Chaplin, sous les traits d’Othmane Moumen au Théâtre du Parc

De Thierry Janssen, Jasmina Douieb et Othman Moumen, mis en scène par Jasmina Douieb, avec Othmane Moumen, Philippe Tasquin, Michel Carcan, Bruce Ellison, Jo Deseure, Violette Pallaro, Caroline Tellier, Manon Drugmant, Michel Charpentier et, en alternance, Victor Barco, Maxime Clausse, Stanley Dupic-Janssens ou Ethan Verheyden

Du 17 novembre au 31 décembre 2016 à 20h15 au Théâtre du Parc

Avec cette création du Théâtre du Parc, issue d’une écriture collective entre Thierry Janssen, Jasmina Douieb et l’acteur Othmane Moumen, l’ambition affichée est de rendre un hommage vibrant à Charlie Chaplin en convoquant ses films et ses images, à travers un prisme lié au souvenir, à l’enfance et au rêve. Le résultat est visuellement époustouflant, même si le texte et les thèmes qu’il charrie ne sont pas vraiment à la hauteur.

La pièce imagine que, sur le tournage d’un des courts métrages filmés à la chaîne dont il était la vedette, Chaplin tombe dans les pommes et fait un rêve étrange dans lequel sa vie – plus particulièrement sa relation avec sa mère – et le cinéma se mélangent, le fournissant en quelque sorte en « visions » qu’il mettra plus tard en images dans ses longs métrages.

Le spectateur se rendra assez vite compte que ce semblant d’intrigue est surtout le prétexte à faire défiler les numéros visuels et les recréations d’extraits de films en « live », à la manière d’un show pluridisciplinaire, que l’on qualifierait hâtivement de « à l’américaine ». Le spectacle tient en effet la route uniquement par son aspect de spectacle total, mêlant musique, danse, pantomime, arts du cirque, etc. Le travail de transformation sur le matériau d’origine – le cinéma de Chaplin – pour obtenir un équivalent dans le domaine du spectacle vivant est une vraie réussite, à quelques détails près – le recul du spectateur par rapport à certains gags visuels crée parfois un décalage du rire, ce qui est quelque peu en contradiction avec l’esprit même du burlesque.

Les acteurs sont parfaits dans cet exercice de style, où la maîtrise du corps et le timing sont décisifs – mention spéciale à Othmane Moumen et Bruce Ellison. Mais là où la pièce déçoit et casse son propre rythme, c’est dans sa volonté d’alterner les tableaux visuels et – presque – muets avec des scènes de texte dans lesquelles Chaplin explique son mal-être quant à sa condition de clown, ou subit sa relation compliquée avec une mère qui ne le comprend pas. À trop vouloir expliquer, expliciter, la démarche et le parcours de son héros avec des éléments vaguement biographiques, la pièce finit par tomber dans le psychologisme bateau, à mille lieues du cinéma et de l’univers de Chaplin. Le dernier tiers du spectacle, versant dans l’hystérie puis nous gratifiant d’un monologue « édifiant » qui simplifie à outrance la conception du cinéma de Chaplin, laisse malheureusement un goût amer. Ce qui est vraiment dommage, tant l’implication des comédiens et la qualité de la mise en scène tire l’ensemble vers le haut.

 

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  1. Parti en fumée, un père insaisissable • Le Suricate Magazine

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