[BIFFF 2018 : Jour 2] Quelques bonnes surprises pour bien commencer !

Meta-manga sous cocaïne

Je l’avoue, j’avais perdu tout espoir de voir un jour une adaptation live d’un manga qui vaudrait le coup d’œil. Encore sous antidépresseur après le Dragon Ball de James Wong, c’est donc avec anxiété que je me rendais au BIFFF pour voir ce  Gintama. Encore une adaptation weirdo et grand-guignolesque d’un manga avec des maquillages et costumes dignes de la fête de fin d’année du Collège Saint-Pierre ? Eh bien non ! On s’est fendu la gueule, on a pris notre pied et on en redemande ! Parce que ce Gintama (ndlr : alors je fais l’expert mais je n’avais jamais entendu parler de ce manga) joue avec les codes du genre, n’hésite pas à briser le quatrième mur (et pas comme dans l’adaptation merdique de Attack on Titans) et use d’un humour corrosif et typique des mangas. Bref, une sorte de Deadpool sous LSD au Japon. Avec un très bon rythme au niveau des dialogues et de l’action, il garde le spectateur en haleine et arrive à nous réconcilier avec le genre. Vivement le 2 ! O.E.

Jungle, the lost city of zzzzzzzzzz

Pour la deuxième projection de la journée, direction la salle Ciné 2 et la jungle bolivienne avec l’un des films les plus attendus, Jungle de Greg McLean. Si ce nom ne vous dit pas grand-chose, c’est pourtant grâce à ce cinéaste et ses deux  Wolf Creek que le BIFFF peut s’enorgueillir de faire salle comble un mercredi à 16h30 ! Ajoutez à cela un rôle principal tenu par Daniel Radcliffe, ce bel et grand adonis d’1m65, et vous obtenez une assistance trépidant d’impatience.

Jungle, c’est l’histoire vraie de Yossi Ghinsberg. Enfin du moins, c’est ce qu’on a cru comprendre au début du film, car la véracité de ce récit est à mettre directement en parallèle avec celle des propos tenus par mon voisin Norbert sur son prétendu gangbang avec Adriana Karembeu et quelques extra-terrestres. Mais soit. L’histoire démarre donc en Bolivie où Yossi, interprété par le charismatique Harry Radcliffe, rencontre une fille qui lui fait naître des papillons dans le slibard. Il est amoureux et décide dès lors de ne plus jamais revoir la bougresse, lui préférant un duo masculin composé de Kevin l’effronté et Marcus la fiotte. En mal de papillons dans le falzar, Yossi rencontre alors Karl Ruchprecter, lui est juif et Karl est autrichien, ce qui nous fait dire que l’entente ne sera pas toujours cordiale, d’autant que Karl est interprété par Thomas Kretschmann connu pour ses rôles de SS comme ceux d’Hermann Fegelein (La Chute), Adolf Eichmann (Eichmann), Otto Ernst-Remer (Walkyrie) ou encore le Baron von Stucker dans Captain America. Bref, le mystérieux Indiana Jones du Tyrol propose à Yossi de partir dans la jungle hostile à la recherche d’une tribu isolée potentiellement hostile elle aussi. Ce à quoi Yossi répond : « Ok Grand Schtroumpf ! ».

Le paragraphe qui précède comporte à peu près 80% du scénario et des dialogues de ce survival psychologique. De fait, la suite de l’histoire, vous la connaissez tous. Karl fait son kapo, Kevin fait sa crise d’ado, Marcus fait le boulet et Yossi se perd tout seul dans les bois. S’ensuit un walking movie de bonne facture qui, cependant, ne révolutionnera pas le genre du survival et se situera à mille lieues de The Lost City of Z. Mais bon, on a kiffé et c’est bien là l’essentiel ! M.M.

