BIFFF 2015 : la salle CINE 2 est une réussite (enfin quand le film est diffusé)

badabook

The Babadook, écrit et réalisé par l’Australienne Jennifer Kent est incontestablement un des films les plus effrayants qu’il vous sera donné de voir cette année. Généreusement primé par la critique, il remplit les attentes qu’on en avait, et il y en a un peu plus, je vous le mets quand même.

Le film centre sur la relation entre une veuve et son fils, relation rendue difficile par la mort du père de l’enfant, tragiquement décédé dans un accident de voiture. La situation est posée en trois scènes, le film enchaîne ensuite sur le personnage de Samuel, le fils, troublé par un profond manque affectif. Il se sent rejeté par une mère qui le voit comme responsable de la mort de son mari, et exclu par les autres enfants dont il est trop différent. Le tout est présenté en trois minutes.

 Si le film sonne un peu intello-chiant, il n’en est rien. La caractérisation est juste exceptionnelle, les deux protagonistes ne cessent d’évoluer au rythme des épreuves qu’ils affrontent, emmené par les performances phénoménales de Noah Wiseman et Essie Davis.

Les bons films d’horreur se servent de l’imagination de l’audience pour créer le monstre le plus infâme qui soit ; une présence est suggérée, une influence se manifeste, mais ce sont les réactions des protagonistes qui créent le malaise. Si les personnages sont bien ficelés, on partage leurs terreurs, s’ils croient au monstre nous aussi. 

Par contre, si les protagonistes sont des couillons, on prend un plaisir fou à voir ce qu’ils ont dans le ventre ; environ dix-sept mètres d’intestins.

Le Babadook fait très bien les choses : on reste en huit clos, au plus près des personnages qui voient leur filet de sécurité se déliter sous leurs yeux. Leur relation en prend un coup et la tension monte petit à petit. Le rythme est rapide sans se précipiter, emmené par des performances à la hauteur des ambitions de la réalisatrice.

 Si vous aimez rire du malheur des autres, vous n’êtes pas seul : passez donc au BIFFF, on rigole bien. Le Babadook est un peu trop bon pour ça, ce qui n’enlève rien au plaisir qu’on y prend. C’est juste un plaisir différent.

C’est simple, Le Babadook fait peur, pas sursauter.
 Faites-vous peur.

« Dealer », vous reprendrez bien un peu de speed ?

dealer

La petite chanson de Dan Bronchinson avant le film le laissait présager, ce Dealer allait être plutôt rock n’roll. Et pour ça, nous n’avons pas été déçu. Le film raconte justement le parcours chahuté de Dan dans une journée qui va changer sa vie. Il se retrouve embarqué (pas vraiment) malgré lui dans une belle merde et une histoire de coco disparue. Quand on vous dit que la schnouff est un fléau ! De la première à la dernière minute, le film se déroule sur un rythme d’épileptique sous speed et ne nous laisse pas le temps de souffler. Ce film français alterne les passages à la Requiem for a Dream et certains qui font penser à un film comme La Haine. Au départ, le langage des acteurs prête à sourire pour son décalage, parce que quand un mec de 45 ans parle comme un jeune, on a l’impression de voir Joey Starr rapper, mais on se prend vite au jeu. Les personnages, au départ un peu agaçants, développent même un côté attachant. Petit bémol, malgré une mise en scène menée sur un rythme effréné, certaines séquences trainent un peu en longueur et coupent le film. On remarque aussi – plutôt rapidement – que les personnages sont forts caricaturés. Dan, c’est la petite racaille qui a un peu plus dans le cerveau que certains de ses potes mais qui se retrouve dans des galères à cause d’une enfance difficile. Deno, il est méchant, très méchant. Mais pourquoi est-il si méchant ? Parce que. On retrouve aussi la copine droguée, cleptomane et un peu nympho sur les bords, la pute de première en fait.

Bref, vous l’aurez compris, Dealer ne casse pas de brique mais réussit quand même le pari de nous faire passer un bon moment, malgré son très petit budget et le temps très court sur lequel il a été filmé (12 jours !). I’m in love with the coco !

From the dark

from the dark

Si un jour quelqu’un vous dit «  tu entends Rémy respirer », ne tendez pas l’oreille. C’est un piège. Car une fois que vous y prêtez attention, c’est comme si toute votre vie prenait un autre sens. Donc, From The Dark.

Par rapport à Sitches, que votre serviteur avait vraiment apprécié, From the Dark fait pâle figure. Un scénario semblable à mille, des longueurs, et encore des longueurs, des dialogues moyens et une caméra qui tressaute plus que le public, tels sont les ingrédients de cette œuvre qui, sur papier, mettait l’eau à la bouche.

Bien sur, McMahon a ce talent indéniable de faire réagir le public du BIFFF et c’est tant mieux ! La séance s’est passée dans un fou rire général, interrompu de ci de là par quelques vannes excellentes (et d’autres moins bonnes mais soit). Les scènes s’éternisent, la tension ne monte absolument pas, seule la qualité des blagues, des bruitages et autres traditions du public BIFFFesques s’avèreront délectables. Une séance mémorable donc. Pas pour ce qui est passé à l’écran mais pour tout le reste.

The Editor, c’est normal si j’ai rien compris ?

the editor

Au BIFFF, on a les films qui sont gentiment pourris, merci au réalisateur de At the Devil’s door, ceux qui font se déchaîner le public, et puis on a ceux qui combinent les deux. Dans ce cas-ci, on ne sait pas toujours sur quel pied danser. Pour ce The Editor, on a l’impression de sortir d’un remake d’un Giallo par Alain Chabat, avec le budget de C’est arrivé près de chez vous,  les acteurs des Feux de l’amour et le quota de poitrines découvertes de Pornhub. Alors, entre les ronflements d’un journaliste à notre gauche et l’excitation, permanente malheureusement, de Rémy, on aura tout de même tenté de suivre toute l’intrigue, en vain. Il y a encore deux ou trois trucs qu’on a manqués dans ce film, mais on a le sentiment que ce n’est pas trop grave de toute façon. Le film suit les pas Rey Ciso, monteur pour un film à copulation intensive, qui doit faire face à une série de meurtres sur le tournage de son film et il est vite suspecté d’en être l’auteur.

The Editor a en tout cas le mérite de remettre la moustache au goût du jour et se pose comme un chouette petit ovni dont on se souviendra à coup sûr. Le  genre de film que  tu vas insister pour voir avec tes potes lorsque tu auras bu quelques verres de trop. Ne fais jamais ça, ils ne te parleront plus jamais.

Ps : si quelqu’un a compris la fin du film, qu’il se manifeste au plus vite.

Jan Kazimirovski, Roxane de Quirini et Olivier Eggermont

A propos Olivier Eggermont 117 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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