[Avignon OFF 2016] Don Quichotte d’après Cervantès, au Théâtre Pandora

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Mise en scène : Jean Pétrement avec Jean Pétrement, Alain Leclerc, Marie Broche, Maria Vendola, Yves Jeanbourquin, Slimane Yefsah, Jean-Philippe Robertella, Théo Bonaventure, Vladimir Lechevin, Lucile Pétrement

Du 7 au 30 juillet tous les jours à 18h15 au Théâtre Pandora au Festival OFF à Avignon

Avant de s’installer dans cette belle salle de théâtre, on nous informe qu’en plus de retrouver la magnifique œuvre de Miguel Cervantès (qui fête son 400ème anniversaire de décès cette année), il y aura comme fil conducteur à la pièce, le thème de l’inquisition. En effet, l’histoire est combinée à l’intolérance religieuse du XVIIème siècle. Ce mélange ne perturbe aucunement le récit. Celui-ci est simplement plus noir, plus violent même. Et quels meilleurs ennemis du clergé que les livres dont Don Quichotte nourrit son imagination ?

La pièce n’a pas encore commencé que les planches sont déjà animées. Le décor est planté par quelques éléments simples mais qui servent à ambiancer les lieux exposés. Ainsi dans un coin nous avons une taverne avec ses clients et son aubergiste, une servante et son linge et dans sa bibliothèque, Don Quichotte rêvasse encore à ses romans.

« Se retirer n’est pas fuir ! »

Pour ceux qui ignorent le récit d’origine, c’est un homme qui a passé plusieurs années le nez plongé dans ses livres pour échapper à la réalité qui l’entoure. Mais un jour, il décide d’affronter la vie. Il s’autoproclame Chevalier errant Don Quichotte de la Manche et, armé de son épée, s’en va pourfendre le mal et retrouver sa princesse idéalisée. Et dans son voyage, les religieux inquisiteurs le poursuivront. Hérétique qui bouleverse la noble foi en Dieu par des songes lyriques, Don Quichotte n’en a que faire du Seigneur, il est sa propre divinité et préfère largement combattre les moulins à vent, géants qui croisent son chemin.

« Que le papier parle et que la langue se taise. »

Qu’en est-il de l’adaptation ? Retrouve-t-on la folie de Don Quichotte ? Le fantasmagorique de sa lubie ? Fou, il l’est encore. Mais nous sommes face à un chevalier fatigué avant d’amorcer son périple. Où est l’énergie fabuleuse qui guide son épée vers des situations rocambolesques ? Il nous a semblé trop vite blasé, trop vite brisé dans ses délires. Peut-être est-ce parce que la pièce nous semblait trop courte, malgré son 1 heure 40 de spectacle ? Certains dialogues aux tirades interminables mais pourtant nécessaires nous prouvent que non.

Jean Petrement, qui joue Don Quichotte et qui est également le metteur en scène, avait la voix trop basse, bien que plaisante. Tendre l’oreille dès le début du spectacle n’est jamais agréable. Mais c’était sans compter sur Sancho Pança, son fidèle écuyer, joué par Alain Leclerc. Un timbre de voix à faire trembler une église. Et sa manière de conter nous pousse à le suivre durant toute la pièce. Il maintient notre attention et nous devenons son allié très rapidement.

Pendant ce temps, trois jeunes acteurs nous font une démonstration de combat d’épée très intéressante. Et plongés dans l’action, on essaye d’oublier le spectateur voisin disant: « Eh ?! Il a mis son épée sous son bras pour faire semblant de le tuer ! ». Quelques fois, il faut rappeler aux gens que c’est du théâtre. Un peu comme un retour à la réalité. Non les moulins à vent ne nous veulent pas de mal, c’est nous qui imaginons leur animosité.

En quelques mots, un texte magnifique. Une lumière, bien qu’obscure, très vive par l’ambiance qu’elle installe. Un jeu d’acteur très plaisant. Une mise en scène très intéressante qui permet des déplacements qui ne semblent jamais s’arrêter. Et une musique qui, combinée au tout, guide notre esprit dans la poésie et parfois la violence de certaines scènes.

A propos Christophe Mitrugno 62 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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