Annie de Will Gluck

annie affiche

Annie

de Will Gluck

Comédie musicale, Famille

Avec Quvenzhané Wallis, Jamie Foxx, Rose Byrne, Cameron Diaz, Bobby Cannavale

Sorti le 24 décembre 2014

Annie a été abandonnée par ses parents lorsqu’elle était bébé. Depuis lors, elle nourrit l’espoir de les retrouver. Un jour, alors qu’elle tente de secourir un chien de rue qui se fait pourchassé par des enfants, elle tombe en pleine rue et manque de se faire renverser. L’homme d’affaire Stacks, alors en pleine campagne électorale pour se faire élire maire de la ville, la sauve in extrémis. La scène a été filmée et fait le tour des médias à tel point, que Stacks se voit contraint d’héberger Annie chez lui le temps d’une semaine afin d’augmenter sa cote de popularité. Petit à petit, sans que Stacks ne s’y attende, entre lui et Annie se crée une amitié qui sera riche en surprises et aventures. Mais tout le monde ne sera pas d’avis que cela dure.

Le charmant univers d’Annie de 1982 est cette fois transplanté dans un New York ultra-moderne où tout semble électronisé, presque dirigé par la société téléphonique de Stacks. Annie, rousse et blanchâtre est troquée dans une version afro du personnage : Wallis Quvenzhané, qui avait été découverte par sa prestation éblouissante dans The Beast of the Southern Wild. Depuis, ses dents de lait sont tombées, elle a grandi, mais elle reste très attachante. Seulement, le sourire à chaque scène pour garder un optimisme inébranlable ne semble pas suffisant tant le scénario qui tend l’histoire est pauvre.

En effet, cette nouvelle adaptation d’Annie reprend à gros traits ce qui faisait le charme du film de 1982. Elle ne nous offre rien de nouveau, au contraire, on y perd. Annie qui était dans un orphelinat avec beaucoup d’autres enfants comme elle, se retrouve à cohabiter avec 5 autres enfants placés. Mademoiselle Haniggan, alcoolique, vicieuse et vilaine au départ devient une sorte de nounou dépressive interprétée par Cameron Diaz, qui essaye d’être dépravée, mais qui arrive surtout à être vulgaire dans le style de Mary à tout prix. Il y avait des choix certainement plus adéquats que Cameron Diaz dans ce rôle pour interpréter un personnage détestable. Et c’est l’autre bémol du film : la notion de méchant. Dans la première version, un méchant n’était pas juste méchant. Il avait une intériorité et des vices qui le rendaient détestable. Alors que dans la nouvelle version, tous les personnages sont niais et sont obnubilés par l’argent. Le bras droit de Stacks, le vrai méchant du film le dira même : “on peut tout faire pour de l’argent”, quitte à demander à deux pauvres inconnus de se prétendre être les parents d’Annie en la kidnappant afin de se débarrasser d’elle.

Les personnages sont superficiels et n’ont aucune profondeur. Stacks (Jamie Foxx) passe du profil de l’homme maniéré et distant à un personnage pris d’un sens inné de paternité, qui va découvrir en sa secrétaire, Grace (Rose Byrne), la femme et mère parfaite. Qui y croit ? On sait bien que les américains sont forts dans l’écriture pour caractériser leurs personnages, mais dans Annie c’est de l’ordre du trait forcé.

Le film s’emporte dans ces bons sentiments et ne peut que se terminer par un happy end. Dans Annie, le rêve américain est plus que jamais à l’ordre du jour.

Au final, quels sont les messages que ce film nous laisse ? Une idée d’un monde bipolaire. Les méchants sont sans humanité quitte à se débarrasser d’une enfant lorsque celle-ci a été assez utilisée par les médias pour vendre l’image de marque de son futur daddy d’adoption. Et les gentils, des personnages prêts à assumer leurs nouveaux rôles dans la famille moderne d’aujourd’hui.

Vraiment, on regrette l’ancienne version d’Annie tant l’adaptation joue dans le trop plein, en oubliant toute crédibilité dans l’art même de tisser un récit. Espérons que les enfants y trouvent leur compte. En tous cas, la musicalité du film plaira certainement. Et celle-ci n’est pas des moindres, car Annie est et restera avant tout une comédie musicale.

 

A propos Aurore Wouters 15 Articles
Journaliste du Suricate Magazine

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