Le Brio, les beaux discours

Le Brio

d’Yvan Attal

Comédie

Avec Daniel Auteuil, Camélia Jordana, Yasin Houicha, Nozha Khouadra, Nicolas Vaude

Sorti le 22 novembre 2017

Depuis son précédent film, Ils sont partout, qui traitait à travers une série de sketchs mis bout à bout de l’antisémitisme, Yvan Attal semble s’être fait un cheval de bataille d’aborder des sujets en relation avec l’expression d’un certain racisme ordinaire, qui gangrène les différentes couches de la société. Dans Le Brio, c’est dans les murs d’une université parisienne, Assas, qu’il place son action pour débusquer ce racisme parfois déguisé en cynisme – ou ce cynisme teinté de racisme.

Le film démarre par une scène inaugurale, lors de laquelle le personnage principal, Neïla Salah (Camélia Jordana), débarque avec plusieurs minutes de retard dans un amphithéâtre bondé et se fait alpaguer et humilier publiquement par le professeur, lequel utilise des raccourcis xénophobes pour pointer le retard et l’attitude de la jeune femme, qu’il juge désinvolte. Filmé par plusieurs téléphones portables et dénoncé à sa hiérarchie par une grande partie des élèves présents, le professeur Pierre Mazard (Daniel Auteuil) est contraint par le directeur de l’école de se racheter une conduite en « faisant la paix » avec Neïla Salah et en la préparant au concours d’éloquence à laquelle Assas participe tous les ans.

Si la première scène – malgré un côté théâtral un peu encombrant dû à la prestation cabotine de Daniel Auteuil et au manque de répondant et de tempérament d’actrice de Camélia Jordana –, jouant sur le malaise et la longueur, laisse présager d’un face à face musclé et sans trop de concessions entre le prof et l’élève, sur un fond politique, la suite cède malheureusement assez vite à un élan « feel good », faisant la part belle à la réconciliation. Tout fier du mariage qu’il orchestre entre la carpe et le lapin – d’une manière, soit dit en passant, tout à fait routinière – le film se contente d’accoucher d’un énième film d’enseignement édifiant, doublé d’un faux « buddy movie », comme si Le Cercle des poètes disparus rencontrait Le Nouveau stagiaire de Nancy Meyers.

Accumulant au final un maximum de clichés sur ce qu’il est censé dénoncer – les « bons gars » des cités ne savent pas parler français ; les hautes écoles élitaires sont des repaires de fascistes ; les profs racistes sont tout de même des gens épatants dont il faut briser la carapace ; etc. –, Le Brio finit par jouer contre le discours qu’il prétend défendre. Un comble pour un film traitant justement de l’éloquence et des techniques d’argumentations !

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