Captain Marvel, entre deux Avengers… petit flashback !

Captain Marvel
d’Anna Boden et Ryan Fleck
Action, fantastique
Avec Brie Larson, Samuel L. Jackson, Jude Law, Ben Mendelsohn, Annette Bening
Sorti le 6 mars 2019

Situé dans les années 90, ce nouvel opus du MCU (Marvel Cinematic Universe) relate comment Carol Danvers, alias Vers, alias Captain Marvel, est devenue une super-héroïne après avoir été au centre de l’affrontement sur Terre entre deux races extra-terrestres, les Skrull et les Kree. Le film arrive à un moment décisif puisqu’il a la particularité de se situer – tout comme le récent Ant-Man et la guêpe – en plein « cliffhanger » entre deux Avengers. Et, sachant que le personnage de Captain Marvel est censé jouer un rôle décisif dans le prochain Avengers : Endgame, l’on ne peut que se demander si le présent film n’arrive pas un peu trop tard, comme si les producteurs de cette machinerie infernale qu’est désormais le MCU avaient oublié de nous présenter un personnage en cours de route et raccrochaient les wagons en catastrophe.

En cela, Captain Marvel a presque des allures de préquelle, puisqu’il se déroule bien avant tous les autres films et qu’il se termine par une séquence générique faisant un grand bon dans le temps afin de se replacer à la suite d’Avengers : Infinity War. Cette danse des films et des époques est particulièrement tortueuse et difficile à suivre pour un spectateur lambda. Pourtant Captain Marvel reste un film à part entière, un divertissement de plutôt bonne facture avec un début et une fin, qui peut tout à fait être vu et – plus ou moins – compris en dehors de tout le contexte tarabiscoté dans lequel il se situe.

Ce n’était néanmoins pas gagné au vu de la première demi-heure du film, légèrement indigeste, qui charrie une esthétique et un lexique de science-fiction « pulp » digne de vieux Star Trek. Le film ne démarre réellement que lors de l’arrivée sur Terre de Carol Danvers et surtout de son incursion dans une décennie surtout présente à travers des références pop-culturelles citées par le film. Parmi celles-ci, beaucoup de musique et quelques films. Et si c’est par cet ancrage opportun – si ce n’est opportuniste – dans les « nineties » que Captain Marvel parvient à gagner quelques points de sympathie, c’est aussi par sa manière d’y débarquer et de prendre cet environnement de haut qu’il déçoit, voire qu’il agace.

Cette mauvaise impression se cristallise dans une scène du film, celle de l’atterrissage, précisément. Carol Danvers s’écrase littéralement dans une vidéothèque (un Blockbuster Video), un endroit qui n’existe maintenant pratiquement plus. Les films dont on voit les affiches dans les rayons sont très représentatifs de ce que fut le cinéma de divertissement dans les années 90, portés notamment par des acteurs tels qu’Arnold Schwarzenegger ou encore Sean Connery. Se croyant menacé par une arme, Carol Danvers tire alors sur un présentoir publicitaire pour le film True Lies de James Cameron et fait voler en éclats la tête de Schwarzenegger. Cette manière de vouloir à tout prix « surpasser » le cinéma d’action d’une époque, voire d’asseoir sa supériorité sur celui-ci en le détruisant, est particulièrement maladroit et, pour le coup, assez antipathique.