Blaze, un biopic plein de sensibilité

Blaze
d’Ethan Hawke
Biopic, Drame
Avec Ben Dickey, Charlie Sexton, Kris Kristofferson
Sorti le 6 mars 2019

« I don’t want to be a star… I want to be a legend. ». Un biopic sur Blaze Foley, chanteur et compositeur de country, né Michael David Fuller, rempli d’authenticité, de sincérité, d’humanité, aux dialogues travaillés, dont se dégage le calme et la sensibilité d’un artiste pourtant en déroute.

Déchiré entre son côté sauvage, anticonformiste, et sa volonté de faire connaître sa musique, tantôt isolé en pleine nature, loin des codes, tantôt enfermé entre quatre murs pour composer et brûler la chandelle par les deux bouts, Blaze a marqué la musique texane en participant au mouvement dit « outlaw country ». Ce film retrace aussi et surtout sa relation avec Sybil Rosen, marquante dans sa vie privée tout comme pour son parcours artistique. Ils forment un couple unique, loin des clichés du film romantique. Leur bulle de bonheur ne survit malheureusement pas longtemps, tant la poursuite irrésistible de leurs objectifs respectifs les sépare peu à peu (tiens tiens, comme un air de La La Land…). La nostalgie prend alors une place importante dans la personnalité du chanteur, jusqu’à une fin dramatique mais somme toute plutôt prévisible.

Ce film laisse malheureusement peu de suspens concernant l’avenir du couple, malgré une vie marquée par les incertitudes, les choix et les tournants. Dommage, tant ces deux personnages sont attachants. La prestation de Ben Dickey est remarquable, il se fond parfaitement dans ce portrait classique d’un artiste avec ses défauts et ses qualités, avec ses deux facettes : l’une calme et douce, l’autre emportée et passionnée. Un homme imparfait mais humain, auquel tout spectateur peut s’identifier facilement. L’univers country et hippie nous emporte bien vite et jusqu’au bout, malgré un rythme de plus en plus lent et des révélations qui se font de plus en plus rares jusqu’à la fin.

Ce long-métrage donne bien à voir la complexité et la sensibilité de ses personnages, tout autant grâce au talent des acteurs qu’à celui de son réalisateur. Stephan Hawke, réalisateur mais également acteur, connu notamment pour son rôle dans la trilogie de Before Sunrise, propose des dialogues riches et inspirants dans un film à l’esthétique appréciable. Il laisse toutefois, dans ce film, pas mal de non-dits en ce qui concerne le passé de Blaze, avant sa rencontre avec Sybil. Un passé qui a pourtant forgé sa personnalité, d’après ce que laisse deviner ce film. Toutefois, les choix de narration rattrapent ce creux d’informations, avec une mise en parallèle de trois périodes temporelles et de deux narrateurs. L’image et le montage sont soignés, tandis que les chansons de Blaze Foley sont réparties tout au long du film.

Malgré une deuxième moitié de film moins prenante, ce long-métrage offre donc une ambiance pleine de charme et une histoire touchante, le tout porté par une belle réalisation. À découvrir, tant par ceux qui sont en recherche de sensibilité, de réflexions et de découverte, que par les amateurs de musique qui souhaitent en apprendre davantage sur cet artiste assez méconnu en dehors du Texas.

A propos Cynthia Prévot 17 Articles
Journaliste du Suricate Magazine