Der Fuehrer’s Face, quand Donald se moquait du nazisme

Janvier 1943, jusque-là victorieuse dans ses campagnes, l’Allemagne nazie piétine sur le front russe. Les pertes sont nombreuses et la hargne des Russes démoralise les troupes aux portes de Stalingrad. Et comme si cela ne suffisait pas, Berlin voit deux alliés stratégiques quitter l’axe : le Chili avec son cuivre et son salpêtre, et l’Irak avec son pétrole acheminé jusqu’alors par le gouvernement de Vichy via la Libye.

C’est le moment choisi par les Etats-Unis pour accentuer la propagande contre l’Allemagne et la doctrine nazie. Pour ce faire, l’administration Roosevelt fait travailler ses talents, dont l’un n’est autre que le célèbre Walt Disney. Déjà engagé par le gouvernement pour participer à la « Politique de bon voisinage » (Good Neighbor policy) avec les pays d’Amérique du Sud, Walt Disney va produire dans ses studios de Burbank une série de courts et longs métrages d’animation destinés au public ou à l’armée américaine (Four methods of flush riveting). L’un d’eux, « Victoire dans les airs », deviendra le huitième long métrage de Disney, mais le plus connu d’entre eux se nommera « Der Fuehrer’s Face ». Dans ce court-métrage, Donald se réveille comme ouvrier du Nutziland – parodie de l’Allemagne nazie -,  lequel subit une série de déboires liés au totalitarisme et à l’effort de guerre. Cette courte production, très explicite, restera longtemps taboue. Ce n’est qu’en 2004 que la vidéo sera à nouveau rendue publique.

Encore aujourd’hui, le dessin animé peut être mal interprété, puisqu’en 2015, deux Russes ont été condamnés à une amende de 40€ pour avoir diffusé le court-métrage sur internet.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.