Casse-noisette : la magie de Noël aux accents russo-belges

Musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski
Chorégraphie de Mikhail Venshchikov
Décors de Tatiana Koroleva

Classique de Noël par excellence, le ballet Casse-Noisette est proposé cette année par la compagnie du Saint Michel Arts Center de Saint-Pétersbourg avec la participation des élèves du Conservatoire de la danse de Bruxelles. L’occasion de retrouver la musique de Tchaïkovski avec une mise en scène fidèle aux premières représentations données au Théâtre Mariinsky en 1892. Rencontre avec Jean-Pol Dimmers, Directeur du Conservatoire de la danse de Bruxelles.

Quelle est l’histoire de Casse-Noisette ?

Il s’agit d’une adaptation d’un conte d’Hoffmann, Casse-Noisette et le Roi des souris. Une petite fille reçoit pour le réveillon de Noël la visite de son oncle préféré qui est assez fantasque et un peu magicien. Il lui offre un « casse-noisette », un de ces petits soldats en bois qu’on appelle plus souvent Nutcracker. Une série d’aventures commence alors pour la petite fille qui voit les jouets prendre vie autour d’elle, se transformer… C’est aussi une fable sur le passage à l’âge adulte, l’importance de l’imaginaire, du rêve… Et surtout, c’est l’un des ballets les plus connus au monde et un incontournable de la période des fêtes.

La version proposée au Palais des Beaux-Arts se veut fidèle à l’originale ?

Casse-Noisette a été joué la première fois au Théâtre Mariinsky à Saint-Pétersbourg. Tchaïkovski compose toute la partition et c’est Marius Petipa et son assistant Ivanov qui créent les chorégraphies. Pour la version proposée cette année au Palais des Beaux-arts, nous recevons le chorégraphe Mikhail Venshchikov et des danseurs de la compagnie du Saint Michel Arts Center qui viennent justement de Saint-Pétersbourg et qui continuent de faire vivre la grande tradition du ballet russe. Nous avons également la chance de compter sur scène des danseurs et danseuses étoiles issus du Mariinsky et du Bolchoï. Pour le Conservatoire, c’est Menia Martinez qui assure la direction des élèves.

Comment s’est établie cette connexion entre Bruxelles et Saint-Pétersbourg ?

De manière assez naturelle. Mikhail Venshchikov et la troupe Arts-Michel sont venus l’an dernier à Bruxelles proposer un gala, un grand medley des ballets les plus célèbres du répertoire classique si vous voulez, comme Shéhérazade, Don Quichotte, Gisèle, Le Lac des Cygnes… Cette année, ils reviennent pour monter pour la première fois un ballet en entier. Casse-Noisette fait intervenir sur scène beaucoup de danseurs et de nombreux enfants. 25 jeunes élèves du Conservatoire participent au spectacle. Mikhail Venshchikov et les danseurs russes qui l’accompagnent se produisant partout dans le monde, il aurait été impossible de se déplacer avec 25 enfants. Ils recrutent donc des danseurs en fonction des spectacles et de l’endroit où ils se trouvent. Comme il fallait des danseuses et des danseurs classiques de haut niveau, formés à l’école russe Vaganova, qui est l’une de nos spécialités au Conservatoire de la danse de Bruxelles, la connexion s’est très vite établie. Et puis, il y a également des liens forts entre la Belgique et la Russie pour ce qui est de l’histoire de la danse classique.

D’où vient cette proximité entre la Russie et la Belgique ?

Marius Petipa, qui a collaboré avec Tchaïkovski en créant notamment les chorégraphies de La Belle au bois dormant, de Casse-noisette ou du Lac des Cygnes, des masterpieces intemporelles de la danse, est d’origine française, mais c’est à Bruxelles qu’il a grandi et qu’il est monté sur scène comme danseur pour la première fois. Son père, Jean-Antoine Petipa, était maître de ballet au Théâtre de la Monnaie. D’ailleurs, le Conservatoire de danse de Bruxelles, qui a eu une histoire mouvementée, entre fermeture et réouverture, a été dirigé par Jean-Antoine Petipa. Mikhail Venshchikov veut redynamiser cette entente culturelle entre la nation belge et la nation russe. Pour nous, c’est un enjeu très important. C’est assez triste, mais aujourd’hui Bruxelles n’a aucune école de danse officielle. Avec le Conservatoire, nous travaillons sans véritable reconnaissance ou soutien institutionnel pour maintenir la danse classique et la danse contemporaine dans notre capitale. Pour offrir aux enfants la possibilité de pouvoir faire ce rêve, de pouvoir eux-aussi apprendre à danser.

Le Conservatoire s’inscrit dans la préservation de ce patrimoine ?

On danse aujourd’hui Le Lac des Cygnes comme à sa création et on le dansera encore dans 100 ans. Pour la musique, il y a les partitions, mais pour les chorégraphies, c’est une transmission directe de maître à élève. Du bouche à oreille, si vous voulez. Mais c’est surtout en pratiquant, en observant, en corrigeant chaque mouvement, que l’on parvient à transmettre une chorégraphie et surtout une manière de la danser. Des danseuses étoiles comme Yvette Chauviré expliquaient encore à plus de 90 ans comment danser Le Lac des Cygnes. Il faut se rendre compte de toute la fragilité de ce patrimoine. Au Conservatoire, nous voulons faire vivre et transmettre cette tradition. D’où l’idée aussi de programmer un grand divertissement classique, populaire et familial. Nous voulons ouvrir le monde de la danse classique et Casse-Noisette est parfait pour celles et ceux qui ne connaissent pas le ballet.

C’est une consécration pour les élèves du Conservatoire ?

Absolument, pour nos élèves, c’est un grand rendez-vous. L’apprentissage de la danse classique est très exigeant, nos élèves s’entraînent 10 fois par semaine en temps normal. Certains d’entre eux viennent de loin et le cadre scolaire en Belgique est assez rigide, cumuler école et danse de haut niveau est très difficile. Nous sommes particulièrement heureux que le public puisse découvrir les résultats de leurs efforts. Avec Casse-Noisette, les répétitions sont très intenses. C’est très exigeant comme organisation. Les costumes pour nos élèves sont faits sur-mesure en Russie, nous allons bientôt les recevoir. Tout sera prêt ! Participer à ce genre de grand projet est essentiel aussi pour faire connaître le Conservatoire. J’ai relancé le projet du Conservatoire il y a 4 ans et nous avons déjà gagné une certaine réputation à l’international.

Combien de représentations ?

Il y aura trois représentations, une le 28 et deux le 29. Nous avons en effet accepté une prolongation et programmé une représentation supplémentaire le 29 décembre à 14h00. Il reste encore quelques places et nous sommes heureux de rencontrer le public tout prochainement.

Des projets pour l’an prochain ?

Bien sûr, nous discutons déjà de ce que nous voudrions faire l’an prochain. Nous voulons faire de la visite de nos amis de Saint-Pétersbourg un rendez-vous récurrent et continuer de faire vivre tout ce patrimoine de la danse classique à Bruxelles. Nous avons à coeur de proposer d’année en année des projets encore plus ambitieux.

Pour réserver : https://www.bozar.be/fr/activities/133560-casse-noisette
Le site du Conservatoire de la danse de Bruxelles : https://www.conservatoiredeladanse.com/le-conservatoire.html

A propos Alexis Hotton 23 Articles
Journaliste du Suricate Magazine