Blackrain, histoire d’un incroyable talent

Révélé aux yeux du grand public dans l’émission «La France a un incroyable talent», Blackrain sort à présent It Begins, leur troisième album. Ces Français nous prouvent ainsi que oui, le rock français et le glam ont un avenir. Nous avons posé quelques questions à MatH, le bassiste du groupe qui nous a parlé de ce nouveau disque et de leur aventure avec enthousiasme.

Votre prestation à La France a un incroyable talent a été fort remarquée et vous a donné l’occasion de vous présenter au grand public. Comment avez-vous vécu cette expérience ?

En ce qui concerne l’équipe de production de l’émission, ce fut à l’opposé de ce que nous avions imaginé. C’était génial !

Ce que nous avons vécu a été très enrichissant, nous avons encore « gran- di » et découvert beaucoup de choses, ainsi sans aucun doute ça restera une de nos meilleures expériences, cerise sur le gâteau, elle est allée au-delà de notre espérance.

Même si c’était notre vœu, nous ne nous attendions pas à ce qu’autant de gens nous soutiennent et nous emmènent jusqu’en finale. Nous avons compris que le public français pouvait porter un groupe de rock made in France.

Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

Une exposition inespérée avant la sortie de notre nouvel album et indirectement cela a confirmé la signature avec THE major company (Columbia / Sony)

Votre nouveau disque, It Begins est déjà votre troisième album. Voyez- vous celui-ci comme l’aboutissement de quelque chose ou plutôt comme le départ vers de nouveaux horizons ?

Les deux mon capitaine. Le titre It Begins a été fait assez rapidement et nous avons ressenti qu’il se passait quelque chose, l’album aurait pu aussi s’appeler This Is The End – It Begins. Cela marquait la fin d’un cycle, une première époque qu’on pourrait considérer comme la formation, à prendre au sens le plus large.

De savoir que l’un des plus grands producteurs de tous les temps acceptait de venir à Paris pour travailler avec des petits Franchouillards, dans nos esprits le rideau venait de tomber, nous nous dirigions déjà vers un futur prometteur.

Un de nos rêves s’est enfin réalisé, enregistrer dans un vrai studio et entendre avec minutie tout ce que nous avons vraiment donné, par le passé nous n’y sommes malheureusement pas vraiment parvenu. Ce qui ne change pas en revanche, c’est la rage de toujours faire mieux.

blackrain

Comment le décririez-vous ?

C’est 40 mn de musique Rock variée et directe, bâtie pour la scène et pour faire la fête.

C’est un album vrai, sans fioritures, il est riche en son et en qualité. Il y a une écriture incontestable, une vraie production. Tout a été méticuleusement pensé puis travaillé et enfin peaufiné. Que ce soit les arrangements ou le timing, rien n’a été laissé au hasard.

Comme ce fut le cas chez nos aînés, à notre tour, nous pouvons aussi dire que dans It Begins nous avons gravé dans la cire, le style «BlackRain». Bien sûr il y aura toujours des gens qui trouveront de la ressemblance. Si ce n’est du plagiat, que pouvons-nous répondre… Juste que sur terre, il y a des sosies qui n’ont aucun lien sanguin et pourtant ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau…

Est-il différent de ses prédécesseurs ?

Il est dans une continuité logique de ce que nous avons produit dans le passé. Peut-être avons-nous cette fois-ci plus porté attention à ce que les morceaux sonnent aussi bien sur disque qu’en live. Nous avons pu préparer et travailler cet album en amont.

C’est d’ailleurs peut-être la raison pour laquelle il a été enregistré bien plus vite que ses prédécesseurs et sans les « trucages » que permettent les home- studios actuels. Tout dans cet album provient d’un son analogique, les effets sont naturels contrairement aux 2 autres.

On a pu entendre quelques nouvelles chansons lors de votre passage en télé. Des morceaux qui envoient et qui touchent directement les fans de ce style. De quoi donner envie d’en écouter davantage. Où trouvez-vous votre inspiration ?

