Brosella 2015 : Compte rendu du dimanche consacré au Jazz

La journée Jazz commence par le concert de JM Jazz World Orchestra qui regroupe des jeunes du monde entier. Pas moins de 15 nations (d’où le « World » dans le nom du band) sont représentées : Russie, Corée, Slovénie, Hongrie, France, Italie, Norvège, Allemagne, USA, Autriche, Israël etc. Le JM Jazz World Orchestra est une initiative belge qui regroupe des jeunes talents à travers le monde pour leur donner leur chance. Le plus jeune musicien qui joue de la guitare électrique, vient à peine de fêter ses 16 ans. Le chef d’orchestre, qui joue aussi du trombone, est super pour mettre l’ambiance, il appelle tour à tour chaque musicien pour nous les présenter et ils se distinguent dans un solo. Ce fut un superbe coup d’envoi pour cette deuxième et dernière journée de festival.

Le second concert a lieu sur le Palm Hop Select Stage et c’est Antoine Pierre Urbex, batteur et gagnant du prestigieux prix Toots Tillemans l’année dernière qui est mis en vedette Il était parti à New York pour parfaire sa formation musicale pendant un an et le voici de retour avec une maturité impressionnante pour son âge. Ses compositions ont une vibration douce et mélodieuse et les musiciens sont heureux de jouer ensemble, ça se voit et ça se sent.  C’est à ce moment-là que la pluie s’est invitée mais elle n’effraye personne. De toute façon d’ici un siècle, tous les belges naîtront les pieds palmés.

Ensuite retour sur le Theater Stage pour découvrir Guillaume Perret et The Electric Epic, groupe qui se compose d’un batteur, d’un bassiste et d’un guitariste. Guillaume Perret quant à lui joue du saxophone.  Il a créé un nouveau genre : le Jazz Métal. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça déménage ! Le concert commence d’abord tranquillement et puis d’un coup, c’est l’explosion. Guillaume Perret utilise son saxophone branché sur une pédale de distorsion comme s’il s’agissait d’une guitare électrique et il nous le prouve par son extrême maîtrise de l’instrument. Un mélange inhabituel mais qui fonctionne à merveille.

Avec les tympans en sang, on se dirige à nouveau vers le Palm Hop Select Stage pour une carte blanche dédiée à Dries Labeye qui a créé Kan-Kan exprès pour l’occasion. C’est un jazz plus expérimental mais plein d’énergie qui laisse beaucoup de place à l’improvisation.

Ensuite retour encore une fois sur le Theater Stage pour le cinquième concert de la journée avec Ulf Wakenius Quartet dont le guitariste est unanimement reconnus grâce à son travail avec Youn Sun Nah et qui a passé 10 ans à jouer dans le Oscar Peterson Quartet. Il travailla de plus avec des légendes du Jazz tel que Herbie Hancock et Joe Henderson pour ne citer que les plus connus. Il nous offre avec son quartet un Jazz pourvu de très jolies mélodies bien construites qui font un peu penser au Paris des années 50-60. Le seul petit bémol pour nous, le son de la guitare électrique était un peu trop fort et noyait par moments les autres instruments. Maintenant c’était peut-être voulu.

On passe ensuite à un concert endiablé emmené par Juan Garcia- Herreros et « Snow Owl ». C’est un Jazz fusion issu de plusieurs mouvances différentes. Mélanges de chanson folk écossaise avec du jazz latino, mélange de musique traditionnelle brésilienne et de Jazz, etc. Les gens adorent, dansent, crient, applaudissent à tout rompre et même la pluie ne vient en rien ternir l’ambiance survoltée qui règne sur le site. Juan Garcia Herreros est un dieu de la guitare. Il joue sur une guitare-contrebasse à 6 cordes qui a été spécialement créée pour lui. Rien d’étonnant ensuite d’apprendre qu’il a joué pour Elton John et Christina Aguillera parce que le niveau est bien là. Doué d’un charisme incroyable et montrant sa technique irréprochable dans un solo impressionnant, c’était un concert génial peut-être le meilleur de la journée.

Enfin, le festival se termine en beauté avec un concert beaucoup plus funky : Frank Deruytter’s OTO-Machine. Ce multi-instrumentaliste belge nous ravi les oreilles avec 15 musiciens ressortissant du Jazz et de la pop belge. On en redemande encore !

Conclusion pour ce festival ? Une première journée qui regroupe du folk pas toujours très…folk parfois et une journée Jazz à la programmation plus cohérente. C’est donc une belle réussite dans l’ensemble. Festival familial, tout est prévu pour que toute la famille s’y amuse : village pour enfants avec grimages, activités, workshop et même un « village » pour bébé. Bar avec des boissons allant du jus d’orange pressé à la bière pour des prix raisonnables, et cuisine du monde ou frites belges pour les petits ou grands creux. Le festival s’est déroulé sur deux scènes, il fallait à chaque fois changer de scène par concert. Comme les deux scènes ne sont pas très éloignées l’une de l’autre, le trajet est vite fait et dans la programmation 10 à 15 minutes sont prévues entre les différents concerts.

Les mauvaises langues diront que c’est une facilité pour aller au bar à chaque fois mais il est en effet plus facile pour les équipes logistiques d’installer le matériel du prochain concert sur scène pendant qu’un autre a lieu. Ce qui est dommage par contre, c’est que le festival n’a pas beaucoup de visibilité : il y  très peu ou pas d’indications et à l’entrée des panneaux annoncent le festival mais sont d’une taille assez réduite. On nous rétorquera que pour un festival qui a 39 ans, il est suffisamment connu pour justifier le peu de communication et au vu de l’affluence on comprend aisément pourquoi. Mais la plupart des curieux n’en avaient jamais entendu parler.

Pour un festival qui prône la presque gratuité, qui est monté sans beaucoup de fonds, et qui aimerait être connu davantage surtout au vu des artistes de renom qu’il accueille, il aurait mérité un peu plus de publicité. Cependant, c’est une belle réussite et on attend l’année prochaine avec impatience !

A propos Daphné Troniseck 254 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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