une immersion dans la matière même du dessin, lequel est inconditionnellement mis en avant sur un dialogue rare – bien que plus présent sur la fin. Très cinématographique dans sa structure et sa dynamique visuelle, il peut emporter son lecteur dans le déroulé linéaire de son récit mais invite également à s’abîmer dans la contemplation de certaines cases, de certaines planches, comme pour des œuvres d’art.

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