De si parfaites épouses de Lori Roy

De si parfaites épouses

auteur : Lori Roy
édition : Le Masque
sortie : août 2015
genre : polar

Après Les Secrets de Bent Road, De si parfaites épouses est le deuxième roman de l’américaine Lori Roy. Et l’auteur continue de se pencher l’histoire trouble et relativement récente de son pays, puisqu’après s’être intéressée aux effets des émeutes raciales à la fin des années 60, c’est notamment sur le déclin de la ségrégation et le climat de peur qui en a découlé dans les milieux ouvriers blancs, qu’elle s’attarde ici.

L’action se situe en 1958 dans la banlieue de Detroit. Dans le quartier d’Adler Avenue, les femmes attendent bien sagement leurs maris toute la journée en préparent des bons plats, mais la fermeture progressive des usines dans lesquelles travaillent les hommes et l’installation récente de familles noires dans les environs amènent un climat de paranoïa pesante. C’est dans ce contexte anxiogène que Grace, Julia et Malina – trois « desperate housewives » de l’époque – sont les témoins passifs de la disparition d’Elizabeth, une jeune fille un peu attardée de leur voisinage. Cet événement va servir de catalyseur à une véritable crise dans le quartier, d’autant plus qu’il pourrait être lié au meurtre récent d’une jeune femme noire dans l’entrepôt d’une usine.

Tout est fait de faux semblants et de non-dits dans De si parfaites épouses, à tel point que l’on en vient parfois à se demander ce qui se trame réellement, et qui a fait quoi. Cette problématique est d’ailleurs la base du roman et de son intrigue puisqu’il s’agit de dépeindre un microcosme dans lequel beaucoup de choses doivent rester cachées et où personne n’ose dire la vérité par crainte des répercussions liées aux conventions et au puritanisme. Ainsi, l’on se retrouve au sein d’une enquête qui n’avance pas – qui ne peut pas avancer – car chacun et chacune tait ce qu’il sait par peur du scandale.

Si l’idée de mettre ce puritanisme sclérosant au centre d’un polar est plus qu’intéressante, force est tout de même de constater qu’elle en constitue à la fois le moteur et le frein, puisque cette donnée contextuelle et historique est ce qui grippe la machine et l’empêche de s’emballer. Il n’est clairement pas question de donner lieu ici à un thriller en bonne et due forme avec installation / développement / résolution. Mais cette contre-programmation ne peut qu’amener une certaine frustration chez le lecteur, surtout concernant un dénouement très déceptif et ouvert. Au bout du compte, la tentative de Lori Roy est louable mais déstabilisante et inaboutie.

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