Deathco, mort et compagnie (vol. 1 & 2)

Atsushi Kaneko

scénario & dessin : Atsushi Kaneko
édition : Casterman
sortie : 06 janvier 2016
genre : manga

La guilde, une mystérieuse organisation illégale, poursuit un but inconnu et désigne les personnes qu’elle juge bon de voir disparaître. Pour ce faire, elle emploie des tueurs à gages, regroupés sous l’appellation de reapers. Parmi ces derniers ressort Deathko. Accompagnée de sa fidèle chauve-souris, l’adolescente ne semble vivre que pour tuer, trouvant dans les différents contrats qu’elle reçoit un moyen d’exprimer sa haine de l’humanité.

Après l’original et entêtant Wet moon, Atsushi Kaneko revient avec une nouvelle série plus axée action débridée, comme le fut Bambi, du même auteur, en son temps. Voici donc Deathco, dont Casterman publie simultanément les deux premiers volumes.

Leur lecture explique ce choix éditorial, la majorité du tome 1 servant à exposer l’univers et les personnages qui seront sûrement développés au cours de la série. Si l’intrigue n’y avance pas beaucoup, l’ouvrage n’en demeure pas moins haletant. L’auteur y montre tout son potentiel et organise, au sein de son univers azimuté, des scènes d’action fluides, mais surtout inventives, la mise en place des reapers se faisant directement au coeur de l’action.

La nature même de ces assassins, qui se démarquent des autres en arborant des déguisements divers et variés, permet à l’auteur de créer une galerie de personnages insolites et intrigants. Mieux, elle enrichit l’intrigue en lui apportant une dimension quasi-horrifique, favorisée par un dessin en noir et blanc laissant une grande place aux contrastes, et par des cadrages originaux soulignant la rapidité de l’action et son incroyable violence. Les différentes méthodes utilisées par les tueurs appuient également ce fait, et apportent imprévisibilité et surprise à une intrigue qui voit se transformer la première mission de Deathko en un jeu de massacre ludique et jouissif, pour peu qu’on adhère à ce type d’ambiance.

La qualité du tome suivant se révèle néanmoins un cran en dessous de son prédécesseur, et met en lumière ce qui pourrait devenir le réel problème de la série. Composé de chapitres formant plusieurs histoires courtes, le deuxième volume fait regretter l’aspect répétitif de sa construction, une histoire étant à chaque fois égale à un meurtre. Atsushi Kaneko essaye cependant d’atténuer ce fait en démultipliant les points de vue, et en faisant intervenir certains des reapers du premier volume. Si cette idée laisse espérer une intrigue plus élaborée, où chaque personnage trouvera finalement sa place, l’éclatement narratif laisse, pour l’instant, le lecteur sur sa faim. Sans compter que le rythme effréné des scènes d’action est ici amenuisé par des transitions pas toujours très lisibles.

Néanmoins, ces défauts n’empêchent pas les qualités premières de la série de poindre ci et là. L’auteur n’a pas son pareil pour développer ses personnages, même ceux qui sont éphémères, et leur originalité pousse à attendre la suite avant de réellement se prononcer sur une oeuvre qui pourrait bien prendre une tournure inattendue. D’autant que le tome 2 se conclut sur un cliffangher des plus efficaces, remettant en question l’un des fondements même du récit !

A propos Guillaume Limatola 126 Articles
Journaliste

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