[BIFFF 2018] Top, flop, notes d’Olivier Eggermont

Retrouvez en conclusion de cette édition du BIFFF ce qui a fait vibrer ou ce qui a agacé nos journalistes envoyés sur place. Des tops, des flops et des notes à gogo, c’est parti !

Le Top 5

How to talk to girls at parties : entre poésie punk, art nouveau et fistinière

Certainement un des films les plus marquant de cette édition du BIFFF. Ce How to Talk to Girls at Parties casse les codes du genre tout en multipliant les clins d’œil et références. Visuellement très réussi, le film qui met en scène une Nicole Kidman transfigurée emprunte un visuel qui rappelle le Rocky Horror Picture Show et David Bowie. Le tout dans une ambiance anarchiste anglaise qui fait directement penser à This Is England. Plus qu’une histoire d’amour banale, cet ovni complètement barré (des aliens habillés en telettubies qui fistent des gens ou mangent leurs enfants vous appelez ça comment ?) restera à coup sûr dans les mémoires.

Mon Mon Mon Monsters : Dark Side of The Moonsters

Des jeunes merdeux qui s’introduisent dans une maison de retraite la nuit pour voler les richesses d’un pauvre petit vieux, c’est mal. Mais pas de chance, le senior était aussi fauché qu’une lapin en plein vol. Pour se consoler, nos chenapans décident de ramener une sorte d’enfant vampire tout crasseux qui a tenté de les zigouiller. On ne va pas se mentir, c’est un sur un postulat très classique que partait ce Mon Mon Mon Monsters. Mais c’est par la suite que le film va devenir beaucoup plus intéressant. En effet, non content de séparer la petite suceuse de sang de sa sœur, les sadiques en herbe vont lui arracher les dents, la torturer et s’en servir comme punching ball. C’est sans compter sur la soeurette en rogne qui va mettre Taiwan à feu et à sang pour retrouver sa petit sœur. C’est beau la famille.

Balançant entre sadisme adolescent, inaction coupable et fantastique, le film de Giddens Ko est sûrement une des grosses claques de ce festival. Pour Del Toro, « le fantastique dans un film sert à interpréter les éléments réels mis en place autour de lui ». On est en plein dedans.

Tragedy Girls : Bonnie & Clyde version Spice Girls

 Une salle pleine à craquer, un pitch mêlant références multiples à des œuvres cultes, des scènes de mort aussi imaginatives que dans un « Destination Final ». Ce Tragedy Girls avait tout pour enflammer le BIFFF. Et il n’a pas manqué de le faire ! Le film voyage entre parodie de slasher et humour noir totalement assumé et au final, cela nous donne une œuvre totalement jouissive. Jeu d’acteur, rythme, scénario, humour, tout y est. Et ce même si les puristes (on les emmerde !) vous diront que c’est un peu convenu, que ça manque d’originalité, blah blah blah blah j’ai connu le BIFFF avant toi blah blah je sais mieux ce que c’est un bon film d’horreur blah blah blah je suis un connard de puriste blah blah.

Tigers are not afraid : Frosties, le tigre est en toi !

Dire que ce Tigers are not afraid était attendu est un euphémisme. Vu la salle aussi pleine que mon rédacteur en chef à un film de 00h30, il se posait déjà comme un candidat très sérieux aux prix. Et dire que le film a répondu aux attentes ne traduit pas non plus la qualité apportée par la réalisation d’Issa Lopez. Au milieu d’un Mexique en proie à la violence des narcotrafiquants, cette fable réunissant horreur du quotidien, éléments fantastiques et insouciance nous livre un portrait touchant et brillant d’une jeunesse perdue. Rien d’étonnant à ce que l’ami Del Toro ait mis ce film comme un de ses favoris de l’année.

Au final, ce Tigers are not Afraid sortira grand gagnant de ce BIFFF. Et c’est plus que mérité.

La Légende de Baahubali 2 : Une chanson ! Une chanson !

Alors non, nous n’avions pas vu Baahubali 1 avant de nous engager vers le Ciné 1 pour voir le second opus de la saga. Mais rassurez-vous, nul besoin de voir le premier épisode pour savourer sa suite. Le film de SS Rajamouli rassemble tout ce qu’on attend d’un film de Bollywood : des scènes d’action irréelles, des dialogues sortis de l’imagination d’un scénariste des années 80 sous acide et surtout des chansons, beaucoup de chansons !