Dans la vie de tous les jours, ce qui se passe autour de nous, nos expériences, notre vécu. Il y a aussi notre entourage et notre environnement, nous subissons des influences qui viennent de toutes parts, qu’elles soient directes ou indirectes. Il y a ce que nous écoutons, ce que nous entendons, mais aussi ce que nous regardons et voyons. Pour ce qu’il en est de la captation de l’instant précis qui vous inspire, il y a une chose capitale, c’est l’état émotionnel dans lequel vous vous trouvez à ce moment- là.

Vous pouvez interpréter la même chose différemment selon votre humour du jour. Difficile de donner une réponse plus précise. En revanche nous pouvons dire que nous sommes guidés par l’unique envie d’écrire de bonnes chansons qui restent dans la tête des gens et au risque de paraître prétentieux, d’ajouter notre nom, avec la plus illustre des couleurs, parmi la magnifique liste de ceux qui ont écrit l’impérissable histoire du Rock.

Vous avez fait la connaissance de Jack Douglas pour cet album. Comment s’est passée cette rencontre ? En dehors du fait qu’il avait travaillé avec de grandes pointures du rock, pourquoi l’avoir choisi lui ?

C’est grâce à notre manager, il a fait connaissance de Jack Douglas au Midem 1987. Ils sont devenus amis très vite, ils ont rapidement collaboré sur plusieurs projets, pour aboutir quelques mois plus tard à un contrat de management.

Dès que nous avons commencé à travailler avec ce dernier, nous avons entendu parler de Jack et donc de John Lennon, Aerosmith, New York Dolls… dont il nous a abreuvés d’histoires.

Notre manager vient de la vieille école, je ne vais pas développer ici son CV. Il a sa façon de travailler à tout point de vue, c’est sa marque de fabrique, jusqu’à ce jour elle a fait ses preuves. Ainsi il est aussi complètement investi dans le projet musical.

C’est pendant la pré-production vers mars 2011, qu’il a commencé à faire allusion à Jack, il était convaincu qu’il était l’homme de la situation pour prendre les commandes de notre « opus ».

Bien entendu cela nous faisait rêver.

La reprise de contact avec Jack a eu lieu à mi-avril 2011, un mois plus tard les retrouvailles se faisaient au Festival de Cannes, SWAN faisait partie du voyage avec une démo de 5 titres dans les bagages. Convaincus par ce qu’il avait entendu, dès le lendemain Jack et notre manager montaient le projet.

Est-ce que cette collaboration vous a appris quelque chose sur la production?

Oui, par exemple les Américains sont beaucoup moins rigoureux que les Européens. Sinon rien de plus, tu bosses avec un «magicien» qui a un passé gros comme ça ! Tout ce qu’il fait, pour lui c’est naturel.

A chaque prise Jack manipule des engins, Bryan l’ingé aussi, sans oublier les assistants. A cela il faut ajouter les termes techniques, il faudrait presque un décodeur, c’est non seulement un vrai métier, mais il y a des codes, je pense que tu peux apprendre auprès d’un gars en devenir, mais auprès d’un «guru» nous manquons de quelques connaissances.

Et puis tout va très vite avec Jack, aussi bien dans le placement des micros que dans les prises de son. Il peut accepter une prise qu’on considère comme «imparfaite» parce que l’énergie est là. Il nous racontait que c’est d’ailleurs une blague chez les producteurs américains. A quoi reconnaît-on un producteur européen? Au fait qu’il se prend trop la tête (rires).

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Votre look rappelle celui des groupes comme Mötley Crüe. Pensez-vous que l’heure est venue pour le Glam Rock de faire son retour ?

C’est toujours flatteur d’être comparé à nos aînés. Pour autant, nous cherchons avant tout à développer notre propre style et cela va en effet jusque dans nos costumes de scène. Sans chercher à les copier, nous nous imprégnons de la démarche des artistes des années 70 et 80. Il s’agissait de constamment créer, évoluer autant dans la musique que dans tout ce qui peut s’y rapporter, l’aspect vestimentaire en fait partie.

