« Au Sevilla Bar », une tranche de vie saupoudrée de sensibilité et de malice

titre : Au Sevilla Bar
auteur : Alex Capus
édition : Actes Sud
collection : Lettres allemandes
sortie : 6 mars 2019
genre : roman

Un bar convivial tenu par un homme quelque peu banal mais sensible et attachant. Des amis et des clients tous plus singuliers les uns que les autres. Une épouse absente mais dont on ressent tout de même la présence au détour de chaque chapitre. Au Sevilla Bar contient tous les ingrédients d’une lecture simple et paisible, mais parfois proche de l’ennui.

Max, un écrivain reconverti en tenancier d’un petit bar rénové de sa ville natale, voit partir Tina, avec laquelle il est marié depuis vingt-cinq ans. Son épouse est invitée à donner cours pendant un an à Paris et ne pourra revenir que les week-ends. La Sorbonne, ça ne se refuse pas ! Max, bien que touché par cette absence, ne veut toutefois pas laisser ce départ affecter son quotidien.

« Je suis un Ulysse à l’envers. Je reste chez moi tandis que ma Pénélope s’en va de par le monde. »

Son bistrot convivial l’aide à penser à bien d’autres choses et à fréquenter autant d’amis que de clients, qu’ils soient anciens ou nouveaux. Très attaché à l’histoire de son quartier, son vieux bar et sa routine bien huilée, il décrit les petits éléments du quotidien auxquels les autres ne prêtent pas toujours attention.

Nostalgique et casanier, Max, père de deux enfants, est entouré de quelques autres personnages, tous colorés et bien distincts, que l’auteur nous fait découvrir page après page, en prenant le temps de détailler chaque physique, chaque personnalité, chaque petite action passée ou présente, avec le soin d’un observateur minutieux. Alex Capus décrit l’humanité de manière très sensible et malicieuse et nous emporte dans une fresque de morceaux de vie qui contient autant de tendresse que d’humour. Certains passages ne manquent pas de nous voler un sourire et de nous donner l’impression de connaître ces personnages depuis un petit bout de temps.

Le style est très fluide, presque trop simple dans certains chapitres. La narration est toutefois agréable à suivre, malgré l’absence de suspens et d’une véritable conclusion. Les différentes rencontres s’enchainent et s’il n’y a pas toujours de lien clair d’un chapitre à un autre, le fil rouge tient au narrateur, Max, et cela n’empêche pas d’apprécier chacune de ces tranches de vie indépendamment.

Avis aux plus impatients, ce roman ne vous mettra peut-être pas à l’abri de l’ennui… Il a cependant le mérite d’être attachant et diversifié, à l’image de ses personnages.

A propos Cynthia Prévot 17 Articles
Journaliste du Suricate Magazine