Plus qu’un film, Baahubali 2 est une expérience taillée à merveille pour le BIFFF et son public. Au milieu d’une ambiance des grands soirs, l’Inde nous livre ce qu’elle a de mieux dans le kitsch fantasy. Et ça marche ! Message au programmateurs : si vous voulez remettre le couvert avec le 3, c’est quand vous voulez !

Le Flop 5

Flashburn : le Jason Bourne du pauvre

Pourquoi ? Pourquoi chaque année faut-il un film en mode « boucle infinie » sans aucun intérêt au BIFFF ? Pour faire briller les autres films en comparaison ? C’est fort possible. Car ce Flashburn agit bien comme faire-valoir pour tous ses petits camarades. Dès le départ, le film de Giorgio Serafini fleurait le réchauffé et la production à moitié finie et à moitié cohérente. Au final, on aurait bien du mal à trouver une moitié cohérente. Les plans inutiles s’enchaînent comme les infarctus chez un obèse, les personnages sont aussi développés qu’un burger de chez Macdonald et le suspense est inexistant. NEXT !

The Envelope : naufrage russe

Après avoir empoisonné un citoyen britannique et foutu le dawa en Syrie, les Russes viennent nous proposer The Envelope. Et autant vous le dire tout de suite, on ne sait pas quel est le plus grand crime entre le trois. Un scénario qui tient sur un timbre, une succession de plans sans aucun effort pour mettre quelque chose en place entre eux et un final aussi prévisible qu’un épisode de Walking Dead. Et comme dirait Javier de Koh Lanta, rire c’est rire mais prendre mon cul pour une tirelire, c’est pas rire.

Sunny :

Doit-on vraiment revenir sur Sunny ou la salle presqu’entièrement vide après la fin du film a-t-elle suffit ? Au final, le concept du film n’était pas dénué d’intérêt (dénonciation du culte morbide parfois rendu à des criminels et de l’hypermédiatisation) mais qu’est-ce que c’est mal traité. Près de deux heures de titubations et de tâtonnements pour finir sur un pseudo coup de théâtre digne d’un épisode des Experts.

Selfie From Hell: pire film, meilleure chronique

Sans conteste le pire film de ce BIFFF. Des effets spéciaux au scénario, tout paraît poussif dans ce Selfie From Hell. Pas étonnant, le film était un court métrage à la base, allongé pour pouvoir sortir dans les salles. Force est de constater que le film est beaucoup trop court pour pouvoir plaire (elle était gratuite). Selfie From Hell aura au moins eu le mérite d’inspirer vos humbles serviteurs du Suricate qui ont passé la séance à se faire des selfies pour traduire l’ennui qui se déroulait devant leurs yeux endormis.

Tag Along 2 : comme si le 1 n’avait pas suffit

Parfois, on aime se faire mal au BIFFF. Déjà il y a deux ans, on avait subi (c’est le mot) ce Tag Along, censé être le film le plus flippant de Taiwan. Et pour tout vous dire, on n’avait déjà rien compris à l’époque. Cette fois, il est de retour, pour vous jouer un mauvais tour. Et nous comme des cons ben on y est retourné aussi. Histoire de bien vérifier que la suite était aussi dénuée d’intérêt que le premier opus. Et de ce côté pas de soucis, on a été conforté dans nos certitudes.

Les notes des films vus !

Selfie from Hell : pire film du BIFFF mais meilleure chronique du festival.

Flashburn : mais ferme ta chemise merde !
Taste of life : un film qui goûte la vie à pleine bouche.
The Envelope : Prochaine fois t’auras qu’à utiliser la poste connard.
Tag Along 2 : En ayant vu le 1, il fallait avoir perdu un pari ou être con pour aller voir le 2. J’ai pas perdu de pari…
Sunny : Et si Bertrand Cantat était une adolescente japonaise…

Downrange : Aussi banal qu’une polémique sur les armes à feu aux États-Unis.
Corbin Nash : On pensait avoir vécu le pire du chasseur de vampire à moitié suceur de sang avec Blade 3…
Marjorie Prime : Bienvenue au festival de Cannes.

Man Divided : Consanguinité et voyage dans le temps. Le Charleroi du futur.
Vidar The Vampire : Quand un Jésus vampire transforme les gens grâce à une fellation. Pas très catholique tout ça.
Dead Ant : Spinal Tap avec des fourmis géantes. Je crois que tout est dit. Et sinon vous savez quel est le cri de la fourmi ? Elle crohonde. Parce que la fourmi crohonde.
The Lodgers : Jawad The Lodgers accueille tout le monde dans sa cave.
Trauma : on nous avait promis le nouveau Serbian Film, au final malgré deux scènes très très perturbantes, on en est loin. Heureusement.
El Habitante : Oh, une petite fille possédée par un démon. Original…
Veronica : Voire El Habitante.
Legend of the Naga Pearls : Melting pot de films dans l’Empire du Milieu.
Boar : SAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAGLIEEEEEEEEEEEEEEEEEER !!!!

