Daran : « Avec Le Monde Perdu, je ramène les gens dans l’enfance »

Propulsé en tête du hit-parade en 1994 grâce au titre Dormir dehors, Daran est devenu une légende de la chanson française au fil des années. Mais comme toute bonne légende, l’intéressé se fait discret, sortant un album à intervalles réguliers.

En octobre prochain, dans le cadre de la troisième édition du Festival Francofaune, Daran viendra présenter un spectacle inédit découlant de son dernier album intitulé Le monde perdu. Dans un univers poétique mêlant la vidéo, le dessin et la musique, l’auteur-compositeur tentera d’éblouir le public bruxellois comme il l’a fait au Canada.

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Le titre intitulé « Le monde perdu » est le fruit d’une collaboration avec Miossec. Pourquoi avoir choisi celui-ci comme titre-phare de l’album ?

Je pense toujours pouvoir trouver un titre extraordinaire qui n’aurait rien à voir avec les morceaux de l’album. Mais la plupart du temps, je me fais attraper, car un titre s’impose comme une évidence pour devenir le titre de l’album.

Concernant la chanson, le titre parle d’un amour perdu ou qui se liquéfie. Alors qu’élevé au rang de titre d’album, il prend une signification beaucoup plus large. Cela peut être l’enfance, la naïveté, l’utopie des années 70 ou pleins d’autres choses.

À l’écoute de l’album, on vous retrouve dans un registre beaucoup plus mélancolique que précédemment. Avez-vous souhaité faire un album plus mature et plus mélancolique ?

L’album est différent, car j’ai pris le parti de faire un guitare-voix. De fait, il en devient un objet particulier, une chose hors du temps où le texte est davantage mis en exergue. Maintenant, je ne sais pas si il est plus mature.

Vous vous êtes installé au Québec il y a quelques années. Est-ce que les grands espaces, présents dans l’imagerie du spectacle, vous ont influencé dans l’écriture de l’album ?

Probablement que si j’avais créé un guitare-voix en Belgique ou France, il aurait été différent. Après six ans au Québec, il y a une influence folk nord-américaine qui s’est invitée.

Notamment avec l’utilisation de l’harmonica ?

Il est vrai que je ne jouais pas d’harmonica avant de faire cet album. Cela a donc été un apprentissage accéléré (rires). Mais voilà, il n’y a pas 36 solutions si on veut ajouter une touche instrumentale au milieu d’un guitare-voix. L’avantage de l’harmonica, c’est qu’il se met avec une minerve sans qu’on ait le besoin de l’avoir en main par la suite.

Concernant le show que vous allez présenter en octobre prochain au Théâtre 140, vous avez choisi d’agrémenter vos textes avec l’aide de vidéos et d’illustratrions. N’avez-vous pas eu peur d’être trop suggestif envers le spectateur ?

Au moment où je me suis décidé à faire une guitare-voix, je me suis également dit que je n’allais pas faire une heure quarante de guitare-voix sur scène. C’est soporifique. Moi-même j’aurais du mal à supporter cela d’un artiste que j’adore. J’ai donc dû choisir une valeur ajoutée. Comme j’avais déjà utilisé le concept du dessin en direct, j’ai souhaité le refaire en ajoutant la vidéo.

Alors, à l’époque, je ne savais pas que dessiner sur de la vidéo, cela n’existait pas encore. On a donc dû créer le logiciel et tourner les images pendant des centaines d’heures. L’objectif était de trouver l’équilibre entre les trois arts.

Pour répondre à la question, nous n’avons jamais voulu paraphraser. Les images vont bien avec les morceaux mais ça s’arrête là.

Certaines critiques de votre spectacle parlent d’un sentiment de bien-être émanant de celui-ci. Pourtant, on parle beaucoup de départ, d’exil et d’échec dans cet album. Comment expliquer cet antagonisme ?

Je n’ai jamais été un spécialiste des chansons d’amour. Mes chansons  ont davantage un volet social et une empathie naturelle et inexpliquée pour les gens. Il est donc vrai que je ne fais pas des chansons très gaies, mais je n’ai pas l’impression qu’elles soient tristes pour autant. Je pense qu’on se débrouille pour éviter le piège du pathos. Le tout, c’est de savoir rebondir au moment où on va s’enfoncer.

Vous avez travaillé dans une belle cohérence sur cet album avec d’autres auteurs comme Miossec, Pierre-Yves Lebert et Moran. Comment avez-vous réussi à garder un équilibre parfait ?

Avec Pierre-Yves Lebert, c’est une collaboration de longue date, on forme une sorte de chien à deux têtes. Pour Miossec, j’avais déjà eu l’occasion de travailler avec lui précédemment. Sinon, je pense que les gens qui écrivent pour moi s’installent dans le même état esprit que moi. Après, ce sont des alchimies et des associations. Sans quoi, je ne prendrais pas le texte.

Au regard de l’aspect avant-gardiste de votre spectacle, pensez-vous que le public québécois y soit plus réceptif que le public belge ou français ?

Pour le coup, je ne pense pas qu’il y ait de grosses différences, car je ramène tout le monde dans l’enfance avec ce spectacle. Les enfants se ressemblent beaucoup plus que les adultes, ces derniers ayant déjà été influencés par leur milieu socio-culturel.


Pour réserver vos places pour Le Monde Perdu (le 8 octobre à 20h30) ou pour le Festival Francofaune (du 6 au 16 octobre), rendez-vous sur www.francofaune.be (en cliquant ici). De plus, Daran sera au Reflektor à Liège le 7 octobre à 19h30 (cliquez ici).

 

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.

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