Les Bidochons et la fin du monde

Après un passage remarqué des deux réalisateurs (qui va qui va là, Inspecteur Gadget, etc.) et des problèmes au niveau des micros, le ton est directement lancé grâce à un court-métrage présenté en exclu : RIP, réalisés par les mêmes protagonistes (Albert Pinto et Caye Casas) et qui servira aussi à nous habituer à la gigantesque présence d’Itziar Castro. Un bijou d’humour noir où la femme et la mère d’un homme, qui se réveille avant son enterrement, tente de le tuer pour ne pas perdre la face et devoir annuler la cérémonie. Un court-métrage avant le film, c’est parfois le meilleur moyen de nous mettre en jambes, mais parfois le court risque d’être meilleur que le long. C’est un peu des deux avec  Killing God. Une famille décide de fêter la Saint-Sylvestre dans une location isolée et après de multiples engueulades, ils découvrent un clodo dans leurs chiottes qui se prétend être Dieu, que demain il va zigouiller la race humaine et qu’ils peuvent choisir deux survivants. C’est à ce moment qu’il faut penser à l’avenir du genre humain mais c’est sans compter sur l’égoïsme de chacun, l’âge de certains et les tromperies des femmes qui en ont marre de leurs mecs machos. Comme dans beaucoup de films espagnols, ça parle beaucoup et si les deux réalisateurs ne vont pas toujours au bout de leur concept, il faut avouer que le clodo nain est effrayant à souhait et que le rire est plus que présent durant tout le film. Une sympathique comédie noire comme les espagnols savent si bien faire. L.S.

Man Divided, rendez-nous Waterworld !

Au BIFFF, le film de 20h30, c’est un peu comme le pavé d’Affinois sur un plateau de fromages : c’est souvent le plus consistant, le plus attendu, le mets plein d’espérance, le bon bout de gras ! Pour Man Divided, des gens ont même été engagés pour nous dire, juste avant la projection, au fumoir : « C’est probablement le futur grand film ! » (dixit un journaliste dont nous tairons le nom par respect pour sa famille). Effectivement, le film parle bien de futur, mais qu’est-ce qu’on s’est fait chier !

Tout commence deux mille nonante cinq années après la naissance de Jésus Christ, soit en 2095. Fang Rung vit sur une terre recouverte d’eau salée et où l’eau claire n’existe quasi plus. Son double obtenu par fission moléculaire est envoyé en 2017 (où les gens ouvrent des coffres de voiture avec une clé !!!) afin de sauver les recherches d’une scientifique qui se trouve être l’arrière-grand-mère de sa fille avec qui, bien entendu, il va y avoir anguille sous roche, baleine sous gravier, murène sous patate,… Bref, il va choper la grand-mère de sa femme, ce qui va poser problème dans le futur.

N’y allons pas par quatre chemins, ce film est d’une lenteur atroce. Après le supplice de la planche, après le supplice de la roue, voici le supplice du film scandinave. Contrairement au débit de paroles ininterrompu des Espagnols de Killing God, nous avons eu droit à un jeu du silence danois. Dans Man Divided ou QEDA, les dialogues se comptent sur les doigts d’une main et les enjeux scénaristiques sont imbriqués les uns dans les autres, sans réelle logique. Et alors que nous nous apprêtions à nous trancher les veines avec le billet d’entrée, le fantôme de Kevin Costner en uniforme Turkish Airlines nous est apparu et nous a ouvert les yeux sur une chose : Waterworld est définitivement un grand film ! M.M.

Une histoire d’amour entre Staline et Blade Runner

Man with the Magic Box, une dystopie venue de Pologne, raconte la rencontre entre un homme et une femme en 2030 dans un régime totalitaire. Ce qui n’est pas déjà très bien vu. Mais en plus, le mec, il va écouter des radios qui l’envoient dans le passé, dans le communisme des années 50, passé qui l’envoie dans le futur. Si les efforts de Bodo Cox sont à souligner, le film est surtout un melting pot inconstant. D’un côté, tout va trop vite dans l’intrigue mais le film s’avère trop lent ; les effets spéciaux sont un peu foireux ; le kitsch cotoye de vraies trouvailles cinématographiques ; les acteurs peuvent être horripilants ; les plans et les idées sont piquées à tous les films du genre comme Blade Runner ou Men in Black (jusqu’à copier intégralement un plan à Fight Club) ; etc. Reste au milieu de tout ça, une jolie histoire d’amour entre les deux héros et le jeu impeccable de leurs interprètes. Ce n’est pas suffisant pour totalement supporter la première heure mais on est heureux de ne pas avoir quitté la salle au premier baillement car la dernière demi-heure justifie la présence du film au BIFFF. L.S.