I Kill Giants : Si Freud avait raison sur le refoulement durant l’enfance, j’en connais une qui va morfler à 40 piges !
Trench 11 : Un film parfois trop tranché.
Muse : oui oui on avait bien compris que sa copine qui se suicide au début c’était pas pour décorer.
La Femme la plus assassinée du monde : un titre aussi long que les dialogues du film.
Mercy Christmas : Quand ton boss est tyrannique, psychopathe et cannibale, tu sais que tu as le deuxième pire job au monde derrière responsable presse de Donald Trump.
House of the Disappeared : Retour vers le turfu coréen version Secret Story.
The Scythian : Messire! À quelle famille appartient cet écu ? Quand les Russes investissent dans l’aventure médiévale version quête vengeresse.
Who Killed Cock Robin ? : Mais qui donc a tué Cock Robin ? Même nous à la fin on n’est plus très sûr de le savoir.
Shock Wave : Boum, quand notre cœur fait boum !
Yurigokoro : Lettre d’une geisha psychopathe.
Victor Crowley : Et je pense. Que si la vie ne m’donne pas tout c’que j’lui demande. J’passerai par la violence. Qu’importent les crimes, morts, victimes innocentes. Dans la vie, chacun sa chance. Dans l’oubli, loin des bruits des gyrophares. Caméras de surveillance. Mon gun fait la surveillance. Tueurs, tueurs, tueurs.
Cannibals And Carpet Fitters : un film qui a clairement fumé la moquette.

Gintama : enfin une adaptation de manga qui nous réconcilie avec le genre depuis Dragon Ball et Attack on Titan
Jungle : Harry Potter se croit dans Into The Wild se perd dans la jungle en quête de sens à sa vie.
Belzebuth : Constantine version tacos.
Double Date : jouissif et risqué comme un date tinder qui se termine chez toi en bravant la rivière rouge.
Ruin Me : Aussi prévisible et sympathique qu’un coup dans une ex.
Terrified : Vous reprendrez bien quelques jumpscares en plus ?
Five Fingers For Marseilles : Tu reconnais bien là le style des Bad Boys de Marseilles.
Cold Skin : I am a legend of the Avatar’s Shape of Water
Errementari : Un conte qui colle aux Basques.
Game of Death : Ouais, la mort est ma raison de vivre. Mon vécu est ivre mort, rêvasse sur son sort. Toujours à penser qu’il sera libre. Mais la vraie prison s’trouve dehors, proche des coffres forts. Tueurs, tueurs, tueurs.
Framed : une dénonciation de l’hyperconnectivité aussi sombre qu’un album de Damso (Dems).
Gringo : un enlèvement bidon, des quiproquos à n’en plus finir, un criminel recherché et une bonne grosse fusillade de fin. Le Boulet au Mexique.
Memoir of a murderer : pas aussi bon que son homony coréen, le grand gagnant du prix thriller peut quand même compter sur plusieurs éléments intéressants malgré quelques longueurs évitables.

Ghostland : Mylène Farmer s’en prend plein la gueule sur fond de choc psychologique. Une belle réussite.
Killing Gods : Ivre, il menace de tuer toute l’humanité. Quand c’est ton voisin Norbert sous ectsa qui s’amuse avec ça, c’est inoffensif mais quand c’est Dieu, ça pue.
Charismata : Quand Julie Lescaut se goure de plateau et atterrit sur celui de Seven, ça va faire mal.
Party Hard, Die Young : Souviens toi l’Ibiza dernier.
Tragedy Girls : explosif et magnifiquement calibré. Au final, certainement le film le plus jouissif du BIFFF.
Tigers are not afraid : le grand gagnant du festival à juste titre. Le film montre à merveille la violence des cartels avec un mélange de fantastique et de violence quotidienne.
La Légende de Baahubali : MEILLEUR FILM DU BIFFF !!!
Snowflake : Méta-métarantino version Outre Rhin.

How to talk to girls at parties : une véritable pépite. Le fils illégitime de This is England et du Rocky Horror Picture Show.
Mon Mon Mon Monsters : Mais pourquoi sont-ils aussi méchants ? Eh ben parce que, foi de Guillermo Del Toro, parfois les vrais monstres ne sont pas ceux qu’on croit.

A propos Olivier Eggermont 117 Articles
Journaliste du Suricate Magazine