BIFFF 2015 : on commence en lenteur, on joue avec le temps et on dézingue du zombies par dizaines

Young Ones

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Bon thriller dystopique, Young Ones, écrit et réalisé par Jake Paltrow, n’est pas pour tout le monde. Divisé en trois chapitres, on change de point de vue entre les divers protagonistes pour chaque chapitre. Cette structure particulière domine la narration d’une histoire globalement simple , mais qui ne manque pas de rebondissements. On est dans un futur post-apocalyptique : la terre n’est plus qu’une boule de poussière battue par le soleil, l’eau est devenue la ressource la plus précieuse, l’humanité tente vaillamment de survivre dans cet univers hostile…

L’histoire se focalise sur un père de famille, son fils, sa fille et le copain de cette dernière. On commence par suivre les efforts du père (Michael Shannon, Man Of Steel), qui vaut nourrir sa famille et protéger sa fille d’un amoureux qu’il voit comme un jeune blanc bec pédophile (il a raison, elle est fort jeune, mais lui aussi). On enchaîne sur le-dit pédophile (Nicholas Hoult, Warm Bodies, X-men) et ses machinations perverses.

La critique principale du film est qu’il pourrait être plus rythmé. L’action se passe principalement dans le désert aride, donc attendez vous à des plans larges de beaux paysages oranges, un ciel bleu, et de la sueur sous les aisselles. Malgré cela, le film n’est jamais ennuyeux : si les scènes prennent le temps d’être posées, elles établissent une atmosphère qui colle parfaitement à l’univers, un sentiment de lutte destinée à l’échec, délayant une catastrophe inévitable.
Le casting parfait du film et les excellentes performances viennent agrémenter ce sombre tableau d’une note de chaleur, les acteurs parviennent à capturer la futilité de leurs efforts tout en démontrant un esprit d’entreprise, une volonté d’avancer qui renforce l’atmosphère.

L’arc principal du film est une tragédie assez classique mais la structure évoquée plus haut permet d’éviter le côté morose, et renvoie vers l’atmosphère unique du film. Le monde est rendu crédible par les personnages qui gardent leur logique interne et n’agissent jamais sans raison. On aurait aimé les voir transformés par leurs expériences, mais le choix de les laisser tels quels établit une fois de plus le côté immuable du monde.

Notons au passage que les robots (parfaitement rendus) sont très clairement inspiré des prototypes de Boston Dynamics (faites un tour sur Youtube, ça fait peur) ce qui rajoute une petite note de crédibilité de ce côté là. Young Ones est un excellent film d’ambiance qu’on aime ou qu’on aime pas, et c’est entièrement une question de ressenti.

The Infinite Man, est une réussite complète.

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En voyant le trailer on pense d’abord qu’un tel film ne pourrait pas tenir la longueur
et délivrer sur ses ambitions, et pourtant Hugh Sullivan, qui a écrit et réalisé fait l’impossible. Le film est taillé comme une biscotte. Une vraie dague.

On suit les déboires d’un brave type (Josh McConville) complètement névrosé, fou amoureux de sa madame (Hanah Marshall), dont les plans déjà foireux à la base, prennent un tour pour le pire avec l’arrivée de l’ex de madame (Alex Dimitriades).
Voilà l’entièreté du casting, toute l’action prenant place dans une sorte de camp de vacances abandonné, perdu au milieu de nulle part.

Le film ouvre sur le couple tout juste arrivé à leur hôtel pour y passer un petit week-end romantique et fêter l’anniversaire de madame. L’hôtel est abandonné. On découvre vite la personnalité de notre héros, qui a une approche d’ingénieur à l’amour : il commence par lire tout ce qu’il peut, puis sort une version bêta de son produit (un week-end par exemple), et enfin, il optimise. Puis vient la version 2.0 du week-end et ainsi de suite. Pas facile à vivre.

Son plan pour le weekend parfait part très vite en eau de boudin et culmine par sa séparation avec madame. Il passe l’année suivante à perfectionner une machine à voyager dans le temps pour tenter de récupérer la sauce. Bien entendu, il ne fait qu’empirer les choses et doit multiplier les voyages pour corriger les erreurs qui s’accumulent. On a déjà vu des films partant de la même idée générale, aucun n’arrive à la cheville de celui-ci.

Le ton du film est posé à la perfection, tous les éléments du film contribuant à renforcer cette impression. La photographie est magistrale, tout en plans de latéraux, à la mise en scène stylisée, aux angles révélant le personnage (pensez à Wes Anderson). Les acteurs et leurs performances sont exceptionnelles, particulièrement Josh McConville (le héros) qui passe avec aisance des scènes dramatiques aux scènes de comédie absurdes. Le rythme est tendu et joue avec l’intrigue pour accentuer l’état émotionnel du protagoniste.

On pourrait passer encore quelques heures à discuter sans fin des qualités de ce petit chef d’œuvre, notons juste que la salle 2 du BIFFF n’a jamais été aussi silencieuse.

Les zombies contre le réchauffement climatique

wyrmwood

Il y a des films parfaits et puis il y a des films parfaits pour le BIFFF. Et là, Wyrmwood : Road of the Dead en est la parfaite illustration. L’histoire prend place en Australie et dans le pays des kangourous, le moins que l’on puisse dire c’est que ça va être le bordel ! En effet, à partir du moment où des morts se relèvent pour tenter de vous mettre une branlée et vous suivent partout tels des témoins de Jéhovah, assoiffés de votre sang tel un BIFFFeur après un film d’auteur, ça fleure la journée de merde. Au milieu d’une ambiance très rock n’roll, ce Wyrmwood (non, on ne va pas donner le titre en entier à chaque fois), nous régale à coup d’hémoglobine et d’humour ravageur (le coup des zombies qui servent de carburant pour les voitures, il fallait le faire). Mais cette réalisation australienne a le bon goût de ne pas non plus tomber dans l’exagération pour son scénario et nous réserve tout de même des chouettes scènes d’action. Bref, on a passé un très bon moment devant ce film et on en redemande ! Petite faiblesse à noter tout de même, le film commence à s’essouffler après une heure et en devient donc moins intéressant à regarder, avant une scène finale qui vient tout de même nous redonner un petit coup sympa. Vous reprendrez bien un peu de cerveau ?

A propos Jan Kazimirowski 36 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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