Chappie de Neill Blomkamp

chappie affiche

Chappie

de Neill Blomkamp

Science-Fiction, Action

Avec Sharlto Copley, Dev Patel, Yo-Landi Visser, Jose Pablo Cantillo, Sigourney Weaver

Sorti le 11 mars 2015

Dans un futur plus ou moins proche, la ville de Johannesburg est au bord du chaos à cause de la criminalité galopante. Des townships de Soweto et d’Alexandra au centre d’Hilbrow, la police est dépassée. Pour rétablir l’ordre, des robots intelligents sont envoyés dans les rues. Leur créateur, Deon, veut aller plus loin en leur implantant une conscience. Chappie devient alors le premier robot capable de penser par lui-même, mais dès sa naissance, il est kidnappé par des gangsters.

Sous la houlette de Neill Blomkamp (District 9, Elysium), Chappie ne pouvait être qu’un film de science-fiction se déroulant en Afrique du Sud. De plus, il se devait d’incarner une (légère) métaphore pamphlétaire de la société sud-africaine actuelle. De fait, c’est exactement ce à quoi Chappie ressemble.

Et pour cause, Chappie ne transpire pas d’originalité tant dans la filmographie du réalisateur que dans l’histoire du cinéma de science-fiction. Cependant, même si les comparaisons peuvent être légions, le film a de réels atouts pour conquérir le spectateur. Encore faut-il que ce dernier fasse la part des choses…

Chappie n’est pas Alex Murphy

À la lecture du synopsis et au regard de la bande annonce, le premier film qui nous vient à l’esprit est sans conteste Robocop de Paul Verhoeven. De surcroit, la lutte contre le crime, que ce soit à Johannesburg ou à Détroit, passe par des policiers-droïdes.

Cette comparaison est, dans un premier temps, totalement correcte puisque l’élément déclencheur et la solution y étant apportée sont identiques, autant que la critique de la société en elle-même. Mais alors que Robocop magnifiait quelque peu l’acte de vengeance, Chappie lorgne davantage vers la rédemption et s’installe dès lors comme un symbole pacifiste. Cette différence de taille permet de donner plus de profondeur au personnage de Chappie mais aussi au film. Cette volonté d’ajouter des enjeux sociétaux au récit permet de gagner en crédibilité et de situer le film dans un futur ressemblant au présent.

Chappie n’est pas David

Passé l’action, Neill Blomkamp installe la psychologie de son personnage. Celui-ci est capable d’évoluer et de penser par lui-même. De même, il est doté d’une intelligence artificielle lui permettant in fine de faire la part des choses, notamment entre le bien et le mal.

Cette capacité de réflexion et d’évolution cognitive, un autre robot l’a développée dans un autre film intitulé A.I. Intelligence Artificielle. Dans ce dernier, le spectateur pouvait suivre un enfant-robot – majestueusement incarné par Haley Joel Osment – abandonné par sa famille d’adoption et souhaitant par dessus tout devenir un enfant comme les autres. En d’autres termes, le syndrome de Pinocchio. Difficile pour Neil Blomkamp de retranscrire toute l’émotion d’un acteur en chair et en os au travers d’images de synthèse. Néanmoins, la technique de la capture motion permet de s’en approcher aisément.

Difficile également pour le cinéaste d’égaler ce film référence. Mais là où il peut s’en démarquer légèrement, c’est dans l’aspect humoristique de son histoire. Là où l’histoire de David est exclusivement triste, celle de Chappie demeure à certains instants drôle et légère.

Chappie n’est pas Sonny

Pour terminer l’exercice de comparaison, on pourrait mettre Chappie en parallèle d’un certain Sonny. Si le nom ne vous dit rien, il n’est autre que celui du robot humanoïde de I, Robot. Ce film d’Alex Proyas sorti en 2004 est d’une ressemblance flagrante à notre Chappie de 2015. Non pas dans le volet répressif quasi absent du premier cité, mais bien dans la manière de traiter du sujet très controversé de l’utilisation des robots et de la fameuse intelligence artificielle.

Cette préoccupation scientifique de premier plan est au cœur d’I, Robot, adapté du Cycle des robots du grand Isaac Asimov. C’est aussi le cas de Chappie. Ces deux films abordent la question du « tout à la robotique » et du remplacement de l’être humain. Chappie allant même plus loin dans le développement de la théorie puisqu’il remet en cause la matérialisation de la conscience.

Seulement, Chappie se différencie assez facilement de I, Robot pour une bonne raison : son rendu cinématographique. I, Robot était techniquement irréprochable mais souffrait d’une histoire beaucoup trop lisse et linéaire.

Chappie est Chappie

Vous l’aurez compris, Chappie recèle d’innombrables qualités et arrive à se démarquer dans la kyrielle de productions SF. Visuellement fabuleux, scénaristiquement blindé et contextuellement bien amené, le film de Neill Blomkamp est divertissant et agréable à regarder.

A propos Matthieu Matthys 919 Articles
Directeur de publication - responsable cinéma et littérature du Suricate Magazine.

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