Le retour raté de Kitamura

Downrange marque le retour aux États-Unis du réalisateur japonais Ryuhei Kitamura, à qui l’on doit notamment le sympathique et foutraque Versus. Après le très recommandable Midnight meat train, adapté de Clive Barker, le metteur en scène s’était quelque peu égaré avec No one lives, qui malgré quelques jolies saillies sanglantes se révélait nettement plus oubliable. Son nouvel effort parvient-il à relever le niveau ? Malheureusement non, bien au contraire. Articulé autour de jeunes pris au piège par un sniper au milieu d’une route déserte, le long-métrage se révèle rapidement décevant.

La faute incombe en grande partie à un scénario basique, voire poussif par moments, au sein duquel se débattent des personnages mal écrits et rarement malins. Il faut voir l’un d’entre eux se fabriquer un bouclier à l’aide du frêle couvercle d’une boîte à outil pour tenter d’arrêter des balles (qui au passage traversent des voitures au complet) pour se rendre compte du désastre. Gageons au passage que les acteurs qui incarnent cette joyeuse bande de sous-marques de MacGyver, pour la plupart tirés de l’anonymat par une directrice de casting en roue libre, finiront probablement par y retourner.

Néanmoins, il en faut plus pour décourager Ryuhei Kitamura, qui fait preuve d’une belle fougue dans sa réalisation. En effet, le metteur en scène ne lésine ni sur les plans inventifs sortis de nulle part (dont la magnifique vue subjective d’un boulon), ni sur le gore craspec, et ménage quelques scènes à l’efficacité redoutable. Mais si le mime le plus doué peut créer l’illusion d’une quelconque substance le temps d’un moment, au final, il ne reste quand même que le vide.

Il n’empêche, Downrange peut tout à fait se savourer au second degrés, comme peuvent en témoigner les spectateurs qui ont su applaudir la fin du film, au demeurant assez incroyable. Elle n’en est toutefois pas moins parfaitement cohérente avec tout ce qui a précédé et suffit à transformer le long-métrage en une blague trop longue mais quelque peu sympathique. G.L.

Entretien avec un Vidar

Une évidence : il n’y a qu’au BIFFF que l’on peut voir un Jésus alcoolique norvégien et à l’homosexualité refoulée. Pas si refoulée que ça en fait vu que c’est en mangeant le « corps du Christ » (if you know what I mean) que Vidar se change aussi en suceur de sang. Vidar, 33 ans, la même moustache que Roger, le pilier de ton bar du coin, et la confiance en soi d’une adolescente obèse dans un magasin de gâteau. Sorte de Entretien avec un vampire en low budget, ce Vidar le Vampire a au moins le mérite de nous faire rire via ses situations burlesques et ses dialogues tout droit sortis … mais sortis d’où en fait ? Bref, la première séance de minuit du BIFFF nous aura offert ce qu’on attendait : du gros what the fuck. Et maintenant, on attend déjà Dead Ant avec impatience. O.E.

Et aujourd’hui y a quoi ?

Dès 14h, en Ciné 2, une nouvelle comédie horrifique anglaise : Double date où quand un puceau rencontre deux jeunes femmes et que de chaque côté, chacun espère que ça va gicler. Ensuite, c’est les virus qu’il faudra affronter dans Flashburn à 16h30 et le cauchemar dans le cauchemar du cauchemar pour le coréen The Nightmare. Et la soirée se termine avec un Cube dystopique (White Chamber) et un vrai/faux escape room (Ruin me).

En Ciné 1, les japonais affrontent un blackout généralisé (Survival Family), une petite intellectuelle tête à claque affronte des géants (I Kill Giants) et un couple argentin se retrouve au milieu d’un quartier où le paranormal est à la mode (Terrified).

Jeudi soir, ce sera panique dans vos falzars.

 

Olivier Eggermont, Guillaume Limatola, Matthieu Matthys, Loïc Smars

A propos Loïc Smars 484 Articles
Fondateur et rédacteur en chef du Suricate Magazine