Casanova ma fuite des Plombs au Public

De Serge de Poucques, mise en scène de Michel Kacenelenbogen, avec Michelangelo Marchese, Jean-Michel Balthazar, Toussaint Colombani, Sandrine Laroche, Mathilde Rault, François Sikivie, Sarah Woestyn

Du 24 février au 4 avril 2015 à 20h30 au Théâtre Le Public

Inspiré de l’Histoire de ma vie que Casanova écrit à la fin de son existence et de ses dialogues philosophiques, Casanova ma fuite des Plombs commence au moment où celui-ci se fait enfermer dans la fameuse prison des Plombs à Venise. Il ne sait pas pourquoi il est là, ni combien de temps il va y rester. Il ne sera jamais interrogé ou jugé. Dans la solitude de sa cellule, il nous fait revivre le récit de ses conquêtes amoureuses, ses désirs et ses fantasmes, mais il réaffirme également sa philosophie : celle de la vie et de la liberté. Grâce à ce propos universel et atemporel qu’il a voulu transmettre à travers son parcours extraordinaire, son personnage n’a jamais cessé d’inspirer les différents artistes. Et il nous paraît encore très moderne de nos jours, car, comme le déclare l’auteur de la pièce, Serge de Poucques, «on a besoin d’entendre ce message de liberté aujourd’hui ».

Derrière sa passion pour les femmes, sa lutte contre l’Inquisition et son emprisonnement se cachent bien des sujets actuels tels que l’égalité des sexes, la liberté de confession, la liberté de l’expression ou la censure.

Casanova méprisait les interdits. La mise en scène de Michel Kacenelenbogen est donc audacieuse, sans tabous. Les comédiens se mettent souvent à nu, non seulement physiquement, mais aussi en ce qui concerne leurs fantasmes les plus intimes. Et cela implique tant les actrices que l’acteur principal, car il serait inimaginable de montrer la femme dans une position de soumission dans une pièce qui traite de Casanova. L’auteur le souligne : « C’est un anti-Don Juan, auquel on le compare parfois, parce que Casanova c’est quelqu’un qui partage le plaisir, tandis que Don Juan, le personnage de fiction, est plutôt quelqu’un qui est dans la cruauté du combat amoureux ». Cependant, il ne l’enferme pas dans son côté érotique car il était libertin « à la fois dans la chair et aussi dans l’esprit ». Nous sommes invités à explorer, à vivre pleinement notre vie, à cultiver notre intellect, et surtout à devenir le maître de nous-même.

Un scénario centré sur un seul personnage, inspiré d’un texte écrit il y a plus de 200 ans, comprenant beaucoup de monologues pourrait vite tomber dans quelque chose de très lourd, mais grâce à l’agilité de Serge de Poucques le texte reste moderne, léger et drôle jusqu’à la fin.

Ce n’est pas un portrait facile à dresser ni pour l’écrivain, ni pour l’acteur car le protagoniste est complexe et subtil. Cependant, Michelangelo Marchese le fait très bien, entouré de comédiens talentueux dont la collaboration contribue au succès de la production.

Le seul bémol est la longueur de certaines parties qui pourraient être un peu raccourcies voire retirées pour éviter une impression de répétition chez les spectateurs. Casanova ma fuite des Plombs reste néanmoins une œuvre qui non seulement divertit, mais qui pousse également à la réflexion et à l’action.

Retrouvez l’interview avec Serge de Poucques ici.

A propos Joanna Loga-Sowinska 14 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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