Arrow (Saison 6), la paresse du justicier

Arrow
(Saison 6)
d’Andrew Kreisberg
Drame, Fantastique, Action
Sorti le 28 novembre 2018 en DVD/Blu-Ray

Il y a sept ans déjà, la chaîne CW entamait une série consacrée à l’un des plus célèbres archers au monde, Green Arrow. À une époque où aucune production télévisée n’était dédiée à Batman, Superman ou Wonder Woman, ce choix avait de quoi surprendre, le héros de Star City ne semblant pas être une priorité en terme d’adaptation.

Dans la lignée de la trilogie Dark Knight de Christopher Nolan, Arrow intégrait réalisme et noirceur à son univers, n’hésitant pas à aller piocher chez Batman des antagonistes et des intrigues pour donner de la consistance à son propos. Ce procédé fit rarement l’unanimité, d’aucuns considérant que le résultat donnait alors naissance non pas à un show consacré à Green Arrow mais plutôt à un Batman du pauvre. Les critiques se firent notamment entendre lors de la troisième saison, lorsque le héros fut confronté à Ra’s al Ghul. Elles furent plus acerbes encore lorsque ce dernier proposa à Oliver Queen de le remplacer à la tête de la Ligue des Ombres, privilège jusqu’ici uniquement réservé au Chevalier Noir de Gotham.

Quoi qu’il en soit, malgré une difficulté à se trouver une identité propre, Arrow a donné naissance à un univers construit incluant quantité de héros, et entraîné la création de plusieurs spin-offs (The Flash, Legends of Tomorrow, Supergirl ou, dans une moindre mesure, Black Lightning). Plus encore, sept ans après son lancement, la série est toujours présente sur nos écrans. C’est dans ce contexte que sort aujourd’hui en dvd la sixième saison des aventures de Green Arrow !

Cette année encore, pour ne pas changer, Oliver Queen devra concilier sa vie publique et son activité de justicier, tout en protégeant les siens et en éloignant sa noirceur… Dans son combat, il affrontera plusieurs ennemis redoutables comme Cayden James, un pirate informatique décidé à amener le chaos à Star City ou encore Ricardo Diaz, un mafieux désireux de prendre le contrôle de la ville.

Six ans après son lancement, Arrow reste une série relativement efficace, et l’intrigue évolue peu à peu en embrassant certains éléments de la mythologie du personnage qui, depuis la fin de la saison 4, est enfin devenu maire de Star City.

Cependant, le plaisir que l’on a à retrouver Oliver Queen est alourdi par divers éléments indissociables de ce type de production. Avant tout, phénomène récurrent dans quantité de séries américaines, le choix visant à donner lieu à des saisons complètes casse souvent la dynamique, et l’intrigue centrale se retrouve ensevelie sous une quantité d’épisodes sans grand intérêt principalement destinés à justifier une saison de 23 épisodes. En résulte une histoire qui avance très lentement et stagne parfois de façon pénible.

À cela s’ajoutent des intrigues parfois très simplistes et une incapacité des scénaristes à se renouveler. À l’instar de The Flash qui opposait à Barry Allen un nouveau Speedster plus puissant dans chacune des trois premières saisons, Arrow peine cruellement de renouvellement : dans la saison 1, Malcolm Merlyn cherchait à détruire Star City au moyen d’une machine sismique ; dans la saison 2, Deathstroke cherchait à détruire Star City pour se venger d’Oliver ; dans la saison 3, Ra’s al Ghul cherchait à détruire Star City pour la vider de sa corruption ; dans la saison 4, Damian Darhk cherchait à prendre le contrôle de Star City et à la détruire grâce à des missiles ; dans la saison 5, Oliver combattait Prometheus, déterminé à détruire sa réputation par pur esprit de vengeance ; dans la saison 6, Green Arrow sera opposé à Cayden James cherchant à apporter le chaos à Star City et rapidement supplanté par Ricardo Diaz, désireux de prendre le contrôle de la ville…

Le tout est encore parasité par une incapacité pour Arrow à se débarrasser de certains éléments gênants, notamment Felicity (Emily Bett Rickards) qui alourdi encore trop souvent les épisodes de sa voix tremblante et de ses jérémiades à répétition ou encore Laurel (Katie Cassidy) supposée être morte à la fin de la saison 4 mais redevenue récurrente en personnifiant Black Siren grâce aux bienfaits du multivers. Ainsi, la série tourne en rond en ne parvenant pas à évincer certains protagonistes réellement lourds. Sans compter que la quantité de personnages présents pour aider Oliver dans sa croisade crée un paradoxe dans le récit en rendant caduque le côté solitaire du héros et en reléguant parfois celui-ci au second plan – ce qui est également le cas dans The Flash et Supergirl.

Enfin, le grand méchant de cette saison, Ricardo Diaz, ne représente en rien une menace. Pas spécialement brillant, ni même doté d’une force surnaturelle ou un tant soit peu formé aux sports de combat, il parviendra pourtant tout du long à mettre des bâtons dans les roues de nos héros grâce à diverses ficelles scénaristiques pas toujours subtiles. Dommage car Kirk Acevedo qui incarne celui-ci est un acteur réellement sympathique et capable de bien mieux. La même chose peut se dire pour Michael Emerson qui incarne Cayden James mais joue finalement un rôle tout à fait similaire à son rôle d’Harold dans Person of Interest. Cette sous-exploitation de comédiens pourtant aptes à offrir de belles performances amènera donc souvent le récit à s’enfermer dans une forme de paresse assez décevante.

Quoi qu’il en soit, cette saison 6 d’Arrow reste homogène par rapport au reste de la série et parvient également à redresser la barre après les catastrophes qu’étaient les saisons 3 et 4. S’il semblerait que le choix de la CW visant à créer un univers télévisuel ambitieux ait entraîné une forte baisse de qualité sur les scénarios de la plupart de ces productions, le plaisir de retrouver ces personnages reste bien présent année après année !