[Avignon OFF 2018] Manon Lepomme au Théâtre Le Paris

Mise en scène de Mathieu Debaty, écrit par Manon Lepomme et Marc Andreini, interprété par Manon Lepomme

Si Jacques Brel utilisait avec merveille les trois concepts de « La vie, l’amour et la mort », Manon Lepomme, quant à elle, s’en rapproche en parlant de l’amour, de la mort et de son régime, avec un merveilleux. Voilà, le fil conducteur de son spectacle : son régime. Bien entendu, en la voyant, on se dit qu’elle ne doit aucunement perdre des kilos. Mais sa diététicienne la guide pour maintenir son poids actuel. Et nous voilà embarqués dans ses péripéties quotidienne parlants de son compagnon, Benoît, de son ancienne vie de professeur d’anglais ou de ses craintes de finir Alzheimer comme ses grands-parents ou encore cet inconnu croisé dans le bus qui lui a dit « bonjour ». Mais quel « bonjour » !

Nous avions déjà rencontré le séduisant accent liégeois de Manon Lepomme, quatre ans auparavant, au festival d’Avignon, avec Je vous fais un dessin ?. Elle nous parlait essentiellement de sexe et de séduction. Quelle évolution, quelle avancée ! Nous l’avions déjà appréciée, nous finirons par l’adorer. A présent, elle est réellement dans son univers, la scène est son royaume et elle n’oublie aucun spectateur. Elle ne cesse d’interagir avec le public et ne se prive pas de le canarder de répliques cassantes et d’invectives gentillettes. Et lorsqu’on parle d’évolution considérable avec son co-auteur, Marc Andreini, il rétorque « Le précédent spectacle n’était pas de moi, donc je ne peux pas me prononcer. Par contre, lorsqu’elle a commencé avec ce texte-ci, elle était juste bien. Drôle, mais sans plus. Et en deux ans avec plus de 200 représentations, elle a réussi dernièrement à me faire exploser de rire alors que j’avais déjà vu le spectacle plusieurs fois et que j’ai écrit le texte. Elle est vraiment époustouflante ! ».

En effet, après deux ans avec Non, je n’irai pas chez le psy !, Manon nous prouve qu’elle est vraiment à l’aise et plus encore à la fin du festival d’Avignon où elle se permettait de beaux passages d’improvisations en connivence avec son public, qu’il soit de Belgique, de Suisse ou de France. Si elle se veut touchante, elle aborde également avec un bel humour noir les malheurs de la vie et principalement la mort. Elle adore pleurer sur la mort de son père. « Mais rassurez-vous, il n’est pas mort ! », elle prend juste beaucoup de plaisir à l’imaginer mourir. Pourquoi ? Parce qu’elle adore pleurer. Mais que dit-elle de son Benoît ou de son ancien métier de prof d’anglais ? Toujours avec ce verbe cassant et attendrissant à la fois, le tout recouvert d’une crème de liégeois qui fond dans l’oreille, elle décrit de simples faits de sa vie avec ce regard moqueur et personnel qui nous ravit tant. Mais à la fin, on se demande lequel on préfèrerait être. Son compagnon ou son élève ? Peut-être ni l’un, ni l’autre. Être son public est un statut plus plaisant, même si elle ne le loupe pas pour autant.

Dès la rentrée, elle sera tous les mardis et mercredis à 20h au Petit Palais des Glaces à Paris. Mais nous la retrouverons un peu partout en Belgique pour la saison 2018-2019, comme par exemple, à Huy, Liège, Rochefort, Chimay, Jodoigne, Auderghem ou encore Perwez et Mouscron. Toutes les informations se trouvent directement sur son site : www. manon-lepomme.be

A propos Christophe Mitrugno 62 Articles
Journaliste du Suricate Magazine