Amanda, détresse et tendresse

Amanda
de Mikhaël Hers
Drame, Comédie
Avec Vincent Lacoste, Isaure Multrier, Stacy Martin
Sorti le 26 décembre 2018

Mikhaël Hers a réalisé un long-métrage au cœur de Paris, ville dans laquelle il avait déjà situé deux de ses précédents films, Memory Lane et Ce sentiment de l’été. Un Paris contemporain où les menaces laissent parfois place à des réalités inimaginables. Pourtant, le réalisateur a décidé de s’attaquer à ce nouveau Paris en intégrant l’espoir à son récit.

Le petit frère, David, est âgé de 24 ans et cumule différents jobs pour pouvoir vivre dans la capitale. La grande sœur, Sandrine, est enseignante et s’occupe seule de sa petite fille Amanda. Entre le frère et la sœur, une relation presque sans nuage se dessine. Ils font des projets ensemble, ils partagent leurs rencontres. Jusqu’à ce qu’un accident aussi horrible que brutal enlève Sandrine à son frère et à sa fille. David et Amanda vont devoir recomposer leur vie peu à peu et apprendre à cohabiter. Pour cette petite fille de sept ans, plus rien n’est simple.

Ce film s’attaque à la question du deuil en la plaçant au cœur du contexte des attentats. Une entreprise délicate, mais menée ici avec justesse. La reconstruction de cette famille ne se fait pas sans peine et prend du temps, c’est pourquoi le rythme de ce film est volontairement ralenti. Cette lenteur colle bien avec certaines scènes, moins avec d’autres, et la fin du récit semble arriver, paradoxalement, trop vite. Cet avancement particulier dans le fil de l’histoire est accompagné de dialogues qui vont droit au but, en disent peu et ne marquent pas, excepté l’échange de la dernière scène entre Amanda et David. Les silences ont cependant l’avantage ici de laisser deviner toutes les tensions entre les personnages, grâce au remarquable jeu d’acteur de Vincent Lacoste et la jeune Isaure Multrier. Cette dernière est tout simplement impressionnante pour son âge, tandis que Vincent Lacoste se moule très bien dans ce rôle, pourtant assez différent de ce qu’il a pu interpréter auparavant. Le reste du casting n’est toutefois pas aussi marquant.

À souligner, une bande-son très agréable qui permet de retrouver son calme, après des scènes parfois très poignantes. Le film est beau et émouvant, tout simplement. L’espoir et la tendresse viennent atténuer l’atmosphère sombre et lourde du début du film. La reconstruction est au cœur de ce récit, bien plus que le drame, même si l’absence et la tristesse ne disparaissent jamais complètement et permettent d’affirmer le réalisme de cette histoire.

Un film juste, émouvant et bien équilibré entre drame et espoir, même s’il souffre de quelques lenteurs et de dialogues plats.

A propos Cynthia Prévot 17 Articles
Journaliste du Suricate Magazine