Comme des garçons : l’épopée de la première équipe française féminine de football

Comme des garçons

de Julien Hallard

Comédie, Sport

Avec Max Boublil, Vanessa Guide, Bruno Lochet

Sorti le 25 avril 2018

Il faut être fou comme Julien Hallard pour déjà réaliser un premier film, mais en plus de choisir comme thème le football. Le football est sûrement le sujet le plus casse-gueule au cinéma (voir notre dossier de 2012 sur le sujet), mais c’est parfois dans la difficulté que les bonnes surprises apparaissent. On se souvient de Joue-la comme Beckham ou Goal of the Dead, qui étaient aussi des petits projets et qui finalement se révélèrent de bonnes surprises réjouissantes.

Comme des garçons explore le parcours de la première équipe féminine de France qui s’est battue pour pouvoir jouer et pouvoir obtenir les licences nécessaires à une ligue féminine régulière. Tout commence par une blague d’un journaliste qui organise une kermesse à Reims et qui cherche une activité originale à présenter au public mais qui, face au courage et au talent des filles qui ont répondu à son annonce, décide de prolonger le projet et comme il le dit souvent : « changer les mentalités ».

Inspiré d’une histoire vraie, relatée il y a peu par les témoignages de quelques joueuses dans So Foot, Comme des garçons se permet tout de même plus de largesse que la vérité. Les noms sont changés, l’évolution de l’histoire aussi, mais le changement le plus important est l’aspect féministe de l’histoire. Le personnage interprété par Max Boublil clame régulièrement vouloir « changer les mentalités » et quelques personnages militent frontalement pour l’émancipation de la femme à une époque où pour pouvoir jouer dans l’équipe, les joueuses ont besoin de l’accord marital. Si ce propos est intéressant, il se distingue largement de la volonté des joueuses réelles qui n’avaient aucune ambition de ce type et voulaient juste pouvoir jouer au foot, et qui n’avaient pas, à l’époque, conscience de changer quoi que ce soit ou de militer pour la cause de football féminin.

Malgré quelques fautes de rythmes ou un personnage masculin principal parfois agaçant, Comme des garçons réussit ses nombreux paris. Le football est correctement retranscrit à l’écran, l’adaptation des années 60/70 est sympathique et le feel good movie est réussi. On citera en vrac : la chanson des joueuses, le casting des futurs footballeuses, le personnage principal interprété par Vanessa Guide qui crève l’écran, la présence discrète mais précieuse de Bruno Lochet et, cerise sur le gâteau, le retour de Vladimir Cosma comme compositeur qui était resté cloisonné depuis plus de dix ans aux films de Jean-Pierre Mocky.

Au final, Comme des garçons peut paraître un peu simple dans son ossature, mais n’a pourtant la prétention que d’être un feel good movie sympathique et de qualité. Il n’y a pas mensonge sur la marchandise et on découvre en prime une histoire méconnue du football français. Julien Hallard se permet d’obtenir la victoire de son équipe tout en ayant soigné le jeu de ses joueurs.

 

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine