Blue Note, les dernières heures de la prohibition

scénario: Mathieu Mariolle
dessin: Mikaël Bourgouin
éditions: Dargaud
sortie: 21 octobre 2016
genre: Franco-belge

New York. Quelques jours avant la fin de la prohibition. Nous plongeons au coeur de deux histoires parallèles : celles d’un boxeur et d’un jazzman sous l’emprise de la pègre locale.

Jack Doyle a quitté New York pour la rase campagne. Il survit en participant à quelques matchs de boxe dans des étables où il se couche volontiers pour quelques dollars. Jamais il ne pensait retourner à New York, corrompue jusqu’à la moelle par la pègre. Mais c’est sans compter sur son ancien promoteur Théo Egan qui va le convaincre de retourner sur le ring pour affronter son dernier adversaire, qu’il avait vaincu lors d’un match probablement truqué. C’est le doute sur ce dernier combat qui va pousser Jack à rejoindre la grande ville. Au fil des derniers jours de la prohibition, il va se replonger dans un monde où la mafia est toute puissante, où l’alcool et les filles s’écoulent sur un bon air de jazz.

En parallèle, nous suivons l’ascension fulgurante d’un jazzman de génie Ray Jameson. RJ quitte sa campagne profonde pour New York où il veut jouer pour un public amateur de bonne musique. Il se retrouve au Dante’s Lodge, club célèbre appartenant au chef de la mafia locale. La prohibition profite autant aux mafieux qu’aux musiciens. En effet, les clubs sont plein à craquer et les musiciens grassement payés pour distraire le public en manque d’alcool. Dans cet univers rude, RJ va tenter de se faire une place et va vite devenir une star. Mais pour combien de temps ? La fin de la prohibition va-t-elle sonner l’arrêt de l’âge d’or du jazz ?

Blue Note est une vraie bande dessinée d’ambiance comme on en voit peu. Elle nous raconte l’histoire de deux hommes trop honnêtes dans un monde corrompu. New York est une ville meurtrie après la grande dépression et la prohibition a fait la richesse de la pègre locale. Mais qu’adviendra-t-il après ? C’est sur cette question que tout le scénario de Mathieu Mariolle repose. Grâce à un rythme effréné et un suspens haletant, nous ne pouvons pas nous détacher des perpétuelles jeux de pouvoirs que nous conte Blue Note.

Le dessin de Mikaël Bourgouin est tout simplement époustouflant. C’est un véritable uppercut visuel. Il est nerveux et dynamique. Les personnages sont atypiques. Le travail de documentation et la mise en couleur tantôt marron, tantôt bleutée, nous plonge directement dans les années trente. On a vraiment l’impression de regarder un vieux film.

En conclusion, Blue Note vaut vraiment le détour. C’est un ouvrage réussi tout autant sur le fond que sur la forme. Une bande dessinée comme on en voit peu.