On nous catégorise comme un groupe de glam, cela nous va, à l’étranger on dit de nous que nous sommes les plus représentatifs du revival Rock mélangeant les années 60/70 et 80, cela nous convient aussi. Pour notre part, nous avons la nette impression de tracer notre propre voie, d’écrire notre propre histoire.

Que pensez-vous de groupes comme Steel Panther qui font cela avec humour ?

Steel Panther est un groupe parodique très talentueux. Nous adorons l’humour, nous sommes très friands des bons humoristes. Vous en avez d’ailleurs une belle brochette en Belgique. Quand cela est lié à la musique, exécutée de surcroît de manière brillante, cela ne peut que nous plaire.

Vous avez fait la première partie de groupes prestigieux comme les Scorpions ou Alice Cooper. Que retenez-vous de ces expériences ?

Avant toute chose, il y a cette grosse machinerie qui est impressionnante, ensuite il y a la technique, par exemple quand nous avons joué à Marseille avec Alice Cooper, les techniciens du son nous ont mis la grosse claque, nous n’avons jamais eu un son comme ça sur scène, les retours étaient parfaitement réglés et à une vitesse incroyable.

Du coup depuis nous cherchons nous aussi à créer une équipe de super techniciens. Car bien entendu nous rêvons de fouler à nouveau ces scènes gigantesques mais cette fois en tête d’affiche (rire). Pour en revenir à notre rencontre avec Alice Cooper ce fut très fort, un grand bonhomme. Nous avions vraiment l’impression d’appartenir à ce monde dont il est l’une des principales figures.

Qu’elle est votre meilleure expérience en live ?

Chaque live est différent, chaque concert porte son moment de magie, il s’y passe à chaque fois quelque chose d’imprévu. Il n’y a pas UN meilleur moment. C’est une expérience unique. Un jour tu es touché par un fan qui pleure de joie, une autre fois tu vas te laisser porter par la foule qui scande le nom de ton groupe ou qui reprend ta chanson. C’est unique et nous avons la chance de vivre intensément ces moments d’exception.

Vous venez de signer récemment chez Sony. Que pensez-vous de ce désintérêt des majors pour le Rock français?

En tout cas cela ne nous concerne pas, la preuve! Je pense que ce n’est pas un jugement réaliste, que de dire ça. Pour notre part chez Sony, nous avons rencontré de vrais fans de Rock. Malheureusement nous vivons la plus grosse crise de l’industrie musicale, cela a amené une période très difficile enterme de prise de risque qui touche tous les secteurs.

En tout cas pour ceux qui en doutent, y a des passionnés de musique dans tous les labels, ils cherchent constamment «LEUR» perle rare et ça ce n’est pas rien.

Il peut y avoir des artistes à foison sans que pour cela se trouve l’ « OVNI » qui est recherché ou attendu par le ou les labels. Même si la musique est le premier argument, il faut aussi convaincre sur la solidité et la durée du projet. Ca a été le cas de BlackRain pour convaincre une major.

Quels sont vos projets ?

Sortie de l’album dans une partie de l’Europe en septembre. A court terme, partir en tournée courant octobre/novembre. Tout faire pour que dans 20 ans, nous soyons encore là, en étant devenus un groupe de légende.

Aurons-nous la chance de vous voir bientôt en Belgique ?

Nous avons hâte de venir vous voir. Nous n’avons jamais encore joué en Belgique alors que tout le monde nous dit que le public est formidable. Ne reste plus qu’une proposition sérieuse. Avis aux professionnels.

Avez-vous un message pour le public belge ?

Nous venons de la frontière suisse. Je crois que nous partageons une même passion pour le chocolat de qualité.

A propos Christophe Pauly 485 Articles
Journaliste et photographe du Suricate Magazine

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