Découvrez La Coloc du Magic Land Théâtre

Ecriture et mise en scène de Patrick Chaboud, avec Laurent Elmer Dauvillée, Audrey Devos, Philippe Drecq, Yasmine El mkhoust, Marie-Hélène Remacle. Du 26 avril au 12 mai 2018 à 20h00 au Magic Land Théâtre.

Le Magic Land Théâtre tient toujours bon malgré les difficultés et termine la saison comme à son habitude par une création contemporaine. Avec une distribution presqu’entièrement nouvelle, Patrick Chaboud explore cette fois la colocation intergénérationnelle, s’interroge sur ce fait de société et sur la vie en communauté. Avec humour, évidemment.

La Coloc que l’on visite, c’est 5 personnes de tous les âges qui vivent ensemble et qui vont se mettre à chercher une sixième personne. Le doyen, retraité baba cool, aimerait corser les règles de recrutement ; la plus jeune, actrice, se fiche de tout ; la doyenne, a peur du nouveau qui peut arriver et attend impatiemment que son bien aimé revienne ; la dernière, sportive-bio-vegan-bobo tente de débarrasser d’un ex encombrant et collant. Ce « Boudu » qui prend ses quartiers au milieu du chaos de cette colocation va avoir une incidence sur chacun des colocataires.

Si les dernières créations contemporaines du Magic Land Théâtre paraissaient parfois datées de par leur sujet ou leur scénographie, La Coloc est tout à fait dans l’air du temps. La pièce explore la solitude qu’une vie communautaire peut paradoxalement engendrer, la difficulté de vivre ensemble mais aussi d’autres thèmes contemporains comme les modes de vie sains qui pullulent à l’heure actuelle (l’alimentation vegan ou bio par exemple) ou aborde aussi des thèmes plus proches comme le cas des réfugiés du Parc Maximilien (dont le Magic Land Théâtre est un des défenseurs, ayant accueilli des réfugiés au sein du théâtre).

Evidemment, le tout traité avec humour, comique de situation et jeux de mots, si caractéristiques de ce théâtre. Si la continuité est assurée grâce à Philippe Drecq, seul membre habituel de la troupe présent, on a le plaisir de découvrir de nouveaux visages. On découvre Marie-Hélène Remacle qui joue la doyenne proche du burn out et désespérément en mal d’amour, Yasmine El Mkhoust en jeune élève comédienne je-m’en-foutiste ou encore Laurent Elmer Dauvillée en boudu-boulet qui s’incruste dans ce chaos. On a aussi le plaisir de redécouvrir Audrey Devos sur un nouveau terrain de jeu.

Si les acteurs sont impeccables et l’humour bien présent, il reste quelques failles. L’histoire et le texte sont au départ très justes et parleront aux gens ayant vécu ou vivant en colocation. Mais ne sachant pas toujours vers où glisser l’intrigue, plusieurs moments finissent par sonner légèrement faux. Pourquoi faire entrer une des actrices dans le frigo sans qu’il y ait une suite à ce moment totalement loufoque ? Est-ce que cet homme qu’attend éternellement la doyenne de la colocation n’est pas inutile dans l’intrigue (car il n’y a jamais de conclusion à cette histoire) ? Est-ce que la répétition théâtrale de la jeune colocataire ne prend pas trop de place au détriment du reste ? Est-ce que la fin n’est pas un peu trop tardive et aurait mérité de finir au premier climax ?

Les réponses sont bien entendues dans les questions. Mais au Magic Land Théâtre, à force d’atteindre régulièrement l’excellence, il est normal que certaines pièces ne soient pas toujours du plus haut niveau. La Coloc tire surtout son épingle du jeu grâce à ses comédiens, son humour et son sujet, rarement traité au théâtre.

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine