Continuez tout droit, road-movie théâtral au Magic Land

continuez tout droit affiche

Mise en scène : Gilles Delvaux avec Patrick Spadrille et Christelle Delbrouck

Du 6 mai au 24 mai 2014 au Magic Land Théâtre

Pour clôturer sa saison théâtrale, le Magic Land Théâtre propose à ses spectateurs de partir en vacances avec Arielle et son mari, Lionel. Elle, femme au foyer depuis trop longtemps et lui, directeur de l’entreprise familiale, tellement accroc au boulot qu’il a peur d’en laisser les rênes pendant quinze jours. Et c’est parti pour un trajet quasi interminable de plus de 1000 kilomètres, entre Genval et Aix-en-Provence, où une belle maison de location leur permettrait de faire revenir à la surface les souvenirs et les sentiments d’il y a 24 ans. Mais les kilomètres au compteur se feront également les boulevards où se promènent les rancœurs, les regrets et les non-dits.

Intégré au départ dans un concept d’improvisation, Vacances improvisées, Continuez tout droit est devenu un spectacle à part entière de 80 minutes. On y retrouve une habituée des planches du Magic Land Théâtre, Christelle Delbrouck, en binôme avec un de ses partenaires sur de nombreux projets, Patrick Spadrille. La complicité entre les deux comédiens est palpable, et ce, dès le début de ce huis-clos, dans lequel on sent poindre les reproches à peine les valises mises dans le coffre. S’égrènent ensuite tous les clichés des départs en vacances : du départ en fin d’après-midi un vendredi pour éviter les bouchons au somme sur une aire d’autoroute pour économiser quelques euros, tout en passant par l’arrêt obligatoire à Berchem pour profiter des prix défiant toute concurrence du Luxembourg, rien n’est oublié, pour le plus grand plaisir des spectateurs qui se retrouvent dans chacune de ces situations. Ce couple est le miroir déformant de ce qu’on peut vivre à chaque départ en vacances et l’on se plait à découvrir quel sera le prochain travers dévoilé aux rires de la salle. Même les temps morts, inhérents à ce genre de trajets, laissent un sourire sur les lèvres : exemples vivants de ces moments trop longs sans paroles, lourds de sens.

Tous ces tableaux ne pourraient faire effet sans la scénographie et sans les ambiances sonores et lumineuses qui les accompagnent. La scénographie reprend l’avant d’une voiture, et donne l’illusion de regarder les deux protagonistes dans le cocon surprotecteur de leur moyen de locomotion. Ajoutez à cela des effets lumineux et sonores qui permettent de suivre chacun des tournants de la route, voire le moindre arrêt, et vous avez la chaîne d’assemblage supportant cette pièce, le tout servi par une bande originale, digne de tout trajet automobile. Le tout forme un ensemble cohérent et donne un rythme supplémentaire à la succession de dialogues, aux thèmes si variés.

Continuez tout droit peut être vu comme l’album de photos souvenirs des trajets en voiture, au départ des vacances. Et tout comme ces souvenirs, ce spectacle laisse un goût doux-amer : le concept en devient trop répétitif et finit par s’essouffler. Pourtant, tels des oiseaux migrateurs, la transhumance des vacances est au rendez-vous chaque année et Continuez tout droit s’en fait le reflet grossissant, et malgré tout, si juste.

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