Clifton et les gauchers contrariés

Clifton

scénario : Zidrou
dessin : Turk
éditions : Le Lombard
sortie : 5 février 2016
genre : franco-belge

Cela faisait presque huit ans que n’était pas sorti un album des aventures de Clifton, le célèbre détective privé britannique, célibataire endurci et fier de l’être. Ce vingt-deuxième épisode marque également le retour de Turk, qui n’avait plus assuré le dessin de la série depuis le tome 9 (Kidnapping), et l’arrivée d’un nouveau scénariste : Zidrou, qui a manifestement pris goût à la reprise de personnages de détectives mythiques de la bande dessinée, après sa revisitation de Ric Hochet.

Il n’est ici pas question de révolutionner la série et son ambiance bon enfant, teintée d’humour pince sans rire. Le lecteur des précédents opus retrouvera le personnage là où il l’avait laissé, dans son cottage de Puddington, avec ses manies de vieux garçon paresseux. C’est là que la L.A.L.A. (ligue des assureurs londoniens et anglais !) vient le charger d’une enquête délicate : depuis quelques temps, des conducteurs anglais apparemment biens sous tous rapports se mettent à avoir la fâcheuse tendance de conduire à droite, ce qui crée la panique dans les rues de Londres et cause toute une série d’accidents de plus en plus coûteux pour les assureurs inquiets.

Ce point de départ en forme de pied-de-nez aux habitudes britanniques, aux coutumes singulières des anglais et à leur indépendance vis-à-vis de l’Europe donne lieu à toute une série de gags pas toujours des plus subtils mais assez bien vus. La série originellement créée par Turk et De Groot a toujours joué sur les clichés et les différences de culture entre la Grande-Bretagne et le lecteur – comme le faisait aussi Robin Dubois, du même duo – mais cet épisode cristallise ce système en en faisant le point de départ de son scénario.

Au bout du compte, c’est de l’éternel affrontement entre anglais et français dont il sera question, dans une « révélation » finale, toujours en forme de gag lourdingue et sur le registre de la satire. Les bonnes petites blagues à l’ancienne à base de « c’est l’heure du thé » et de « ces français mangeurs de cuisses de grenouilles » ne sont effectivement pas des plus neuves et donc pas toujours drôles, mais c’est précisément ce petit parfum de ringardise qui fait le charme désuet d’une série et d’un personnage que l’on croyait morts et enterrés. Pas sûr par contre que le bluff puisse encore durer longtemps et que le prochain tome, d’ores et déjà annoncé, ne soit pas totalement superflu.

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