Cendrillon de Kenneth Branagh

cendrillon affiche

Cendrillon

de Kenneth Branagh

Fantastique, Romance

Avec Cate Blanchett, Lily James, Richard Madden, Stellan Skarsgård, Holliday Grainger

Sorti le 25 mars 2015

Salagadou la magikabou, la bibidibobidibou

Images colorées et tape à l’œil, décors et costumes somptueux qui flirtent avec le kitsch, un budget coiffure équivalent au PIB de la Belgique pour une mise en scène sans grosse surprise. Le film Cendrillon de Kenneth Branagh ne cherche pas à faire dans l’originalité, mais tente au contraire de recréer l’univers féerique du dessin animé “Cendrillon” dont il s’inspire largement. Malgré un manque de subtilité, qui n’est sûrement pas le point fort du réalisateur, les qualités du film sont à chercher du côté de la relecture du conte qu’en a fait le scénariste Chris Weitz (Pour un garçon), et plus particulièrement, de sa vision de la marâtre Lady Tremaine.

Mélangez tout ça et vous aurez quoi ?

La jeune Ella est la fille d’un riche marchand et d’une mère (trop) aimante. Alors qu’elle n’est encore qu’une enfant, celle-ci tombe gravement malade et lui transmet avant de mourir deux valeurs qui la guideront tout au long de sa vie : “Le courage et la bonté”. Plusieurs années plus tard, lorsque son père, pour qui elle voue un amour sans limites, se remarie avec Lady Tremaine, Ella accueille sa belle-mère et ses deux nouvelles sœurs à bras ouverts et apprend à aimer cette nouvelle famille peu sympathique. Mais quand son père meurt à son tour lors d’un voyage d’affaires, c’est un véritable calvaire qui commence pour Ella, rebaptisée Cendrillon par ses sœurs. Réduite à l’état de simple servante dans sa propre maison, la pauvre blondinette trouve refuge auprès de ses amies les souris qui vivent avec elle dans le grenier, mais sa vie prend un nouveau tournant le jour où elle rencontre dans la forêt le fameux prince charmant. La suite vous la connaissez : Bibidibobidibou.

Il était une fois… une famille qui fait jamais caca

Quand Kenneth Branagh pose une situation initiale où tout est parfait, il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Tout est tellement beau et tellement propre, que l’on est très vite écœuré. Le jardin fait trois fois la superficie de l’Afrique, la maison est tellement grande et riche que ça sent la fraude fiscale à plein nez, et l’équipe de domestiques est euphorique à la limite de l’overdose de MDMA. On se surprend même à souhaiter au bout d’une demi-heure de film, l’arrivée de la méchante marâtre et de ses vilaines filles le plus vite possible pour réveiller un peu ce monde trop parfait où même le cul des poules nous chient des fraises Tagada. Et on peut dire qu’à ce niveau-là, Kenneth Branagh ne nous déçoit pas, car dés lors que Lady Tremaine entre en scène incarnée par la belle Cate Blanchett, on est (enfin) conquis. Un véritable personnage Hitchcockien qui allie avec effroi diable et beauté.

Le diable s’habille en Prada

Le point fort du film est d’avoir redonné un nom à la marâtre de Cendrillon. Lady Tremaine est, dans cette version du conte, une femme ambitieuse en quête de statut social, et qui n’a d’autre choix pour y accéder, que de se marier ou de faire marier ses filles. On n’ira pas jusqu’à dire que Cendrillon est un film féministe, mais Lady Tremaine nous parait au final bien plus méritante que la pauvre Cendrillon dont on se désintéresse complètement. Le jeu de Cate Blanchett est certes parfois un peu trop exagéré (dans le style agent Smith dans Matrix Revolutions), mais une véritable histoire se dessine en filigrane et donne un peu de relief au film. On ne peut malheureusement pas en dire autant de la pauvre Cendrillon interprétée par Lily James.

Trop bonne, ça ne s’écrit pas avec un “C”

La Cendrillon choisie par Kenneth Branagh ne convainc malheureusement pas. Aussi expressive qu’une égérie de produit vaisselle, Lily James, est certes très jolie, mais elle ne parvient pas à attiser la compassion du spectateur qui après une heure de film arrive à cette conclusion : “Cendrillon, elle est gentille mais elle est conne”. Le personnage aurait mérité un dépoussiérage complet afin de remettre au goût du jour une héroïne vieillotte dont on regrette le manque de force de caractère. Difficile dès lors pour le spectateur de s’identifier à une Cendrillon, érigée en victime à la limite du martyr, et dont le stoïcisme et le manque d’initiative ne trouvent aucune justification dans l’histoire. On passera d’ailleurs complètement à côté de la rencontre avec le Prince Charmant qui cultive avec Cendrillon le même goût pour l’inodore et la banalité. On retiendra tout juste de lui que c’est Robb Stark de Game Of Thrones, avec plus de produits capillaires.

Au bout du conte, Cendrillon parviendra sans soucis à séduire nos chères têtes blondes avec une histoire simple, des images captivantes, et un happy end sans surprises, mais il en faudra peut-être un peu plus pour maintenir les adultes éveillés.

A propos Nathanael Sakai 13 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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